6 mai 2008

Où l'on reparle du barrage d'Ilisu


Il existe sur la Terre des endroits qui sont tellement chargés d'Histoire que les pierre des maisons sont des vestiges archéologiques, qu'un quart des civilisations de la planète y ont laissé leur empreinte, et que la même poussière aété foulée par des hommes des cavernes et par les habitants actuels.

L'un de ces endroits, c'est le village d'Hassankeyf au Sud-est de la Turquie. Lorsque j'y suis passé, en novembre 2005, c'était déjà un lieu condamné, promis à un gâchis certain. Voué à être sacrifié par les promoteurs et politiciens turcs sur l'autel du capitalisme aveugle.

Il s'agit de construction d'un énorme barrage sur le Tigre, un des deux grands fleuves (avec l'Euphrate) de la région. Avant tout pour déloger plusieurs dizaines de milliers de Kurdes en engloutissant leurs villages et les pousser à grossir les bidonvilles des villes de l'Est anatolien.

Ensuite pour capter l'eau des fleuve en amont de la frontière syrienne. Le Kurdistan est le château d'eau du Proche-Orient et la bataille pour le contrôle de l'eau a déjà commencé. Quant à la production d'éléctricité, est-ce vraiment une motivation suffisante pour un pays qui est déjà saturé de mega-barrages, notamment ceux sur l'Euphrate? Une chose est sûr: le projet n'est pas destiné à profiter aux populations locales.

Mais pourquoi parler de ce barrage, un parmi tant d'autres projets destructeurs sur la Terre? D'abord parce que ces sont des multinationales suisses, ainsi qu'autrichiennes et allemandes, qui vont realiser le projet. Et ensuite parce que celles-ci ainsi que la confédération se sont récemment dites outrés de la gestion par les autorités turques en matière d'expropriation des villageois, d'environnement et de présérvation du patrimoine culturel.


Si ces entreprises d'ordinaire assez peu regardante sur les droits de l'homme et sur l'environnement (Le barrage des Trois-gorge n'est qu'un parmi les nombreux projets dans lesquels nos ogres (multi)nationaux se sont deshonorés) s'inquiète aujourd'hui, c'est qu'elles ont fourni des garanties quant aux risques à l'exportation du projet. Autrement dit, elles pourraient faire les frais- au sens littéral-du désastre environmental et social causé par la construction du barrage.

Un rapport paru le mois dernier met en lumière des lacunes énormes dans les mesures "compensatoires" des dégats humains et naturels. La Turquie n'a pour ainsi pas encore fait un seul geste envers les populations, ni aucun effort pour s'ajuster aux normes requises par la Banque mondiale et les industries.

Selon le rapport, il faudrait repousser la construction de plusieurs années. Les centaines de villages promis à l'anéantissement, eux, espèrent son annulation pure et simple. Pour que ce fleuve qui a vu naître la civilisation continue à couler et à fertiliser la pensée des hommes.



Que votre ombre etcaetera
Adrien