19 septembre 2008

Partager la saveur du voyage

Je me réjouis de tous vous (re)voir à cette occasion!

Pour le plan, cliquez ici!

Les places sont limitées, reservez-en en m'envoyant un email blanc à conference@treenations.org avec le nombre de personnes comme sujet.

























Que votre ombre grandisse,
Adrien

13 septembre 2008

marcher pour devenir meilleur

Je ne cesse de nourrir un sentiment de gratitude a l'egard des habitants de Shikoku. Je leur dois beaucoup plus que de belles rencontres, un voyage frugal et agreable, et la saveur retrouvee de l'odyssee eurasiatique.
Je leur dois cette fabuleuse densification de la vie. Cette sensation que chaque jour se suffit a lui-meme, plus encore, qu'il est une epopee a lui tout seul.

Finalement, c'est toujours en menant des voyages aux accents ascetiques que j'ai pu etre le plus hedoniste. A vivre chichement, a faire ces quelques privations de confort, sentiment de securite, planification, entre autres, on laisse une porte ouverte aux autres. On sollicite leur bonte et immanquablement on est etonne d'a quel point elle est profonde.


Je n'ai pas eu besoin de dormir dans une crique du cap Ashizuri. Une voiture m'a tres vite prise, et le chauffeur, de conducteur est devenu une personne avec un nom et une histoire, et de personne est devenu un ami. Uwajima, petite ville de l'ouest de Shikoku, c'est la province. La campagne, meme, comparee a Tokyo. Calme, bon marche, exposee au embruns. Mais pas morne pour un sou: Izakaya(restaurants ou on sert beaucoup de petits plats et pas mal d'alcool), snaku(bar,bar a hotesse et karaoke tout a la fois), ryokan(auberge traditionnel, dont les manieres et le style n'a presqu epas change depuis l'epoque d'Edo-il y a 3-4 siecles), le tout dans une ambiance autrement plus conviviale que dans les grandes villes. Bref, je me suis amuse!

Quelques jours apres le cap Ashizuri, j'etais a Matsuyama, de retour sur la cote de la mer interieure. La, j'ai decide de suivre pour de bon le chemin des pelerins. Si la plupart de ceux qui vont de temples en temples sur les pas de Kukai le font par bus en voyage organise, beaucoup le font encore a pied.

J'ai marche jusqu'au temple le plus proche, fait les ablutions rituels, prie devant l'autel principal... transpire sous le soleil de midi, marche, marche encore jusqu'au temple suivant.

Au bout de quelques heures et de trois temples, je suis arrive pres d'une colline boisee au pied de laquelle le Ishite-ji, un temple qui m'etonna par son etendue. J'engageai la converstaion avec un jeune pelerin deja croise juste avant, qui me montra une grotte sacre et des chapelles... en fait il les decouvrait en meme temps que moi.

Il faisait faim, dans un abri de bois ou nous nous arretames pour manger nous trouvames un pelerin qui faisait le tour de l'ile pour la troisieme fois. Lui continuait jusqu'au temple suivant en auto-stop(tiens donc!). Nous deciadames de faire route ensemble.

Pas si facile, l'auto-stop de temple a temple. Tant bien que mal, on arriva au temple suivant. Le jour etait sur sa fin. Apres avoir gravi les inombrables marches sous la voute de micocouliers geants, Koichi, mon compagnon de route, et moi-meme fimes le tour des chapelles. A chaque fois il annaonait des mantras, tandis que je me contentais d'ecouter cette musique totalement nouvelle. Il fit calligraphier son parchemin par un moine avec qui je discutai ensuite.
Dans le vacarme des grillons, a la nuit tombante, nous arrivames au temple suivant. Numero 55 sur la route de Kukai. Mais on ne visite pas un temple de nuit.On se mit donc a la recherche d'un endroit ou dormir.

