25 novembre 2006

Dans les monts celestes






Ciao!

Bichkek, apaisee après la fin des tensions de la place Ala-too, est depuis 3 jours encore plus calme.C’est que l’hiver est arrive a grand fracas, et s’acharne sans relache a couvrir la ville de se plumes d’oreillers, qui de pellicule ont forme une couche, et de couche s’elevent deja en murs.le froid ajoute son grain de sel pour vernir la route de ce que l’on appelle en russe galalyod, c’est-a-dire la glace issu de la neige compresse et refroidie.

Les voitures font des pirouettes comme si elle etaient devenu vivantes et le bus passe en trombe au carrefour, rugissant qu’il ne peut pas freiner.Les coquettes Kirghizes quant a elles ont ajoute a ce que je nomme le “costume national moderne”(Minijupe, veste moulante et bottines a talons qui montent aux genous), collants et echarpe.certaines me regardent avec un air interloque en voyant mon pakol(le chapeau de moujahid) et mon patoun(le chale/couverture afghan).

Avec un temps pareil je ne risque pas de retourner m’aventurer dans les montagnes(ou alors pour skier?La neige m’a l’air d’excellente qualite.), mais j’avoue que j’en ai deja bien profite.

Le Kirghizistan est traverse de part en part par la chaine des Tian Shan, comprenez “Monts celestes” en chinois.Culminant avec le Pic Pobeda(“victoire”), c’est un peu les Alpes de l’Asie centrale, avec son paysage accidente et ses vallees profondes remplies d’epiceas(en l’occurrence picea schrenkiana) a l’ombre des cretes coiffees de blanc.

Je savais bien que ne trouverai plus de yourtes, l’estive s’etant acheve comme d’habitude courant septembre.Mais j’avais la chance de beneficier d’un veritable ete indien en novembre, après un mois d’octobre parait-il froid et enneige.Depuis les rives du lac Issyk-kul j’ai rallie en quelques heures de marches les trois bicoques qui ensemble portent le nom d’Altin-arashan(sources d’or), car des sources chaudes y jaillissent.

Plutot que dorees les sources etaient verdatres, mais un polycopie placarde sur la porte du cabanon indique que c’est tout-a-fait normal,et en nous gratifiant d’une formule chimique qui me rappelait les calculs de moles au college, ajoute que c’est souverain contre les problemes nerveux et gynecologiques.J’avoue etre peu concerne;en tous les cas j’ai beaucoup apprecie de m’y plonger après chaque journee d’exploration des alentours,etant la seule chose qui meritait la-bas le qualificatif “chaud”(l’eau est a 55-60 degres) avec les deux litres de the tres,tres noir(et je dis ca après un an dans des pays ou l’on boit tous les jours du the trois fois plus fort qu’en Europe) que me preparait la baboushka de l’ancienne gastnitsa(guesthouse) sovietique-une des trois bicoques.

Autre vallee, celle de Turgen, empruntee regulierement par les ouvriers des mines d’aluminium, etain, bronze, des Tian Shan centrales, mais jamais par des touristes.Il y a 50 kilometres depuis le dernier village avant la foret jusqu’au col qui marque le bout de la vallee, alors il a fallu se lever tot pour ne pas dormir dehors(je rappelle que je n’ai pas de tente ni de sac de couchage, d’ailleurs je voyage la plupart du temps avec un sac de ~3kg.).Il vaut mieux car des loups il y en a vraiment la-bas(et des ours, mais ils hibernent).Quoique les braconniers que j’ai croise sont rentres presques bredouilles-Dieu merci!J’ai croise une hermine bondissante, mais rien de plus gros.

Dormi dans la cahute de la station meteo juste avant le col, seul lieu habite entre le debut et la fin de la vallee.Un endroit comme abandonne du reste du monde, avec 4 russes(3hommes,1 femmes, plus ou moins tous de la meme famille) qui prennaient des mesures et notaient des resultats chaque jour dans des registres elimes.

Pourtant, a en juger par les séances quotidiennes de morse(genial!!), on ne les avaient pas completement oublie.Mais meme moi qui pourtant suis blinde contre le sentiment de solitude, je n’ai pas supporte plus d’une nuit dans cet endroit insense, toujours a l’ombre, ce huis clos au fond du cul-de-sac que forme la vallee, la ou meme les arbres ont renonce a pousser.Alors le lendemain matin j’ai dit au revoir au portrait de Brejnev(si,si!!!) et merci a mes hotes, et je me suis retape les 50 kilometres, entre les coniferes comme des tours et accompagne par le glouglou du torrent.

C'est une vallee tres sauvage(il y a des loups sauvages, des hermines sauvages, et meme des meteorologues sauvages ;),aux epiceas sculpturesques(beaucoup plus de style que les notres,les picea abies, a mon avis).Ils ne se contentent pas de pousser comme un cone regulier et tres allonge(comme des topiaires geant, parfois j'ai vraiment l'impression qu'on les a taille), mais apres un siecle a un siecle et demi, le sommet devient tabulaire ou meme se contorsionent en des mouvements figes qui me font penser a la vague de Hokusai)

C'est les doigts engourdis que je vous dis a bientot,

que votre ombre grandisse.

Adrien

23 novembre 2006

Revolution:epilogue



La "revolution", car pour les locaux c'etait bien une revolution, s'est acheve plus d'une semaine deja.J'etais alors en plein Tian Shan.



