14 mai 2007

Omatsuri







Hier matin ma copine m'a proposé d'aller a Kanda(centre-est de Tokyo) pour un omatsuri.Au Japon,chaque sanctuaire shinto organise a peu pres une fois par annee un "festival".Les habitants de chaque chome(quartier,pâté de maisons) entament une procession en costume, tirant ou portant des autels construits pour l'occasion et au bout de quelques heures convergent a l'un des grands sanctuaires de la ville.

Je me suis dit,"pourquoi pas",et a 9h30(du matin),nous arrivions a l'un des petits stands d'ou partirait une proccession.Je fis connaissance avec des amis de ma copine prenant part au festival.Dix minutes plus tard, nous nous etions nous aussi en costume d'omatsuri!Les idees encore dans le vague et le ventre presque vide,il me fallut un temps pour saisir que nous n'etions pas venu en simple spectateur(Elle,le savait bien).Ce qui rendait la chose beaucoup plus excitante.

Rejoignant le reste du chome,dans la rue ou les joueurs de percussion se syncronisaient sur leurs chariots,les "maitres" de quartier lancaient leur derniere harangue et les hommes en pagne buvaient deja,on me distilla quelques informations. ....

Le dai-ji de Kanda est comme son nom l'indique l'un plus grands sanctuaires de Tokyo.Son festival a lieu une fois tous les trois ans,remplissant tout une partie de Tokyo d'une foule effervescente.

D'abord tirant avec d'autres la longue corde d'un chariot(exercise peu fatiguant auquel des enfants participent souvent),je changeai bientot d'habit pour rejoindre le groupe des porteurs d'autel.C'est tres lourd et en plus il faut le faire balancer.Tout est une question de rythme:plier le genou tous en meme temps,faire les pas au meme moment,et caller sa respiration.Mais si on ne suit pas absolument le rythme,alors on se fait vraiment mal.





Les participants d'omatsuri de chaque sanctuaire crient des onomatopées differentes pour ponctuer le rythme.Pour nous,c'était "séyé" et les femmes marquaient le contretemps:"san".




Lors des "pauses", on fait balancer energiquement les autels de gauche a droite, afin que les kami (esprits) l'habitent completement et afin de montrer sa puissance.Dès qu'un des porteurs se retire, un autre le relaie immediatement.Moi on ne m'a pas beaucoup relayé, j'étais accroche a ma poutre comme un charancon!!Certains ont affirme que j'étais le porteur qui avais porte le plus longtemps de notre groupe.ma foi,a un juger par les boursouflures violacees sur mes epaules et les courbatures qui me tetanisent,je veux bien le croire!





All photos:copyright Adrien Golinelli


A trois heure de l'apres-midi environ, notre groupe arriva aux abords du sanctuaire.Le ballet des groupes de chaque quartier traversant le sanctuaire pour recueillir le maximum d'energie divine avait deja commence.Les ruelles comme les avenues étaient pleines de monde,taches mouvantes de violet,rouge,bleu,orange,brun,suivant la couleur du happi, la tunique qui est differente pour chaque quartier et porte l'ideogramme du chome.


Prenant des forces avant la dernière etape, on s'empiffre d'onigiri(grosses boulettes de riz) au saumon ou aux algues-sauce soya, arosant le tout d'une ou deux canettes d'Asahi, et on papote ou on va saluer deux rues plus loin un ami d'un autre groupe, dans la clameur suante, la chaleur cathartique qu'attise le soleil, les énérgies déchainées.



Enfin ce fut pour mon groupe le moment, apres un dernier ceremonial, on repris l'autel, concentra nos forces et mit la procession en branle.








Sous le torii, la foule exercait une pression telle que le risque de pietinement est reel.L'autel avancait et refluait, sujet aux courants.Il faut l'agiter le plus possible, et on se relaya plus souvent.Jamais je n'avais vu des Japonais ainsi:en transe,veritablement.Les cris tordent l'air, les respirations font trembler la terre,des regards se revulsent et la progression continue.


Cela dura un temps indeterminable tant c'etait intense.Enfin au centre,on deposa l'autel, pria et bientot,repartit.Le groupe suivant se frayait deja un chemin parmi la foule de participants et de spectateurs.

A bientot...

Adrien

11 mai 2007

Au sud du printemps

Ciao a tous...

Ici Tokyo.Sous les bourrasques,le soleil... ou les averses.Difficile a dire parfois si c'est l'hiver qui se rappelle a mon souvenir ou la mousson qui donne un avant-gout de ce qu'elle réserve.Pourtant il y a eu un printemps,furtif et délectable.J'ai tardé a vous le conter.

