16 septembre 2006

Pamirs

Khorog, Gorno-Badakhshan.

On appelle ca aussi "Pamirski territorje"...le toit du monde,ou de l Asie en tout cas.La plupart des villes et villages sont a plus de 2500-3000m.,et les montagnes(100% du territoire)montent au-dela des 7000.
On est cerne:A l'Est, les Kunlun Shan,qui ont des bons 7000 aussi.Au Sud-Est, l Himalaya -rien que ca, le Karakoram,et l Indu Raj.Au Sud et au Sud-Ouest, l Indu Kush qui souleve tout l'Afghanistan.A l Ouest,les montagnes Fan, au Nord les Monts Alai et les Tian Shan Kirghizes... Il vaut mieux aimer l altitude.

A Doushambe je me plaisais bien, entre mon bloc 102 chez mes potes Afghans, le bazar du bloc 82, mes amis suisses ou francais qui travaillent ici, ma copine, et le centre assez vivant comme au "bazar vert" ou les terasses ombragees de l avenue Roudaki.Apres six mois de tribulations dans des pays assez "sauvages", c etait la premiere ville qui a la fois etait digne de ce nom et a la fois etait sure.Ici pas de fusillade en plein jour, ni meme la nuit, pas de train attaque a la roquette, pas d ingenieurs etrangers assasines, pas d'Ong kidnappees... c est calme, et un peu de calme de temps en temps ca fait du bien.On y prend gout.

Il faut parfois des exceptions, ne serait-ce que pour confirmer des regles.Ainsi le 8 septembre j ai pris le самалёт... l'avion,quoi...pour un vol court mais assez inhabituel.De Doushambe, la capitale, a Khorog, le chef-lieu de l Oblast Autonome du Gorno-Badakhshan.(C est doublement redondant, puisque que gorno veut dire montagneux en russe, et shan montagne en chinois...mais on n a pas besoin de ca pour savoir que le Pamir est montagneux).
Quarante-cinq minutes, c est court, mais c est dense.Le coucou slalome litteralement entre les montagnes, qui sont de plus en plus hautes, en rase-motte au-dessus de sommets glaces, et un atterissage en pique en vis-a-vis d un mur de roche sur une piste calee dans la gorge du haut-Oxus.
Ici les montagnes ont quelques chose de plus, et vu d en haut c est a couper le souffle: Les traits ciseles des ruisseaux invisibles, la palette des beiges, des ocres, des sanguins, et l eclat de la glace, le velours dore de ces pentes trop humbles pour supporter des forets, et enfin les immenses rosettes fractales que taille l erosion.

Passer de Doushambe a Khorog, c est un peu comme passer de Syldavie en Bordurie!!!Il y a tres exactement cette ambiance des Balkans imaginaires de Tintin,et on ne placerait pas plus facilement sur une carte le Gorno-Badakhshan!

Ici on parle Shughnani, un patois tres archaiques du persan.Je n y comprend goutte.

Retour chez les Wakhi.

D ailleurs j ai file droit vers le Sud de la contree, pour retrouver des Wakhi.C est que la moitie du Wakhan inferieur est au Tadjikistan,coupe dans la longueur,la riviere faisant la frontiere.

A partir de la moitie de la portion tajike du Wakhan, je suis alle a pied, a cause du paysage grandiose et de l hospitalite qui permet ce denuement.Si on n y prend garde, on risque de passer plus de temps a manger pommes, confiture d abricot et potok epais trempe dans du the sale, que de marcher.Les Wakhi ne font pas de ronds de jambes comme les Iraniens, ils vous prennent par la pogne et et vous emmene chez eux:"Khosh amaded!".Et c est de bon coeur que j entre dans ces maisons ismaili aux cinq piliers et toit a quattres losanges superposes, parce que la nuit est fraiche et que le soleil du Wakhan tape comme un forcene.J ai des coups de soleil sur les mains, que j ai pourtant garde au fond de mes poches.

Tout le long du Wakhan, forteresses zoroastriennes ou meme stupas bouddhiques surplombent les mazar(tombeau sacres) ismaeliens decores de moult cranes de bouquetins et les immenses cornes de la chevres de Marco Polo.

Plaisir immense en tout cas que de ressortir les cliquettis de la langue wakhi,comme pour demander la source la plus proche:"Ypk k'k kumr tei?"

Mon horizon desormais c est les pamirs de l Est, hauts-plateaux des nomades Kirghizes.

A+

Adrien