16 avril 2006

PHOTOS 2-Turquie

Allez,vous l avez bien merite!

http://www.pinetum.org/voyagegolinelli.htm

(les pages en liens sont des photos d arbres...)

Les huit premieres sont de Grece,le reste de Turquie.Une selection.
Je n ai pas encore pu mettre de commentaire...
A+
Adrien

P.S.Merci pour vos commentaires sur ce blog,dont j ai eu vent mais que je ne peux visualiser car blogspot a ete interdit par le gouvernement paki(un blogger avait eu la bonne idee de mettre les caricatures Mohammad sur son blog.).C est pas grave,continuez...

Vallees (plus tres) oubliees

Salami au loukoums !
Un petit post en direct de la vallee de Hunza !
Mais d abord,un resume de ce qui a precede :

Multan
J ai quitte Lahore trois jours pour Multan et le Sud de la province du Penjab.En trois jours j ai fait essentielement des heures de bus tape-cul,mais le petit detour valait le coup.Multan est la ville reputee la plus chaude du Pakistan,dans une continuation du desert du Rajasthan.La temperature depassait allegrement les 40 degres,ce qui me donnait encore plus de determination a ne plus attendre pour prendre un bon bol d air frais dans les montagnes du Nord du Paki, ce que je fais en ce moment(d ailleurs c est presque un peu trop frais...il gele la nuit.Mais on attend le soleil !!).
La vieille ville de Multan est construite sur une colline que le bazar enrobe en colimacon.J ai marche des heures dans les rues etroites,populeuses,envahies de tissus eclatants,ou la lumiere filtre a travers la protection de fortune,cependant je n ai jamais eu l impression d etre passe deux fois au meme endroit.Soit le bazar etait immense,soit il etait tellement riche que mes sens n arrivaient pas a tout attraper.
C est une ville apparement religieuse,et on voit tout depuis les voiles tenus jusqu a la burka a l afghane.Beaucoup de mosquees assez minables :au Pakistan,mis a part les oeuvres des Mughals(empire musulman d origine mongol qui regna sur les Indes il y a quelques siecles) et les sortes de soucoupes spatiales extra-futuristes de l apres-partition,les mosquees(anciennes ou nouvelles) sont vraiment insipides,des blocs de betons peints en blancs flanques d avortons de minarets(une serie de petits cacas de 50 centimetres de hauts).Rien a voir avec le style ottoman si ideal,precis,et geometrique.Ni avec le bleu et le turquoise perse qui couvre les domes immenses des mosquees Iraniennes.Heureusement a Multan il y a d immenses mausolees souffis que je ne pourrais que mal decrire(donc je m abstiens),dont celui de Shams de Tabriz.Marrant,j ai deja vu son mausolee a Konya.Il est partout lui !
Voyant une belle facade a vieux balcons en bois sculptes,je suis entre et j ai trouve une madrassah ou des gamins annonaient le quran et des femmes dessinaient les arches du batiment.J ai du expliquer a trois barbus plutot sympas que j etais juste venu jeter un coup d oeil,et il m ont carrement fait la visite integral des lieux.Et ca en valait la peine, c etait un ancien temple hindou,vraiment croulant,avec des peintures murales d Anuman le dieu-singe,entre autre.


Uch Sharif
Entre ce village et sa datteraie,trois tombes imposantes,en ruines mais d autant plus belles,avec des ceramiques bleues entres les fines briques.C est un parcours du comabattants pour y arriver,depuis Bahawalpur,puis a pied et auto-stop jusqu a ces mausolees assez caches.

Retour a Lahore
La temperature a grimpe d un coup ici.On vegete la journee en attendant la nuit(qui reste encore trop elevees).Trois nuits,trois nuits souffies ,dont deux ou les musiciens jouerent sur le toit de la guesthouse,rien que pour les voyageurs de passage et pour pas un rond.
La troisieme nuit,je pars derechef pour Islamabad-Rawalpindi,une fois les musiciens partis.J arrive la bas vers 6h du mat.Je pensais pouvoir prendre le bus direct pour Hunza,six ou sept cent kilometres sur la Karakoram Highway,la KKH,qui va jusqu en Chine.Mais pas de chance ,il pleut des cordes et la-bas cela signifie coulees de boues et torrents qui emporte la route.Il faut dire que la KKH,proclamee »huitieme merveille du monde » par ses constructeurs,est une route ou deux vehicules se croisent tout juste,goudronnee certes... la ou la pluis ne l a pas arrachee ou recouverte de gravat.Je tente quand meme d y aller,et avec un Japonais a mourir de rire et francais,on se met en route pour Abbotabad,qui devait se trouver avant la premiere coulee.J en ai assez des grandes villes grises et je veux voir la montagne.Abbotabad est une ville pashtoun et comme partout au Pakistan,on croit que j en suis un.C est vrai que j ai le meme accoutrement et la meme barbe.Quant a Jonathan le Francais,ils sont persuade qu il est Syrien ou Palestinen.C est mieux ca plutot qu ils nous prennent pour des Yankees !