La constitution tant reclamee fut adoptee par le parlement,lui conferrant une plus grande liberte de manoeuvre et soustrayant une grande part de pouvoir au president, Bakiev, qui conserve son poste.La veille certains manifestants et les forces speciales s'etaient violemment affronte sur la place Ala-too et devant le palais presidentiel.Ce jour-la, les premiers feterent leur "victoire" sur la place, avant de plier yourtes et tentes de camping.

C'est un soulagement les habitants qui presque tous craignaient que la situation ne degenere comme en mars 2005 (lorsque des batiements avaient ete sacages et incendies).De changements, je doute qu'ils y en ait vraiment... mais les gens ici disent ouvertement qu'ils preferent un statu quo plutot qu'une deterioration des conditions de vie.

Aussi,s'il on peut se rejouir de l'efficacite de ce qui semble etre une societe civile au Kirghizistan, la realite est plus grise:"Les parlementaires ne valent pas mieux que Bakiev" dit-on partout.
En somme, le Kirghizistan est peut-etre simplement passe d'un regime presidentiel absolu a une oligarchie.

Adrien Golinelli

7 novembre 2006

Revolution?(3)

Bonjour!
Si le week-end a ete calme a Bichkek, la journee d'hier l'etait beaucoup moins...

Je suis a Karakol,dans la region du lac Issyk-Kul, loin des remous de la capitale.Ce qui ne m'empeche pas de rester en contact avec mes connaissances de Bichkek, pour connaitre l'evolution de la situation.

Hier, environ 30'000 manifestants etaient rassemble sur la place Ala-too, frustres que le president Kurmanbek Bakiev qui avait promis la veille de soumettre un projet de modification de la constitution au parlement, ne se soit pas presente, bloquant le processus.

Particulierement remontes, les manifestants ont tente de prendre le palais presidentiel, provoquant des heurs avec les forces armees gouvernementales.Il y a une dizaine de corps d'armee speciale, mais trois seraient deja acquis a l'opposition.Connus pour leur opportunisme, ces "agencies" pourraient bien etre determinantes dans l'issue du bras-de-fer.

Ce qui est sur, c'est que la tension est montee d'un cran.Symptome:certains medias internationnaux en ont fait des breves(meme Euronews en a parle).J'ai cependant l'impression que l'on en parle beaucoup moins que l'annee passee, en-dehors de la sphere des pays d'ex-URSS.

D'ailleurs c'est aujourd'hui le 89e anniversaire de la revolution d'octobre, красный октяврь!!!!
La revolution qui a change le cours du XXe siecle,et qui a faconne ce qu'on appelle le "petit vingtieme siecle": 1914-1991.Car sans le camarade Vladimir Illitch(Lenine), le fascisme n'aurait surement pas ete vaincu en 45, pas de guerre froide, pas de conquete spatiale, de course a l'armement, et pas de Kirghizistan, un pays qui comme 15 autres doit tout, de ses institutions a ses routes, de ses frontieres a sa conscience nationale, a feu le projet sovietique.

C'est aujourd'hui aussi que les Tajiks votent et reelisent Emamali Rahmanov(dit "Ramon").Vraisemblablement il n'aura meme pas besoin de tricher, car il a de fortes chance d'etre plebiscite.Pas etonnant dans un pays qui a connu la guerre civile et s'en remet lentement, et ou (contrairement a l'Ouzbekistan ou au Turkmenistan), subsiste une relative liberte d'expression.Le gouvernement tajik est de toute facon trop faible pour cela.

On vote aussi au Etats-unis et au Nicaragua.

Ici a Karakol personne ne vote, personne ne manifeste, et le nombre de veterans et de nostalgiques qui se sont rassemble en souvenir de 1917 se comptent sur les doigts d'une mains!
Il fait un temps superbe, les Alpes kirghizes etincellent de neige derriere moi,au-dessus de la frange d'epiceas de Schrenck.













De l'autre cote, le lac Issyk-Kul qui est le deuxieme plus grand lac de montagne du monde apres le Titicaca, et que j'ai tout particulierement admire avant-hier au village de Barskoon ou se joue l'Atshavush, version kirghize du Buzkashi, jeux afghan et centrasiatique dont le but est de recuperer, a cheval, une carcasse de chevre et de l'emporter dans le camp adverse.
Et toujours ces flamboyantes couleurs d'automne.

A+

Que votre ombre grandisse

Adrien

4 novembre 2006

Revolution?(2)






Comme promis,quelques news en direct de Bichkek...

A l'heure qu'il est, quelques centaines de manifestants campent sur la place principale,Ala-too: Quatre yourtes et des tentes de camping en rang d'oignon ont ete installe, permettant a une partie des manifestants d'avant-hier de rester jusqu'a ce que le president Bakiev accepte de negocier avec les partis d'opposition qui reclament la modification de la constitution.

Ils voudraient que la Republique Kirghize devienne un regime parlementaire et abandonne le regime presidentiel qui prevaut depuis l'independance.C'etait une des principales revendications du mouvement de mars 2005, celui-la meme qui a amene au pouvoir Bakiev qui promettait d'engager immediatement cette reforme.Bakiev s'est apparement fait a concentration des pouvoirs a partir du moment ou ils ont ete entre SES mains... Pour beaucoup, il est en train de suivre la voie d'Akaiev, son predecesseur qui gouvernait depuis 1990.Celui-ci avait engage les reformes economiques les plus liberales des pays d'asie centrale ex-sovietique, lui valant approbation et felicitations des pays d'Europe, des USA et des organisations pro-liberales internationales(Banque Mondiale, FMI, Union Europeenne,etc...) ...revers de la medaille:Il s'etait tout approprie.Il controle encore probablement une bonne part de l'economie kirghize(mais cela, j'ai plus de peine a le verifier).