Dans ce bled, pas d'auberge. Pas plus que d'hotel, rien! Mais debut septembre il ne fait pas encore trop froid. On s'installa dans un parc. Avec toilettes publiques et lavabo, le grand luxe! Je m'installai sur une sorte de plateforme, Koichi dans le toboggan pour enfants. Lui dans un sac de couchage, moi avec le plus de couches d'habit possible. La nuit fut fraiche et piquante de moustiques. Pas trop difficile dans ces conditions de se reveiller a 4 heures du matin pour voir le lever de soleil.

Nous fumes les premiers au temple. Le soleil nous succeda de peu, puis le moine principal qui sonna l'enorme cloche , et vers 5h30 les vieux commencerent a arriver, pour leur priere du matin et pour se retrouver. Premiers ragots de la journee. Surement pas les derniers. Et un calme a fendre les pierres, comme disait Bassho.


Que votre ombre grandisse,
Adrien

11 septembre 2008

Le grand retour






Apres un dernier au-revoir a Nakaji, j'ai poursuivi mon vagabondage.
Depuis l'interieur de l'ile, je revins sur les rivages du Pacifique.Une voiture me deposa dans un village du bord de mer.

Devant moi s'etendait une immense plage blanche dans la brume du matin. J'apercevais des surfeurs. Mais je voulais poursuivre, aller jusqu'au cap Ashizuri.
A nouveau, je me plantai au bord de la route et le temps me paru long. J'ai pourtant ameilore ma technique par rapport a l'annee derniere. J'ai les cheveux courts, suis glabre, et je parle beaucoup mieux japonais. Mais je reste un gaijin et cela retient plus d'un Japonais de s'arreter, par peur de ne pas pouvoir communiquer adequatement, voire par honte de ne pas parler anglais. Le temps qu'ils hesitent, ils sont deja loin et se disent que quelqu'un d'autre qu'eux s'arretera. Certains pourtant font demi-tour.

C'est ce qui arriva. Une voiture qui allait dans l'autre sens me cria "we're coming back, wait for us!!!". あれ?英語だろう...? C'etait un couple de Japonais, qui parlaient anglais courrament.Et pour cause, lui avait passe la moitie de sa vie(c'est-a-dire 20ans) a New-York. Il revenait s'installer au Japon, en compagnie de sa fiancee. Elle venait de ce coin perdu et magnifique de Shikoku, qu'elle avait quitte tres jeune pour Tokyo puis les USA ou elle est devenue une photographe connue.
C'est pour rencontrer les parents de sa copine qu'ils etaient venu la.

Je passai la nuit dans une petite auberge traditionelle, avec bains chauds, pour un prix risiblement bas. De nombreux surfeurs y etaient aussi, certains ayant parcouru plusieurs centaines de kilometres pour gouter au vagues du pacifique, ce coin de Shikoku etant le troisieme meilleur spot du Japon d'apres eux!

Les vagues, je m'y enveloppai le lendemain, avec le couple qui m'emmenait en direction du cap Ashizuri. Magnifique plage et temperature ideale. Un pur plaisir.
La route du cap est tortillarde, dans une jungle tropicale preservee. A se demander pourquoi le couple ne s'installe pas la. C'est que lui est osteopathe, revenu au Japon avec l'ambition de faire reconnaitre, avec ses collegue, ce metier comme une medecine a part entiere, ce qui n'est pas encore le cas au Japon. Bref, une fois de plus, les grandes villes(dont Sendai, au nord de l'ile principale, ou ils vont s'installer) sont etouffantes mais souvent le seul endroit ou s'assurer un emploi.

Ils me deposerent peu apres le cap, non sans avoir marche au-dessus des falaises, parmi les chaumes des bambous et les crabes ecarlates, dans la moiteur saline.
Le soleil commencait deja a rougeoyer.

l'ecole des fermiers



Depuis Takamatsu, re-auto-stop. En une journee j'ai traverse l'ile du nord au sud. Fraichement retraite, le chauffeur de la voiture qui me prit allait avec voir un barrage dans les montagnes du centre de Shikoku. Pas n'importe lequel, le plus grand de l'ile mais presque completement a sec car l'eau est vendue aux prefectures voisines, plus industrielles et plus gourmande en eau. Ce qui met a jour des batiments engloutis il y a presque cinquante ans. Assez photogenique...