Abbotabad.
Trouve la-bas la guesthouse la meilleur marche de mon voyage :20 roupies(30 centimes d Euro)le lit.Mais a y regarder de plus pres,j atteins la vraiment la limite du supportable :Les draps puent la pissent, la chambre est froide, la porte ne femre pas de l interieur.Avec Kei et Jo,on on se trouve autre chose de plus humain.Le lendemain matin on fait un rapide tour du village puis on repart pour des heures de bus jusqu a Mansehra puis Besham ou on arrive pour la nuit.Toute la journee nous avons vu defiler les forets de pins et les terasses cultivees,mais aussi des villages rases par le tremblemnt de terre.Sur ou dans les restes des maisons,dews tentes bleues flashy a caracteres japonais ponctuent le paysage.Cependanrt les gens vivent,cultivent et reconstruisent deja.Comme a Bam,le traumatisme degoutent les gens de construir en pierre de taille et bois,ils refoulent ces methodes ancestrales dans leur inconscient collectif,et erigent des blocs criards en ciments... (non,plus rien ne sera jamais comme avant ...)

Kohistan
Le paysage change a mesure que l on monte.On prend peu d altitude entre (Rawal)Pindi et Gilgit(qui est cent kilometres avant Hunza),mais la gorge se fait plus profonde,et la foret laisse place a des pentes tres raides,glissantes,vert algue.Des villages nichent sur les alluvions laisses par les affluents de l Indus,qui ici est tout petit.Dans des conditions assez eprouvantes,on atteints Chilas le lendemain.Entre Besham et Chilas,c est le Kuhistan,repute pour l antipathie de ses habitants.Les farouches Kohistani sont de fervents sunnites,et les Bouddhas bi-millenaires tailles dans des rochers a Chilas ont ete vandalises par des Chilasi justement un peu trop fervents...Hem hem.La plaque explicative a carrement ete explosee a la dynamite.
Les regards des Chilasi en disent long sur leur aversion envers tout etrangers.Nous avons quand meme trouve quelques exceptions a la regle,comme ce type qui nous a invite a prendre un chai,et qui a presente quelques membres de sa p’tite famille :il avait 4 femmes,20 garcons et 11 filles.(Il va sans dire que nous n avons vu que des hommes.)

Vallees (plus tres) oubliees
Le lendemain,encore des heures de bus-mixer,entre les eboulements,les camions sur-tunnes qui se doublent a flan de falaise,le chauffeur abruti de Haschish et un paysage lunaire.Peu avant Hunza,je retrouve un bon vieux pote,Arnaud(dit Rahan le chainon manquant).Il a suisvi la meme route depuis Geneve,mais en deux fois moins de temps(4 mois).On pensait se retrouver en Inde ou a Pindi,on craignai meme de se rater.Et voila que je la i retrouve dans un des endroits les plus paume du monde,la on nos bus respectifs s etaient arrete pour une pause casse-croute.Guro Jaglot,que ca s appelait!
On a passe trois jours a marcher autour de Hunza,avant qu il parte pour l Inde et les temperatures infernales.C est qu il est presse,Arnaud! Sympa de s etre retrouve!Bon vent,mec!

