16 mars 2008

Le sang coule sur le haut-plateau

A cinq mois des jeux olympiques, des soubresauts agitent le Tibet. En ce moment même se trame la représsion la plus sanglante de ces 20 dernières années.


Tout a commencé avec les célébrations du 49ème anniversaire de l'exil du Dalaï-lama, le 10 mars. Une manifestation pacifique fut durement reprimée à Katmandhou, créant la surprise autant que l'indignation. Le Népal qui est une terre d'accueil de nombreux réfugiés tibétains avait jusque là toujours adopté une attitude bienveillante envers les éxilés.


Ce fut ensuite au tour de l'Inde, autre soi-disant protecteur des Tibétains (mais en fait uniquement pour des raisons de stratégie politique) de mater les participants d'une marche tout aussi pacifique à 50 km de Dharamsala. Plusieurs fois ces derniers jours des moines et civils tibétains ont tenté de rejoindre symboliquement la frontière mais ils systématiquement arrêtés par la police indienne.


Et puis, vendredi, la contestation a jailli du coeur même du Tibet. Des manifestants, qu'on dit indépendantistes mais qui pour la plupart voudraient seulement que leurs libertés les plus fondamentales ne soient plus bafouées quotidiennement, se sont rassemblés à Lhassa. Ni une ni deux, la police chinoise a ouvert le feu. Ce seul jour une centaine de personne ont probablement été tuées. Depuis, le voile est tombé et peu d'informations filtrent. Mais assez pour savoir que les manifestations spontanées ont fleuri dans les principales villes du Tibet et qu'en parallèle la répression s'est intensifiée. Les quelques images qui parviennent montre le Barkhor, le centre historique de Lhassa que j'ai arpenté des dizaines de fois il y a un an, jonché de voiture retournée, ses magasins en flamme, tandis que l'envahisseur fait déjà du porte à porte pour punir arbitrairement.






Photos: Le temple du Jokhang il y a un an et cette semaine.


Même le Tibet « hors province autonome » (plus de la moitié du territoire tibétain historique, partagé en différentes provinces chinoises) où l' oppression quotidienne est moins violente, s'embrase. Au Sichuan, au Gansu, près des grands monastères on a tué aujourd'hui même.

« Le Tibet meurt de nos silences » dit un slogan. Les massacres qui sont pérpétrés en ce moment doivent nous rappeler pour de bon que le pire ca n'est pas les morts de ces derniers jours. Le pire, c'est l' oppression latente, continue, quotidienne. La violence de chaque instant, rarement visible mais toujours devastatrice. Tous les petits actes et les plus grands qui rabaissent les Tibétains à un statut de sous-hommes, qui entretient leur misère et leur humiliation.


Je ne crois pas au « grand soir » du Tibet. La question n'est pas l'indépendance, même si elle cristallise le rêve de millions de Tibétains, mais bien celle de droits fondamentaux qui leur sont refusés depuis plus d'un demi-siècle.


Pö rangzen!


Que les dieux vous protègent,

Adrien

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un peuple qui s'acharne a en détruire un autre; l'histoire se répète. Comme si cela était profondément ancrée dans la nature humaine. Et la majorité de la terre qui détourne leurs regards et ignore ces faits. Puissent nos descendants nous pardonner..