On comprend le mecontentement de certains, voyant que celui qu'ils ont contribue a mettre a la tete du gouvernement suive exactement l'exemple d'Akaiev... Seulement, si l'idee de donner le pouvoir au parlement est louable, ce n'est pas un gage de stabilite, au contraire.lorsqu'on voit ce que donne une constellation de petit partis se coalisant au gre de leur opportunisme dans des democratie d'Europe ou du Proche-Orient, on peut se demander si ce systeme va vraiment aider le Kirghizistan a ne plus changer de premier ministre comme de chemise...

D'aussi loin que je le vois, le souhait principal des habitants du Kirghizistan est cette stabilite dont ils ont jouit pendant longtemps avnt les annees 90.Ceux-ci soufflent un peu apres le 2 novembre, puisque le "meeting" n'a pas degenere, et que les quelques milliers de manifestants
sont reste passablement calme.Il faut dire qu'il y a un tres important dispositif policier masse dans la region du parlement et de la place Ala-too.Dans les parcs et zones boises tout autour, ils attendent, tout comme les manifestants, et ont l'air de s'embeter ferme...certains lisent, couche sur leur bouclier, le journal edite par la coalition d'opposition.

Rien n'est encore joue dans le bras de fer entre Bakiev et l'opposition pro-parlementaire...Et tout peut basculer tres vite.

A+
Adrien

1 novembre 2006

Revolution?

Bichkek a l' aube d'une nouvelle revolution??

Ce ce qui est sur, c'est qu'il y a de la tension dans l'air... les gens font des stocks de nourritures, les policiers arretent a tout bout-de-champs, les proprietaires de magasins vident leurs echoppes ou les barricadent... Moi ca me rappelle le G8,le jaune des palissades en moins.

Les groupes mafio-politiques de tout poil ont fait venir leur "troupes" a la capitale, et sous le sobriquet d'"opposition", vont se livrer demain a une monstre manifestation "a duree indeterminee".

Javier Solana doit baver de plaisir, et si cela prend de l'ampleur, pourra se gargariser avec ses acolytes des "25", de formules comme "avancee de la democratie en espace postsovietique", "montee en puissance de la societe civile", "nouvelle Asie centrale",et autre formules abjectes en regard de la realite...

Il y a un an et demi la "revolution des tulipes" avait detrone le presdent Akaiev et mis en place un autre aparatchik, Bakiev (est-ce-qu'il les choisissent par ordre alphabetique??).

La situation n'a pas change, c'est a dire que la vie n'est pas toujours facile au Kirghizistan, mais que l'on vit quand meme et qu'on est heureux parfois...souvent meme.

Mais des lobbies, mafias, politiques, aimeraient un peu plus de la part de Bakiev, semble-t-il, et ils ont fait venir des campagnes leurs pions, car en ex-URSS tout s'achete, meme la colere populaire, et les voila qui remplissent tous les hotels bons marche de la ville.

Quant a moi je loge chez une famille russe, qui comme tout le monde ici, craint pour ses biens:Lors de la derniere revolution "florale", les manifestations s'etaient transforme en pillage de la ville."On" avait donne quartier libre aux mecontents en leur laissant se servir, une nuit durant, dans les magasins ou les maisons.Le grand magasin "Beta", une chaine turque, avait ete incendie, comme d'autres, apres avoir ete vide.

Beaucoup des campagnards achetes pour devenir manifestant sont reste a la capitale,grossissant la masse du bazar ou l'on voit de tout, des pin-ups trop parfaites aux loques humaines qui dorment sur la plate-bande, confits dans l'alcool.

Bichkek est pourtant une ville moderne, dynamique, universitaire, mais derriere l'image "propre", il y a des zones d'ombres, beaucoup de laisses-pour-compte, et une deliquescence certaine de l'appareil etatique.Si presque tout-le-monde regrette l'epoque sovietique(sans trop l'avouer toutefois), personne ne s'illusionne: 15 ans apres, a vivre au jour le jour, plus grand-monde n'espere quelque chose des politiques."On aimerait juste de la stabilite" dit une habitante.

Qu'il y ait de nouveaux troubles ou pas, nos dirigeants feraient bien de venir voir eux-meme ce qu'ils appellent "revolution pacifique" et "societe civile".

je vous tiendrai au courant...
A+
Adrien

30 octobre 2006

Automne en Kirghizie...


Ciao!

Me voila depuis quelques jours au Kirghizistan.
C'est l'automne, les abricotiers s'empourprent dans les collines du pays d'Osh et les bouleaux de Jacquemont font pleuvoir de l'or dans les Tien Shan.

Il commence a faire frisquet, oui, mais qu'est-ce que quelques couches d'habits supplementaires et les oreilles qui mordent un peu, en comparaison de cet eclatant denouement des saisons, tout en effusions de couleurs, cette tension tragique de la nature, et le desert inexorable de la neige qui descend chaque jours un peu plus pres des hommes?