Je connaissais la Hunza avant de partir et j etais impatient de la decouvrir :
C est epoustouflant,bien sur.Une vallee large qui monte des deux cotes jusqu a des hauteurs imposantes.On voit certains des plus hauts sommets du monde.De chaque cote de la riviere,des terasses montes graduellement,sur lesquelles s encastre perpendiculairement des centaines de peupliers tres sveltes d un vert tendre.J ai de la chance :Nombre d abricotiers sont encore en fleur.Sur un promontoire,le fort multicentenaire de Baltit,montrant d evidentes influences tibetaines. Il doit y avoir peu de vallees, dans l Himalaya et dans le monde, au tel cachet.
Mais il ya un Mais.Je m imaginais un endroit coupe du monde,un paradis oublie... Mais j ai trouve le pivot de (la modeste,mais existante) industrie touristique Pakistanaise.Et je ne compte pas le nombre d hotel et de guesthouse.Des gamins de six ans me parlent en anglais et comprennent ce que je dis,tandis qu ailleurs des hordes de leurs camarades crient »one picture ! » ou »one rupee !».La moitie des Hunzakut font a la fois du business touristique et cultivent les terasses.Mais lorsque le boom touristique reprendra,nul doute qu ils choisiront le premier !Ils construisent des maisons en ciments,la ou il y avait des habitations de pierre et et de bois,la ou il y avait des champs,ce meme qui faisait la beaute de la Hunza.
J en vient a souhaiter que ces touristes cessent de venir dans la Hunza.Mais c est inexorable.Et le plus tordu,c est que suis aussi responsable,en venant ici,de l agonie de leur cultureLes Burushos sont un reliquat de couches de population d avnt les Indo-europeens, d avant les turcs,les Mongols,une dernier reste des premiers peuples de l Eurasie,dont ne subsite a l Ouest que les Basques. ...Pour combien de temps encore ?
Et je pense au Kohistani qui jettent des pierres aux etrangers...Finalement,qui a raison ??

A bientot.
Bonne vacances de Paques
Et que votre ombre grandisse.

Goli Khan habib-el-donya

2 avril 2006

Le p'tit jeune prend un coup d'vieux

Lahore

Noel etait mortifere,nouvel an ennuyeux,mais j ai bien passe mon anniversaire.Pas mal grace a vous(vous vous reconnaissez)-la creme de mes amis,qui m avez appeles depuis chez moi ou vous trinquiez a ma sante.C est exactement ce qui souleve le coeur et evite de sombrer dans la deprime dans des moments pareils.
J ai aussi eu droit a une petite fete dans la guesthouse ou je loge depuis le 29.Pas de gateau,mais des vrais pates d Italie,avec une sauce thon et tomate,et meme des olives!!!!!Arrose de faux champagne...
Ceci grace a deux amis d Istanbul que j ai retrouve ici.Un couple de Tessinois souffis habitants en Turquie.4 mois apres je les retrouve...dans un autre haut lieu du souffisme.
Lahore a une tres large communaute souffie,et elle est connue mondialement pour ca.
Mais le souffisme du Pakistan est tres different dans la forme de celui des Derviches turcs!
Jeudi dernier je suis alle a la ceremonie hebdomadaire d un groupe souffi.Le joueur de tambour est un des meilleurs du Pakistan.Et il est sourd.Ainsi "c est Allah qui l habite lorsqu il joue".
La ceremonie a lieu dans un temple ombrage de Banyans,a ciel ouvert,tout contre le tombeau d un des plus grands maitre souffi de l histoire.Gravi les escaliers etroits,on se s ajoute a la foule assise par terre(quasiment les uns sur les autres) dans le petit perimetre disponible.Au milieu,le joueur de tambour et quelques hommes en transe.Ils s agitent tous a leur maniere au rytme tourbillonant,les yeux fermes ou revulses,en sueurs,le visage parfois fendu d un dem-sourire beat.Puis tous se deplacent dans un espace plus grands,avec encore plus de monde dans le public(et encore plus de joints),deux joueurs de tambours etonnament syncronises,et encore plus de danseurs en transe.
Unique,irresistible,inoubliable.

Aujourd'hui,j ai vu une ceremonie d un tout autre ordre:La fermeture de la frontiere Indo-Paki a Wagah.
C est un rituel repete chaque jour et qui attire toujours autant de monde.Une heure avant la tombee du jour,les deux portails(a un metre l un en face de l autre),sont fermes,et les drapeaux mis en berne.De chaque cote,deux Hemicycles bondes,l un criant PAKISTAN! ZINDABAD! et l autre HINDOUSTAN! AZADI!.Les gardes-frontieres,en costume du temps de l Empire des Indes,et tres theatralement,font aussi leur demonstration de force.Ce qui est etonnant,c est que des deux cotes ils font exactement les memes gestes,les meme pas de l oie,syncronises a la seconde pres,comme un miroir.
La situation par essence a un cote illogique voire absurde.Mais rien de comparable a ce moment ou un vieil edente,avec une tunique verte bardee de slogans islamistes s est mis a courir malgre son arthrose vers le portail en agitant son drapeau pakistanais comme un forcene.En meme temps retentissait a plein tube une chanson techno a la gloire du Pakistan.Surreel!


Comme vous l avez je suis en meilleure forme qu a Hyderabad,je me suis tout juste retabli pour mon anni(c aurait pas ete drole de le passer au lit,hein Xe),et je fourmille d idees de villes et de vallees(dans le Nord) a explorer!