A Kochi, la principale ville du sud de l'ile( d'une grande importance historique mais une des regions les plus idolees du Japon), je dormis dans un cafe internet. Dans les villes japonaises, c'est souvent la solution la meilleure marche. Certains jeunes japonais ont quasiment elu domicile dans ces box etroit mais bourres d'electronique.

Je pris le lendemain la route qui longe la mer(l'ocean pacifique en fait) vers l'ouest. Campagne profonde comme on n'en fait plus beaucoup au Japon. Il faisait une cuite a ne pas attendre sur le bord de la route le pouce leve, mais je perseverai et on me laissa monter. C'etait un ex-pelerin Tokyoite, Nakaji, qui avait elu domicile dans l'ile. Macon pendant 20 ans, il etait venu cette anne faire le fameux pelerinage qui fait le tour de l'ile. 42 jours a pied sur les traces de Kukai, moine qui fonda l'ecole bouddhiste Shingon au 8e siecle.
Ceci accomplit, Nakaji avait commence de prendre des cours dans une ecole destinee a former... des fermiers! Ex-employes d'entreprises, voire businessmen, hommes de toutes extractions et de differentes regions du pays y apprennent a mettre la main a la pate, ou plutot a la terre. Avec un grand serieux, une discipline rigoureuse et souvent une profonde motivation. Certain pousses par une quete spirituelle, d'autre parce que leur parents fermiers sont trop vieux pour continuer leur exploitation, d'autres enfin parce qu'ils ne supportent plus l'asphyxie des villes.

L'ecole est a deux heures de route du premier bourg, autant dire en pleine cambrousse. Je passai la nuit dans le dortoir de Nakaji, sur un tatami(sans futon, c'est rude mais au moins ca maintient droit). Avant ca, nous avions rendu visite a un vieux fermier, professeur a l'ecole de Nakaji, et dont la femme nous avait prepare a manger pour dix. Avec le crissement des grillons qui couvrait le son de la tele, mais pas le rire du grand-pere. Je ne comprenais presque rien a son dialecte, mais il etait assez communicatif pour que ce soit sans importance. La nuit rentrait par les fenetres ouvertes avec tous ses bruitages d'elytres et ses odeurs de verdure, et moi je me regalais de ce moment delectable avec mes deux bavards, prenant des forces pour affronter le lendemain la route qui m'attendait.

10 septembre 2008

Petite, petite ile


Takamatsu, la ville ou mon voyage autoroutier s'est acheve, n'est pas une megapole, loin de la. Presque un village a l'echelle de Tokyo.Et pourtant, je n'avais pas envie d'y rester. A peine debarque, j'ai marche jusqu'au port, et j'ai demande a un guichet, sur laquelle des nombreuses iles des environs je pouvais trouver des pecheurs. On m'a repondu "Megi jima, la juste en face" 20 minutes de ferry plus tard j'etais. Un village d'une centaine d'habitants, des maisons traditionnelles(a un etage) entourees d'epais murs de pierres a peine taillees, le port a moitie vide d'un cote et une plage de sable borde de 2-3 minshuku(auberges familiales) flanquees de terrasses de l'autre cote.

J'ai longe la plage, et comme il faisait faim j'y ai demande un bol de nouilles. Pas d'hotes dans l'auberge.Jour de pluie signifie jour de conge sur l'ile.Pour les pecheurs aussi, tous dans leurs masures.
C'est le surlendemain que je rencontrai vraiment les pecheurs de l'ile. L'un d'eux me prit sur son bateau, nous partimes a 4 heures du matin, pour la peche au crabe. Entre la ville de Takamatsu et l'ile Megi... a l'image des insulaires, tous passionnes de leur ile mais souvent contraint de chercher l'avenir ailleurs. Mon pecheur etait un employe de poste retraite, qui avait decide de devenir ce qu'il aimait vraiment, le metier qu'il avait appris enfant par son oncle.

