12 novembre 2008

Restez branchés!


Ciao à tous!

Du 1er au 5 décembre, cinq reportages radio inédits que j'ai récoltés cet été sur les chemins de traverse du Japon seront diffusés sur la RSR-La 1ère.

Je vous guide, suivez-moi pour découvrir un Japon aussi insolite qu'exempt de clichés, de la culture branchée de Shibuya aux pélerins circombulateurs de l'île de Shikoku, du vieux pêcheur de crabe aux ex-salarymen de l'école des fermiers, en passant par un festival traditionnel au coeur de Tokyo!

Je vous invite à écouter mes carnets de route du lundi au vendredi de 14h à 15h dans l'émission "Un dromadaire sur l'épaule" de Radio Suisse Romande - La 1ère. Podcastable depuis le site de La 1ère.

Alors à tout bientôt!
Que votre ombre grandisse,
Adrien

2 novembre 2008

Ziarat

Frétillements d'impatience... Après-demain soir, nous allons enfin savoir! Plus que pour n'importe quelle élection américaine, la planète entière est en haleine. Quel que soit l'issue du scrutin, ce sera un séisme politique, un acte à la portée symbolique immense, et les premiers instants d'une ère aux contours encore flou. Seule la confiance avec laquelle le monde s'y engagera, sera différente suivant le nom du gagnant.

Bref, un évenement qui marque les consciences pour la décennie suivante.


Dans la vallée de Ziarat, en revanche, l'événement majeur des dix prochaines années est déjà arrivé, et ca n'est pas l'éléction US. La semaine dernière, un séisme a ravagé la seule vallée boisée du Baloutchistan.

6.5, c'est bien assez pour faire s'écrouler les maisons en pisé, 3000 environ, qui ont tué une bonne partie des 300 victimes.
Et dire que l'hiver commence à peine... La grande faucheuse va rôder longtemps. A 2000 mètres d'altitude, même la solidarité pashtoune ne suffit plus dans un coin du Pakistan qu'Islamabad pille, violente, ...et craint.



Si Ben Laden n'habite pas loin (c'est un secret de polichinelle), parmi les habitants de Ziarat je n'ai rencontré que paisibles fermiers et pâtres contemplatifs. Pas de traces d'extremisme, même si on ne badine pas avec la morale et la religion.

En mars 2006, encore un peu sonné par mon entrée dans le sous-continent, je décidai qu'il devait y avoir autre chose que des balles perdues ou des manifestations de talibans dans ce vaste "pays des purs". On ne devrait jamais juger le Baloutchistan à la seule aune de Quetta, Gaël!

Sortir de cette ville impalpable, fuyante, torve. S'envoyer dans la campagne, s'élever vers les montagnes, dans cette vallée des monts Suleiman, s'étourdir du parfum de la neige et de la résine de genièvre mêlées.
Je n'étais pas le premier à venir trouver un second souffle à Ziarat. Avant moi, les Anglais, qui en firent le Simla du Baloutchistan, toute proportion gardée. Et même Quaid-i-azam, le fondateur du Pakistan, visionnaire mais pas assez pour prévoir que sa grande oeuvre serait la cause d'un des plus grand massacre du vingtième siècle, qu'on appelle bien trop pudiquement,"la partition".

Mais je m'égare... Ziarat c'était surtout de longues marches dans la forêt de genevriers, des routes de terre qui s'envolaient dans une vapeur rouge, des apparitions souriantes et barbues.
Ce fut aussi ma première et surprenante expérience du pashtunwali, le code d'honneur de tous les Pashtuns, qui érige la droiture, l'hospitalité et la parole d'honneur en questions de vie ou de mort.

Je dormais dans une guesthouse rudimentaire ou la principale source de chaleur était moi-même, aidé il est vrai par quelques kilos de couvertures. J'avais négocié un prix comme je prévoyais dormir deux nuits. Mais le lendemain, je fis connaissance avec un villageois qui non seulement m'aida à retrouver mon chemin parmi les sentiers de montagne, mais aussi m'invita chez lui, un hôtel de toute grande classe qui appartenait à son clan(il y avait même une douche... enfin un baquet. D'eau froide bien sûr). Malheur! C'était comme si j'avais rendu cornuto le propriétaire de la première guesthouse: j'avais promis de dormir deux nuits! J'eu beau arguer de mon Suisse-wali, persuadé d'être juste, rien n'y faisait, et bientôt tout le village se perdait en palabre dans des cercles concentriques qui ne cessaient de grandir autour de nous. Refuser l'offre du second, que j'avais déjà acceptée, aurait été un affront.

L'ampleur que prenait cette histoire commençait à me faire peur et je me décidai à trancher le noeud gordien. Je payai la deuxième nuit que j'avais promise au type de la guesthouse, y récupérai mes affaires et les emmenai à l'"hôtel". Je ne regrettai pas, car être mehman, hôte invité, c'est un statut qui ne peut que donner envie de voyager sans limite.

Je pense fort à Ziarat, dont mes souvenirs sont brusquement devenus si différents de la réalité. Pourvu que l'hiver soit clément!

Que votre ombre grandisse.
Adrien