Adieu la Perse
Si l'heritage sovietique m'accompagne indifferement entre Tadjikistan et Kirghizistan, il y a de serieuses difference d'un pays a l'autre, et pas seulement l'etat des routes(celles du Kirghizistan sont bien meilleures).De fait, de ce que je tout ce que je laissais au Tadjikistan, la separation la plus douloureuse ne fut pas celle d'avec ma copine, mais plutot celle d'avec la "Persitude".Le Tadjikistan, comme l'Afghanistan et bien sur l'Iran, est un pays de culture aryenne,i.e.iranienne("aryan" et "iran" ayant bien evidemment le meme racine, designant les indo-europeens de culture perse).
Avant l'arrivee russe en Asie Centrale, "Taj" designait les habitants persophones de ce grand "Turkestan"(en realite tout aussi perse que turcoman).Traditionnellement, ceux-ci vivent dans les villes de culture,Samarcande,Boukhara,Khiva,Mazar-e-sharif,Istaravshan,... ainsi que dans les montagnes du coin Sud-est jamais conquis par des Ouralo-altaiques, c'est-a-dire l'actuel Tadjikistan.Les Ouzbeks sont egalement des sedentaires, occupant les plaines agricoles fertiles et parlant une langue turcomane bien que n'ayant pas les traits mongoloides des Kirghizes et Kazakhs, qui jusqu'il y a recemment etaient integralement nomades.
Le decoupage administratif de l'Asie Centrale par Staline dans les annees trentes enterinne une division qui n'existaient pas jusqu'alors,chaque nationalite vivait selon son mode de vie mais sans limites formelles de terittoire.
La haine que se vouent pas mal d'Ouzbeks et de Tajiks vient indirectement de la(Les trois plus importantes villes tajikes,Samarcande,Boukhara et Khiva, se trouvent maintenant en republique d'Ouzbekistan), et directement de l'independance des republiques.Une independance dont on se passerait bien,ici... (Je vous epargne davantage de theories et d'analepses historiques, mais l'eclatement de l'URSS est a mon avis une connerie des plus supreme.Et pour les habitants de cette "nouvelle Asie Centrale, un coup dur du destin voire une tragedie)

Bref, en arrivant a Batken, bourgade du Sud-ouest du Kirghizistan, j'ai recu une bonne claque en matiere de communication.Aie!J'aurais du me mettre au russe plus tot... J'ai trop oublie le turc pour communiquer avec les kirghizes dont la langue est passablement differente de toute facon.
Sur que je me suis toujours debrouille dans les pays avec ou sans connaissance de la langue,d'ailleurs je ne connaissait pas un traitre mot de farsi en arrivant en Iran, pas plus que du turc en arrivant en Turquie,de l'Urdu a mon premier jour au pakistan ou du serbo-croate au debut de la traversee des Balkans.

Mais c'etait fichtrement comfortable de connaitre le farsi autant qu'on peux le connaitre apres six mois cumules en pays persophones!
Je me souviens que sur le lac de Van, en conduisant le bateau et discutant avec l'equipage, je m'etait maudit de pouvoir me debrouiller assez en turc pour pouvoir repondre au dix-quinze questions basiques,qui sont toujours les memes, et auxquelles on a affaire immanquablement plusieurs fois par jours.Meme chose apres deux mois d'Iran.
Mais lorsque je suis arrive a un niveau plus etoffe de farsi, j'ai realise que le stade superieur est plus agreable, permettant de vraies discussions de fond, et de poser soi-meme des questions bien ajustees.
Bon... je ne sais ce qui me restera du farsi si je ne retourne pas prochainement dans ces regions(il y a fort peu de chance), mais je garde a coeur le projet d'un jour en apprendre suffisament pour lire le Shahnama et les ghazals de Sad'i!!!


Et apres?
Certains me demandent quand est ce que je compte rentrer a Geneve...
Je comptais, le jour de mon depart, commencer "probablement" l'universite en octobre 2006.Ca me laissait jusqu'a un plus de 14 mois de voyage, une etendue immense d'inconnu qui me faisait fremir.
Il y a deux jours, 15 mois s'etaient ecoule depuis mon depart.

Ce que je n'ai pas dit a grand-monde, c'est que depuis deja fevrier-mars de cette annee, j'ai decide de m'octroyer une annee supplementaire.J'ai le vif sentiment que ce voyage est un moment unique de ma vie, et meme si rien ne m'empeche de repartir un jour(ce qui arrivera surement une de ces prochaines annees), c'est surement le seul de ce genre.Des lors, je desire le mener sans concession ni compromis(ce qui induit des sacrifices, et j'en ai deja fait beaucoup), l'achever entierement et revenir repu pour quelques annees au moins.
Le but reste le Japon, mais comme je voyage plus que prevu(depassant donc mon budget et depensant un argent qui n'est plus le mien) et que je me donne assez de temps, je compte trouver du travail au Japon, de quoi remplir un peu le protemonnaie, mais aussi parce que je sens que c'est une assez bonne maniere d'aborder ce pays ou a mon avis meme le boulot relevera du voyage, j'entends du voyage dans une autre facon de fonctionner et de penser.
Arrivee prevue au Japon:janvier ou fevrier 2007.Et si tout se passe comme je l'espere,a Geneve avant octobre 2007.
Voila, vous savez maintenant ce que j'ai neglige de vous dire depuis longtemps deja...


Tout le meilleur
Que votre ombre grandisse
A+
Adrien

15 octobre 2006

Horizons centrasiatiques

Ciao!

Encore a Doushambe, bien occupe entre visas et copine!