Ses enfants et petits-enfants sont dans les villes, travaillent dans des entreprises, des bureaux, et c'est la vie qu'il le leur a souhaite. Mais lui ne quitterait son ile pour rien au monde.

On ne prit pas grand-chose, mais il m'offrit un tourteau que j'amenai a l'auberge pour le petit-dejeuner. La grand-mere de l'auberge me le cuisina. Je faisait presque partie de la famille(tant et si bien qu'elle refusa l'argent pour les deuxieme et troisime nuits!), que j'avais vu au grand complet la veille. Les deux dernieres generations ont leur coeur sur l'ile et leur moyen de subsistance dans la ville.Ils n'en sont pas malheureux, mais ils ne s'y feront jamais vraiment.

O que je les comprends! Apres trois jours sur cette ile, je n'avais deja plus envie de la quitter!

3 septembre 2008

Faut que j'vous avoue...

Ciao!

Ca fait un bail, hein!
Voila pourquoi, en deux mots...

Juin: Examens universitaires, stress a son comble. Tiens, le stress, je ne connaissais plus, ca! Je m'en serais bien passe, c'etait pas drole. (J'ai reussi, c'est l'esentiel.)

Juillet: Deux semaines en Corse, mon deuxieme chez-soi. Un rituel familial, comme une purification annuelle par le vent iode et le bouquet capiteux du maquis.

Puis quelques semaines a Geneve, qu'est-ce-que ma ville est bonnard en ete, de bleu! Tous les soirs l'embarras du choix pour sortir, le lac gorge de soleil, les cafes sur la terrasse de la Clemence...

Aout: Ah bon, j'ai un blog, moi?


Mais venons-en au fait, voulez-vous! Je dois vous avouer que... -noooon! -siiii! Je suis de retour au JAPON!

Je suis parti le 18 aout, et pour un mois(seulement). En avion cette fois-ci. 12 heures, c'est tellement rapide! La premiere fois ca m'a pris un an et demi.

Arrive a Tokyo avec une valise a plus de moitie remplie de cadeaux a distribuer a mes amis et connaissances. Au bout d'une semaine, je n'avais toujours pas fini la distribution... mais quand meme revu tous mes amis les plus chers, dont mon ex-copine, encore plus belle qu'avant si mes yeux ne me trompent pas... Pas facile de refermer le livre du passe, on a toujours envie d'ecrire encore une page, mais ce ne sera pas ensemble.

Pour fuir ma propre nostalgie des souvenirs de l'annee passee, j'ai quitte Tokyo ou mes reperes affectifs sont tout chamboules, et j'ai attaque le plat de resistance du voyage:

Le Japon en auto-stop! Cette fois-ci, direction Shikoku, la seule region du Japon(avec Okinawa, ou je ne pourrai jamais aller en auto-stop ^^ ) que je n'avais encore jamais foulee.

C'est cent fois plus difficile de sortir de Tokyo que d'y entrer, par ce moyen de transport. J'ai attendu 2 heures sous la pluie, j'ai meme chope une crampe a la main a force de tendre la pancarte ou j'avais inscrit ma destination! Pourtant, j'avais prit soin de m'eloigner de plusieurs dizaines de kilometres du centres et j'attendais pile devant l'entree de l'autoroute.

C'est donc la premiere voiture qui est la plus difficile. Passer ce cap, c'est entrer dans une autre dimension. D'aires de service en stations-essence, j'enchaine les voitures et les camions en restant dans l'univers ferme de l'autoroute, dont la seule maniere de sortir est d'etre pris par un vehicule qui sorte a la bonne sortie. En l'occurence, Takamatsu sur l'ile de Shikoku, a environ 900 kil de Tokyo.

Deux jours de route (une courte nuit dans une voiture qui m'avais prise en stop, sur une aire de service, chacun sur son siege incline) avant de sortir de cette univers.

Je voulais aller voir les irreductibles pecheurs de la "mer interieure". J'ai donc pris le ferry pour un ilot a 20 minutes de la ville. 20 minutes qui separe deux epoques, deux rythmes radicalement differents.

suite...bientot!

A tantot
Adrien