25 novembre 2006

Dans les monts celestes






Ciao!

Bichkek, apaisee après la fin des tensions de la place Ala-too, est depuis 3 jours encore plus calme.C’est que l’hiver est arrive a grand fracas, et s’acharne sans relache a couvrir la ville de se plumes d’oreillers, qui de pellicule ont forme une couche, et de couche s’elevent deja en murs.le froid ajoute son grain de sel pour vernir la route de ce que l’on appelle en russe galalyod, c’est-a-dire la glace issu de la neige compresse et refroidie.

Les voitures font des pirouettes comme si elle etaient devenu vivantes et le bus passe en trombe au carrefour, rugissant qu’il ne peut pas freiner.Les coquettes Kirghizes quant a elles ont ajoute a ce que je nomme le “costume national moderne”(Minijupe, veste moulante et bottines a talons qui montent aux genous), collants et echarpe.certaines me regardent avec un air interloque en voyant mon pakol(le chapeau de moujahid) et mon patoun(le chale/couverture afghan).

Avec un temps pareil je ne risque pas de retourner m’aventurer dans les montagnes(ou alors pour skier?La neige m’a l’air d’excellente qualite.), mais j’avoue que j’en ai deja bien profite.

Le Kirghizistan est traverse de part en part par la chaine des Tian Shan, comprenez “Monts celestes” en chinois.Culminant avec le Pic Pobeda(“victoire”), c’est un peu les Alpes de l’Asie centrale, avec son paysage accidente et ses vallees profondes remplies d’epiceas(en l’occurrence picea schrenkiana) a l’ombre des cretes coiffees de blanc.

Je savais bien que ne trouverai plus de yourtes, l’estive s’etant acheve comme d’habitude courant septembre.Mais j’avais la chance de beneficier d’un veritable ete indien en novembre, après un mois d’octobre parait-il froid et enneige.Depuis les rives du lac Issyk-kul j’ai rallie en quelques heures de marches les trois bicoques qui ensemble portent le nom d’Altin-arashan(sources d’or), car des sources chaudes y jaillissent.

Plutot que dorees les sources etaient verdatres, mais un polycopie placarde sur la porte du cabanon indique que c’est tout-a-fait normal,et en nous gratifiant d’une formule chimique qui me rappelait les calculs de moles au college, ajoute que c’est souverain contre les problemes nerveux et gynecologiques.J’avoue etre peu concerne;en tous les cas j’ai beaucoup apprecie de m’y plonger après chaque journee d’exploration des alentours,etant la seule chose qui meritait la-bas le qualificatif “chaud”(l’eau est a 55-60 degres) avec les deux litres de the tres,tres noir(et je dis ca après un an dans des pays ou l’on boit tous les jours du the trois fois plus fort qu’en Europe) que me preparait la baboushka de l’ancienne gastnitsa(guesthouse) sovietique-une des trois bicoques.

Autre vallee, celle de Turgen, empruntee regulierement par les ouvriers des mines d’aluminium, etain, bronze, des Tian Shan centrales, mais jamais par des touristes.Il y a 50 kilometres depuis le dernier village avant la foret jusqu’au col qui marque le bout de la vallee, alors il a fallu se lever tot pour ne pas dormir dehors(je rappelle que je n’ai pas de tente ni de sac de couchage, d’ailleurs je voyage la plupart du temps avec un sac de ~3kg.).Il vaut mieux car des loups il y en a vraiment la-bas(et des ours, mais ils hibernent).Quoique les braconniers que j’ai croise sont rentres presques bredouilles-Dieu merci!J’ai croise une hermine bondissante, mais rien de plus gros.

Dormi dans la cahute de la station meteo juste avant le col, seul lieu habite entre le debut et la fin de la vallee.Un endroit comme abandonne du reste du monde, avec 4 russes(3hommes,1 femmes, plus ou moins tous de la meme famille) qui prennaient des mesures et notaient des resultats chaque jour dans des registres elimes.

Pourtant, a en juger par les séances quotidiennes de morse(genial!!), on ne les avaient pas completement oublie.Mais meme moi qui pourtant suis blinde contre le sentiment de solitude, je n’ai pas supporte plus d’une nuit dans cet endroit insense, toujours a l’ombre, ce huis clos au fond du cul-de-sac que forme la vallee, la ou meme les arbres ont renonce a pousser.Alors le lendemain matin j’ai dit au revoir au portrait de Brejnev(si,si!!!) et merci a mes hotes, et je me suis retape les 50 kilometres, entre les coniferes comme des tours et accompagne par le glouglou du torrent.

C'est une vallee tres sauvage(il y a des loups sauvages, des hermines sauvages, et meme des meteorologues sauvages ;),aux epiceas sculpturesques(beaucoup plus de style que les notres,les picea abies, a mon avis).Ils ne se contentent pas de pousser comme un cone regulier et tres allonge(comme des topiaires geant, parfois j'ai vraiment l'impression qu'on les a taille), mais apres un siecle a un siecle et demi, le sommet devient tabulaire ou meme se contorsionent en des mouvements figes qui me font penser a la vague de Hokusai)

C'est les doigts engourdis que je vous dis a bientot,

que votre ombre grandisse.

Adrien

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