A+
Bises
Adrien Habib-El-Donya

Febrile deliquescence

Gwadar
La cote du Baloutchistan est tres peu peuplee,souvent tres belle mais constamment gachee par la flicaille.Ce qui ne m a pas laisse beaucoup de choix quant a mon programme:Je voulais aller a Jiwani et Gandz-un village ou vient des Baloutches descendants des colons portuguais-, mais la police a choisi pour moi:"Karachi!"
J ai fini par me rendre,exaspere par la suspicion maladive de ces types qui ne veulent pas comprendre.
Le jour precedent j avais pu nager au pied des falaises oranges.J etais comble,j avais ma dose de mer pour un moment,et le sentiment de ne pas etre venu pour rien.
Escorte par cinq flics(pas mechants ceux-la,d ailleurs)j ai marche avec mon barda jusqu au terminal des bus,et chaque vehicule qui me croisait manquait d avoir un accident(ne pouvant decoller les yeux de ce Marsien).
Le bus etait un bus normalement charge et la route faite de bitume et lisse-Oh joie! Oh miracle!-.La route de la cote(Gwadar a Karachi) a ete inauguree recemment,et si elle longe pas toujours directement la mer,elle traverse des paysages epoustouflants.J ai rarement vu une region ou l erosion a sculpte dans tellement de styles differents.Le col de Buzi est tout specialement impressionant.


Karachi

Arrive la nuit.Aide par un jeune Baloutche d Iran(Ca fait plaisir de reparler farsi!)qui etait dans le meme bus,on cherche un endroit ou dormir.Les gens sont desagreables,les hotels bons marches nous refusent sous pretexte que je suis Suisse(c est au contraire un honneur que je leur fais,dont ils devraient tirer une immense fierte!).On marche dans les rues bordees de detritus,croise de types pathibulaires mais presque,et tousse a cause de la pollution.Finalement un hotel nous accepte.Les chambres sont deja occupees par des colonies de blattes.Quelques puces aussi.
Le lendemain je change illico d abri,et trouve quelque chose de correct dans une sorte d auberge de jeunesse.Je n avais pas remarque que c etait gere par une organisation chretienne pakistanaise.On me demande ma religion.Comme d hab je dis "chretien"(meme si ca me fait sourire interieurement).Ils ne pensaient pas."Pourquoi t as la barbe alors?"-"Jesus portait bien la barbe!"(kassse)-"Tu vas a l eglise pour prier?"-"Non"-"Tu dois aller tout les jours a l eglise!!!".Je voyais la haine qui sourdre de ses pores en entendant que je preferais faire un tour du bazar.Finalement ces types-la etaient parmi les plus intolerants et les plus fondamentalistes que j ai rencontre dans ce voyage.Etonnant!Une grande communaute chretienne(des convertis sous les Anglais)vit a Karachi,qui ne manque pas d horribles cathedrales grises et austeres ecoles de nonnes.Une guerre larve dure entre les Chretiens et les Musulmans,atteignant des sommet de haine,d intolerance et d absurdite.
De toutes les personnes rencontrees la-bas,seul un fidele du temple Zoroastrien etait sympa.Les Karachites...Karachiottes...bref les autochtones ne me donnaient pas envie de rester,et la chaleur,le traffic,la pollution incroyable,tout cela provoquait un vrai rejet de greffe chez moi.


Hyderabad

Deuxieme plus grande ville de la province du Sindh.Pour la pollution et la chaleur,ca ne s arrange pas.Le contact avec les gens est plus facile,mais j avoue que ceux avec qui j ai pu discuter se sont avere Baloutches ou Pashtouns...
Je dors pres du fort qui domine le centre de la ville.Il est rouge,un peu ruine,occupe d habitations et de ficus.Le Bazar est grand,mais toujours dans des rues etroites et bondees.Comme un liquide instable qui se serait rependu sur toute la colline du fort,se faufilant dans le moindre passage.
Je me dis alors qu une ville d Europe en plein Moyen-age devait avoir la meme ambiance.Mais alors pourquoi avons-nous perdu cette capacite au chaos,si creatif pourtant?
La maladie retarde mon depart ma progression vers le Nord.Je n ai pas ete malade plus d un jour depuis mon depart(sauf apres la mesaventure au Lorestan(voir"Peripeties persannes").Ca devait bien arriver.J ai de la fievre,je me vide,je tousse,et je deviens presque parano a force de compter les perfides moustiques qui attendent leur heure,les puces enormes remplies de sang,les blattes,les mouches.Je suis entoure d un bestiaire infernal qui me nargue dans ma febrile deliquescence.

Adrien