Il y a un an je venais d'arriver en Turquie apres deux bons mois de voyage dans les Balkans,de Ljubljana a Alexandropolis en passant par les inoubliables Sarajevo et Belgrade, entre autre merveilles...
On est en plein ramadan et j'etais arrive en Anatolie le jour de la mi-ramadan.C'est dire si je m'en souviens!J'avais decide, par respect et aussi juste "pour voir", de faire le jeu^ne.Deux choses m'avaient marque:Les nuits "bifides" parce qu'on se reveille a quattre heure du matin pour manger, apres 4 heures de sommeil(generalement), et que du coup on se recouche apres jusqu'a huit-neuf heure.Et l'atmosphere fraternelle, voire familiale, des repas qu'on m offrait.Excellente occasion de decouvrir la richesse et la diversite de la cuisine turque.

Cette annee je ne fais pas le ramadan. (pour ceux qui se poserait la question, apres un an de voyage en pays d'Islam, je ne suis pourtant pas musulman!) D'ailleurs a Doushambe peu de gens respectent le jeune...quant a moi, j'etais au pamir,ou a peu pres personne ne le fait, lorsqu'il a commence.



Plus exactement, le dernier jour avant le ramadan j'etais dans un village appele Roshan("la lumiere" en farsi).Arrive de Khorog apres un detour dans les Pamirs de l'Est, a peine descendu du bus j'ai entendu de la musique venant d'un jardin.je me suis approche discretement et j'ai ete comme happe par la foule qui m'a propulse au debut de la table, pres de la place des maries.Car evidemment c'etait un marriage.
Un marriage pamiri:des centaines d'invites(souvent une bonne moitie du village, et Roshan est un des plus grands villages du Badakhshan), deux jours de banquetterie, de festoiement et de musique live, et enfin des coutumes ismaeliennes particulieres, comme le passage d'un bol rempli d'une mixture quasi-secrete(generalement lait,miel,farine,entre autre...) des levres du marie a celle de la mariee,qui scelle l'union.
De par ma qualite d'etranger, double de mon origine suisse(l'imam des temps des musulmans Ismaeliens, c'est-a-dire le successeur en droite ligne du prophete Mohammed est ne et a grandi a Geneve), j'etais devenu VIP, ce qui ne les a pas empeche de me presser de danser.Je me suis execute avec plaisir: en adaptant un peu le pas afghan, en mettant un peu plus de manieres dans les mains, et en improvisant pas mal, on obtient grosso modo la danse des Pamirs de l'Ouest.
Mes hotes etaient tellement ravis qu'ils ont envoye l'arriere-grand-mere m'offrir une enorme paire de chaussettes multicolores.
Bien plaisant aussi de pouvoir parler en vrai farsi, car comme ici on parle une autre langue du groupe iranien, tres archaique(le dialecte Roshani du Shughnani), on apprend a l'ecole un farsi tres litteraire,contrairement au "tajiki" sorte d argot mine par 20% de mots russes.
J'ai accepte de bon coeur le verre d'arak que le Khalifat(guide religieux du village) m'a propose!Excellent exemple de la tolerance des Ismaeliens...
Le lendemain, lorsque j'ai vu quelques hommes soigner leur gueule de bois par quelques bols de vodka, j'ai compris que le ramadan par ici est surtout symbolique...

Moi je m'etais modere, et j etais d'aplomb pour attaquer a pied la vallee de Bartang(de bar: raide et tang: etroit), juste le coeur un peu serre de quitter cette famille(celle de la mariee) adorable qui m'avait presque adopte.Mais un bon shir chai me consola bien vite: the, lait, sel, une grosse noix de graisse a faire fondre dedans, puis rompre une galette dedans, avant d'en repecher les morceaux.Le moins qu'on puisse dire c'est que c'est lourd mais a cette altitude on y prend gout!!!

Bartang prend parfois des airs de Chitral, avec cette muraille de montagnes de chaque cote(deux cretes qui depassent souvent 6000m.), cette mineralite brute et ces villages poses dans un meandre avec l'eclat detonnant d'un oasis.Mais c'est plus raide, en effet.Et les montagnes sont beaucoup plus fantaisistes: Chamarres de beiges, faces entierement rouges, degrades mauves et ocres, veines noires, et pointes bleues de neiges eternelles.

Avec ses 200 kilometres de long, je ne suis pas arrive jusqu'au bout de la Bartang en cinq jours de marche et de camion(a peine plus rapide).Mais si j'etais alle plus loin, je serais arrive au lac Sarez, qui un jour-nul ne sait quand, tavakalt'e Khoda- se liberera de la gangue d'eboulis qui l'a forme accidentellement au debut du siecle, et inondera toute la vallee de l'Oxus jusqu'a Samarcande.Plus loin encore, je serais arrive sur le haut-plateau des Pamirs de l'Est,dont je revenais par cette route qu'on a baptise Pamir Highway.
Une route bitumee il y a deja 70 ans de cela par le prevoyant gouvernement sovietique, mais qui depuis l'"independance" n'est plus entretenue, si bien qu'elle se disloque et se croute sous les roues des puissants Kamaz.

La-bas, a ce qui semble etre un des bouts du monde, il y a une petite ville sovietique ou les poteaux electriques remplacent les arbres qui n'existent pas dans cette region du monde, ou des Kirghizes en kalpak incongru mangent du yak dans des maisons aux murs blancs lepreux... C'est Murghab.