J'étais alors pour quelques jours dans le Kansai,région historique du japon s'il en est.A Kyoto,l'ancienne capitale,les sakura insufflaient un gout d'ether au travers des charpentes massives des temples.Fragiles pétales pastels coté du brun doré de futs patinés.Du hinoki de Nikko,du sugi de Mie...
A arpenter Gion,le quartier des geiko(geisha diriez-vous) parseme d'immenses pagodes et de temples bruts et raffines a la fois, on est transporte dans une autre epoque.Mais comme,disons Khiva,c'est surfait.Trop lisse pour etre vrai.J'exagère peut-etre car les japonais ont toujours eu(ou depuis quelques siècles au moins) une passion maniaque pour la perfection,pour le détail...Les batiments étaient surement pareils il y a un siecle.Seulement,les bruits d'appareils photo ont remplacé ceux des cloches des moines mendiants et les rabatteurs pour restaurants chics se sont subtitués aux vendeurs a la criée.
Kyoto n'en reste pas moins la ville la plus passionante du Japon,et le Kyomizu-dera sous une pluie de sakura,on s'en souvient toute sa vie!



Le meilleur de Kyoto est legerement excentré:le temple d'or(Kinkaku-ji),probablement le plus fameux du Japon,le palais imperial,mais aussi,encore plus eloigné,un peu oublié,sensiblement epargné par les hordes visiteuses,Fushimi.Un endroit unique.Placés comme des dominos a faire ecrouler d'une pichenette,des milliers de torii(bien solides eux) s'enroulent dans la montagne,long dragon rouge a traverser de part en part.



A Nara,plus au Sud,qui fut aussi capitale(au 8eme siecle),ambiance plus posee.C'est peut-etre la proximite de la montagne(ou la pluie,ce jour-la) qui attenue la frenesie touristique.J'ai trouve le tampon du temple todai-ji tellement beau que je l'ai plante dans mon passeport,entre visa afghan et japonais.On verra bien ce qu'ils disent a la douane... Dans la forêt primitive de la montagne, les chemins se croisent qui mènent a des sanctuaires ermites aux torii rouges laqués,parfois gardés par un gingko seculaire.

Yakushima


Un mythe.Tout au sud du Japon se trouve cette île semi-légendaire, champignon etrange s'elevant abruptement a 1935 metres au-dessus de la mer dans ses brumes eternelles.Climat tropical sur ses plages, neiges au sommet.Sommet pres duquel se trouve le plus vieux sugi(cryptomeria japonica) du Japon.Les autochtones pretendent que l'arbre dont la circonférence atteint 17 metres, a 7200 ans(2190 d'apres les carottages).Pour l'admirer en face, pas d'autres moyen que de grimper pendant six heures,en glissant souvent,en admirant toujours,la puissance des Kami-sama de cette foret-la.Du reste, de tout le Japon, les sakura que je préfère sont les grands cerisiers sauvages de Yaku!Là encore la floraison était au rendez-vous.
Si les retraités aventureux ne sont jamais tres loin sur le chemin de l'arbre géant, les animaux sauvages sont omniprésents.On dit dit de Yakushima qu'il y vit 30000 humains,30000 daims et 30000 singes!Mais aussi pleins de tortues sur les plages, des pintades sur les sommets, de grands rapaces, et des poissons en abondance grâce à la position unique de Yakushima, à la comissure des deux courants majeurs du Japon(celui dela mer du japon et celui de l'Ocean pacifique).

A Anbo, le village ou nous sejournions pendant les trois jours sur l'ile, il y a une cantine locale qui sert les meilleurs sashimi(poisson cru) avec lesquels mes papilles eurent jamais fait connaissance.Accueilli par les "Hoï!Irasshshoï!" des freres qui tiennent le restaurant, prototype des Japonais de la campagne(généreux, pas introvertis pour un sou,rieurs et se liant facilement d'amitié), on prit l'habitude de venir pour chaque souper, se regalant des sushi et sashimi des poissons pêchés le matin même.Poissons que j'eu l'occasion d'aller pecher avec eux, dont le fameux "ojisan"("pépé"), rouge a la chaire rosée, nommé ainsi a cause de ses moustaches.










On quitte Yakushima de preference en "toppi", des bateaux aeroglisseurs qui relient l'île a Kagoshima,tout au Sud de Kyushu.De la,train et Shinkansen en passant par Beppu,une ville d'onsen, perpetuellement dans la vapeur, fumeroles s'echappant des canalisations,des maisons,des "enfers" sacrés... Puis Hakata d'ou part l'immaculé Shinkansen pour Tokyo.



Nikko

C'est dans cette ecrin de nature du Nord-Kanto que Ieyasu Tokugawa, le premier shogun ayant réussi l'unification du Japon, décida la fondation d'un temple, aujourd'hui au lieu touristique et un des symboles nationaux, mais dont l'environnement ne reste pas moins tres sauvage et l'atmosphère du lieu intacte-les jours de faible affluence au moins-.

Au rouge pétant, aux épaisses tuiles noires luisantes et à la lourdeur des fioritures de Nikko, je préfère le gris clair, les discretes lignes noires, les contours blancs et les toits en paille pressée des temples oubliés des foules(je pense par exemple au Miyoji-ji de la peninsule de Kanazawa), mais j'avoue que Nikko a indubitablement un charme et une enérgie emminement positive.

Minna ki o tsukete kudasai
A+
Adrien