23 décembre 2007

Le ressac

Bonjour, fidèles parmi les fidèles, qui venez encore vous enquerir de moi sur ce blog!
J'espere que vous ne vous vous etes pas trop langui.

J'avoue qu'une fois revenu, il est difficile de tenir un blog de la meme maniere qu'en voyage. Non pas qu'il n'y ait plus a dire: Ma vie ne s'est pas aplanie. Ce n'est même pas une carence d'"exotisme": Rappelez-vous, au Japon je vous ai aussi laissé sans nouvelles pendant longtemps.Non, je crois plutôt que c'est lié au sédentarisme.Ce blog répond d'une pulsion nomade qui me pousse a vous avertir lorsque je change de region, de culture, de province, de langue...

Je suis en vacances depuis aujourd'hui, juste un peu plus de trois mois apres mon retour.Trois jour après être descendu sur le quai de la gare Cornavin et avoir été accueilli par ma famille et quelques amis proches, j'ai commencé l'université, et j'ai vite atteint le niveau de croisière des études en lettres. A Geneve il faut choisir deux disciplines, et pour moi c'était déja trop peu. Dans ces cas-là, avoir le choix c'est être obligé de restreindre sa liberté. C'est peut-etre un lieu commun mais au moment d'etre confronté a ces froids dilemnes, on le sens cruellement.

Le choix fut dur mais je n'en suis pas decu. J'etudie le japonais et la linguistique générale, avec une touche de philosophie et de grec ancien (je me suis finalement arrangé pour faire un peu plus que deux branches).Je viens de finir une batterie d'examens pré-vacances et je me rejouis d'une chose, pouvoir dormir. ...et skier, aussi.

L' adaptation nécéssaire après une si longue absence, s'est faite plus facilement que je ne m'attendais. Les premiers jours ne sont jamais très durs, car on est grisé par le tourbillon des retrouvailles.Le vrai spleen peut venir lorsque cette étape est passée et surtout que l'on sent la routine mecanique resserer son etreinte. Mais j'ai une vision à long terme de ce que je fait et j'arrive sûrement mieux qu'avant à me décoller de la linéarité apparente de la vie d'ici.
Et revenir, c'est souvent pour mieux repartir.Il n'est pas encore temps pour un voyage de la même envergure, mais cela viendra.

Le retour, a vrai dire, j'y avais beaucoup pensé avant qu'il ne se realise.Je m'en rejouissais (sans impatience), je le craignais aussi car je m'imaginais qu'il serait une étape douloureuse, peut-etre une nouvelle grande phase de désillusions. Je parlerais de ressac: Après la vague qui a gonflé, s'est hissé le plus loin possible et a mis toutes ses forces dans une final éclatant, il y a ce ressac qui essore la plage avec un bruit rêche. Il siphone la grève en reprenant au loin nombres de belles images.
Il laisse le squelette du voyage, pur, essentiel.

Après tout grand voyage il y a un ressac, celui-ci n'y échappe pas.Seulement, il se fait plus doucement que je ne pensais et j'arrive bien a l'encaisser. Mieux: j'ai découvert dans le sable des coquillages et des pierres qui commencent seulement à reveler leur valeur.

Genève est fort heureusement une ville métissée et j'ai à qui parler dari, turc, kazakh, bosniaque, russe ou farsi... et retrouver un peu de ces pays qui m'ont habité.

Il me faudra des années pour digérer cette odyssée. D'ici là, il y a plusieurs manières de le rendre. Ce blog pourrait servir de base a un résumé. La crème des ~3000 photos de voyage parlent d'elles-même.Quant à rassembler les anecdotes les plus captivantes, c'est une possibilité non moins valable. Cependant j'ai l'intuition que ce voyage ne s'achevera qu'avec un livre. Une oeuvre dont chaque couche se dépose lentement, imperceptiblement, produit de la "deuxième distillation". Un travail d'une vie.

Ca n'est que le début du voyage. Il reste encore tellement a découvrir sur la grève d' Ulysse.

Que votre ombre grandisse

Adrien