Murghab... et la steppe immense tout autour.
Une ville la ou il ne devait pas y en avoir, la ou le nomadisme est la seule survie possible.Ne au 19e comme poste militaire pour garder ce coin de Russie si strategique, elle a prospere sous l'URSS qui avait interet a "montrer l'exemple" aux voisins chinois,afghan,et britannique(puis pakistanais).Mais apres l'implosion de l'union,Murghab qui etait sous perfusion de Moscou via Osh(au Kirgizistan maintenant,un des plus important bazar d'Asie Centrale), s'est retrouvee livree a elle-meme dans la solitude des teresken et la megalomanie du climat d'un haut-plateau desert a 4000m.d'altitude.
Les Kirghizes n'y vivent pour la plupart qu'en hiver, estivant a la belle saison dans les jailoo("paturages")avec les yourtes.
Lorsque j'etais la-bas, fin septembre, c'etait precisement la fin de l'estive.Apres un peu de route a pied ou perche sur un camion, arrivant au hameau de Subashi(ou on egorgeait et depecait 11 yaks en prevision de l'hiver), puis en continuant dans le chaos des croutes de sel et des boursouflures de touffes d'herbes,a me coincer le pied tous les 50 metres dans ces ruisseaux de tourbiere presque souterrains,... j'ai enfin trouve une yourte.Une seule.C'etait un jeune couple avec ses deux petites filles, dont la plus agee-5 ou 6 ans-m'offrit le the avec la main sur le coeur comme le veut la tradition.
Requinque par la petite famille Kirghize, je repartis pour faire la vingtaine de kilometres qui me separait de Murghab... juste a temps pour voir un immense mur noir s'avancer vers moi.Ca prenait toute la place, du sol jusqu'au ciel, et reduisait progressivement l'horizon...au loin, mais s'avancant,et s'avancant tres vite.je suis reste ebahi quelques secondes avant de realiser que c'etait une tempete.
Une tempete givrante,une sorte de trou noir ambulant, qui opacifiait tout comme si les montagnes disparaissaient apres.A l'interieur:vents anarchiques, grele, et temperatures polaires.
Je me suis mis en boule,la tete entre les genoux, en essayant de proteger mes oreilles et mon visage...

Ca a passe.Assez vite meme.Je tenais encore en un morceau, mais le paysage avait change:la steppe et les montagnes etaient couvertes d'une mince et coriace couche de neige, et le calme etait encore plus assourdissant qu'avant.


...arrive a Murghab a temps pour le shir chai de l'apres-midi, dans la bicoque de mes hotes Wakhi.
Et puis le lendemain je suis revenu en auto-stop a Khorog, c'etait quelques jors avant d'arriver a Roshan et d'amorcer le retour(pas en avion cette fois, j'ai bien dis que c'etait une exception) vers Doushambe.
La capitale, j'en partirai sous peu.J'ai en poche mes visas pour la Kirghizie et l'Ouzbekistan(tres dur a avoir depuis le massacre d'Andijan l'annee derniere);je suis pret pour cette derniere partie de l'odyssee centrasiatique(quelques mois encore)!

Bonne rentree aux universitaires, tout particulierement a certains camarades voyageurs qui retournent desormais a la morosite genevoise.

Bisous
Adrien

16 septembre 2006

Pamirs

Khorog, Gorno-Badakhshan.

On appelle ca aussi "Pamirski territorje"...le toit du monde,ou de l Asie en tout cas.La plupart des villes et villages sont a plus de 2500-3000m.,et les montagnes(100% du territoire)montent au-dela des 7000.
On est cerne:A l'Est, les Kunlun Shan,qui ont des bons 7000 aussi.Au Sud-Est, l Himalaya -rien que ca, le Karakoram,et l Indu Raj.Au Sud et au Sud-Ouest, l Indu Kush qui souleve tout l'Afghanistan.A l Ouest,les montagnes Fan, au Nord les Monts Alai et les Tian Shan Kirghizes... Il vaut mieux aimer l altitude.

A Doushambe je me plaisais bien, entre mon bloc 102 chez mes potes Afghans, le bazar du bloc 82, mes amis suisses ou francais qui travaillent ici, ma copine, et le centre assez vivant comme au "bazar vert" ou les terasses ombragees de l avenue Roudaki.Apres six mois de tribulations dans des pays assez "sauvages", c etait la premiere ville qui a la fois etait digne de ce nom et a la fois etait sure.Ici pas de fusillade en plein jour, ni meme la nuit, pas de train attaque a la roquette, pas d ingenieurs etrangers assasines, pas d'Ong kidnappees... c est calme, et un peu de calme de temps en temps ca fait du bien.On y prend gout.

Il faut parfois des exceptions, ne serait-ce que pour confirmer des regles.Ainsi le 8 septembre j ai pris le самалёт... l'avion,quoi...pour un vol court mais assez inhabituel.De Doushambe, la capitale, a Khorog, le chef-lieu de l Oblast Autonome du Gorno-Badakhshan.(C est doublement redondant, puisque que gorno veut dire montagneux en russe, et shan montagne en chinois...mais on n a pas besoin de ca pour savoir que le Pamir est montagneux).
Quarante-cinq minutes, c est court, mais c est dense.Le coucou slalome litteralement entre les montagnes, qui sont de plus en plus hautes, en rase-motte au-dessus de sommets glaces, et un atterissage en pique en vis-a-vis d un mur de roche sur une piste calee dans la gorge du haut-Oxus.
Ici les montagnes ont quelques chose de plus, et vu d en haut c est a couper le souffle: Les traits ciseles des ruisseaux invisibles, la palette des beiges, des ocres, des sanguins, et l eclat de la glace, le velours dore de ces pentes trop humbles pour supporter des forets, et enfin les immenses rosettes fractales que taille l erosion.

Passer de Doushambe a Khorog, c est un peu comme passer de Syldavie en Bordurie!!!Il y a tres exactement cette ambiance des Balkans imaginaires de Tintin,et on ne placerait pas plus facilement sur une carte le Gorno-Badakhshan!

Ici on parle Shughnani, un patois tres archaiques du persan.Je n y comprend goutte.

Retour chez les Wakhi.

D ailleurs j ai file droit vers le Sud de la contree, pour retrouver des Wakhi.C est que la moitie du Wakhan inferieur est au Tadjikistan,coupe dans la longueur,la riviere faisant la frontiere.

A partir de la moitie de la portion tajike du Wakhan, je suis alle a pied, a cause du paysage grandiose et de l hospitalite qui permet ce denuement.Si on n y prend garde, on risque de passer plus de temps a manger pommes, confiture d abricot et potok epais trempe dans du the sale, que de marcher.Les Wakhi ne font pas de ronds de jambes comme les Iraniens, ils vous prennent par la pogne et et vous emmene chez eux:"Khosh amaded!".Et c est de bon coeur que j entre dans ces maisons ismaili aux cinq piliers et toit a quattres losanges superposes, parce que la nuit est fraiche et que le soleil du Wakhan tape comme un forcene.J ai des coups de soleil sur les mains, que j ai pourtant garde au fond de mes poches.

Tout le long du Wakhan, forteresses zoroastriennes ou meme stupas bouddhiques surplombent les mazar(tombeau sacres) ismaeliens decores de moult cranes de bouquetins et les immenses cornes de la chevres de Marco Polo.

Plaisir immense en tout cas que de ressortir les cliquettis de la langue wakhi,comme pour demander la source la plus proche:"Ypk k'k kumr tei?"

Mon horizon desormais c est les pamirs de l Est, hauts-plateaux des nomades Kirghizes.

A+

Adrien

29 août 2006

M'y voici, tovorichtch!

Zdrasdvuytye!(Eh oui, on passe gentiment au russe)

La voila enfin l Asie Centrale, celle dont on entend parler dans les journaux.Meme si pour moi, l Asie Centrale, la vraie, je viens de la quitter.C etait celle des turbans de 10 metres, des coupoles bleues ou tourbillonent les zikr des souffis en transe, des monuments historiques inestimables que personne ou presque ne va jamais voir, perdu dans des fiefs talibans ou des montagnes habitees de transhumants...Et de tellement d autre chose.Bref c etait l Afghanistan.

Alors comment appeller les contrees qui remplissent mon horizon depuis que j ai passe l Oxus(l Amou-darya) il y a quattre jours?
C est d abord l'(ex-)U.R.S.S.(oui, j hesite a mettre le "ex-").Ensuite alors, par deffaut, on appellera ca aussi Asie centrale, mais on gardera a l esprit que la slavitude y a construit autant qu efface, avec une efficacite sans detour, et que ca se voit.
Ne croyez pas que je me plains de l heritage sovietique, une fois que j aurai digere les mille "registratsia" et autres permis speciaux qui chacun coute de nombreux dollars(Ah, ces pays qui ne font pas confiance a leur monnaie!), je profiterai alors pleinement de mes nouvelles libertes (Ca fait quand meme plaisir de pouvoir parler au sexe oppose sans avoir a craindre qu un grand frere vienne vous liquider).

Si je n avais pas ete clair, je suis a Doushambe, Tadjikistan.Drole de pays.Chaque chose m est vaguement familiere mais leur agencement me parait incongru:Les gens parlent la langue de l Iran en vivant comme des Russes, toutes les femmes sont habillees comme des paysannes Bosniaques et les hommes ont des petits chapeaux carres...ceci au milieu de blocs tous identiques(Je suis dans le Blok 102... et vous?); entre deux voies d autoroute on fauche a la serpe ce qui fait diablement penser a un bout de cocagne macedonienne...
Et les tetes des gens!Il y a de tout, et tous les melanges possibles.On distingue des traits altaiques par-la, slaves par-ici, ougriens de ce cote,... et finalement on ne cherche plus parce que c est impossible de savoir.Cette contree est un carrefour de peuple depuis des milliers d annees, et ils y ont tous laisse un paquet de chromosome.Allez-y pour les dissequer a vue!Moi j ai abandonne, je me contente d observer.

Bientot de nouvelles anecdotes centrasiatico-sovietiques, que j essayerai de develloper en parallele du post sur l Afghanistan que j ai a peine entamme(il y a encore tellement a dire sur cette partie du voyage...parfois j ai envie de garder tout ce que je n ai pas encore raconte sur l Afghanistan pour moi)

Salutations socialistes

Adrien

17 août 2006

bien a vous, d Afghanistan



Bismillah-irahman-irahim!


Encore une fois,je suis a Kaboul.En Afghanistan toutes les routes menent a Kaboul,et seulement a Kaboul.

Il va donc falloir que je vous detaille mes peripeties?Soit.C est parti!

L Afghanistan n est pas seulement la voie la plus courte du Pakistan a l Asie Centrale ex-sovietique(les "-stan"),c est surtout un pays qui me faisait rever depuis longtemps.
Dans les Chagai hills(le train baloutch, vous vous souvenez?),vers Quetta,au bout de la vallee de Chapursan qui mene aux confins du Wakhan tout comme Yarkhun et les vallees Kalasha qui rejoignent les monts du Nouristan,je m etais approche de tres,tres pres.Apres avoir flirte avec la frontiere cote Pakistanais,il fallait que j y entre pour de bon!

Alors apres la fournaise de Peshawar(48 degres), j attaquai enfin le fameux Khyber pass.Le jour precedent, j avais obtenu en deux heures et pour peu d argent mon visa afghan...enfin un visa facile a obtenir!Vraiment facile.
En revanche, personne ne m avais indique qu il fallait un permis special pour traverser la zone tribale qui se trouve entre Peshawar et la frontiere.Je l ai appris au dernier moment,et je me suis dit, Y'allah kheyr, je vais le tenter sans permis, c est pas un bout de papier qui protege dans ces coins-la!

Le lendemain, un peu tendu je l avoue, j ai pris un minibus pouilleux de Karkhano,le bazar des trafiquants.Les bus pour la frontiere partent seulement d ici.Apres une attente intenable, le chauffeur a demarre, et j ai franchi le premier obstacle:la frontiere des zones tribales,qui commence immediatement apres Karkhano.Personne n avait capte mon origine non-pashtun et/ou non-afghane.Il y avait encore une heure a tirer jusqu a la frontiere.
Les maisons ici deviennent des forteresses:Une enceinte en pise de 5metres de haut,en quadrilatere,avec un mirador a chaque coin... tout ca pour ne pas qu on voit les femmes?Siderant! Et aussi parce que les Pashtun sont des guerriers,et un guerrier vit dans une forteresse.Logique,non?Enfin,c est ma theorie.Si vous en doutez,allez leur demander.
Le Khyber ca n est pas un col a proprement parler,mais plutot une longue montee en colimacon.Une voie de chemin de fer des plus saugrenues joue a cache-cache avec la route en passant a travers un nombre incalculable de tres courts tunnels,ou sur des ponts en pierre seche.
On traverse Landi Kotal et son bazar bourdonnant et plus magouilleur que tous.Ici la seule loi c est le pashtunwali!!!Et aucun pays,aucun gouvernement ne le conteste.
Et puis la voila,la frontiere:un replat(cense etre le col,peut-etre),et un pont.Le pont,c est la frontiere!Des familles entieres avec des ballots gonfles comme des baudruches, des sacs de riz remplis de tout sauf de riz,sur des charriots a roulettes,des troupaux de chevres,des floppees de coitrons a peine surveilles par des burqas anonymes et bien impuissantes,plus occupees a faire avancer un ane teigneux charge de couvertures pendant que leur barbu de mari serre des mains... tout cela passe dans la confusion la plus totale.

Suis alle montrer ma face a la douane pakistanaise,qui m a demande ou etaient mes gardes armes, mon taxi prive et mon permis, j ai dis nichta,mon oncle.Ils ont voulu me faire retourner a Peshawar,"for my safety",prendre tout cet attirail qu ils me reclamaient.Et puis, au bout d un moment, ils se sont resignes.J ai passe le pont,trouve la douane afghane qui etait bien cachee, dit bonjour a Massoud qui toisait le bidasse qui a paraphe mon visa...
J etais arrive en Afghanistan!


1.Kaboul

"Lorsque le voyageur atteint Kaboul,[...]il se flatte d etre arrive au bout du monde.En realite, il vient d en atteindre le centre."N.Bouvier
C est vrai.
Kaboul,ce fut d abord pour moi un des bazar les plus vibrants que j ai vu.Imaginez:une foule compacte comme jamais,sans arret on cogne des turbans ou s encouble dans les drappes d un voisin.Des marchands du Khorassan au Badakhdhan,du Pendjab a la Bactriane, du Ghorband a l Arachosie, en passant par le Hazarajat et le Registan,viennent jusqu ici.
On y achete et vend avec frenesie, des cereales,des clous, des tetes de chevres, du toc chinois, des jus de fruits iraniens, des tapis bleus, des epices, du naswar, des couteaux US, des abricots frais, des racines de noyer, des perches en bambou, des couvertures pashtun, des turbans d Herat et des burqas du Wardak, des casseroles enormes, des images de stars bollywoodienes, de la farine russe, des recipients en pneu usage, des toques en astrakhan turkmene, des poules pretes a etre saignees, des chaussures en plastic du Pakistan, des pasteques demesurees,et mille et mille autre chose.
Le Sud et l Ouest dela ville sont lamines par les 25 annees de guerre civile,tandis que Shahr-e-nau(la ville nouvelle),pas grande mais proche du quartier des ambassades,se transforme continuellement.J ai fait 4 sejours a Kaboul, et j ai vu des changements nets a chaque fois au sud du Park-shahr-e-nau.En l espace de deux mois, 4 ou 5 centre commerciaux a l amerloque se sont eriges,des restos ont ouverts, des restos ont ferme, le nombre de distributeurs automatiques a quadruple,et ca ne s arrete pas!Vous appelez ca "du devellopement"?C est tout le contraire!Il y a un afflux de richesses qui profite a une extreme minorite, dont un tres grands pourcentage d expatries,alors que tout le reste des habitants se demene au quotidien.Le devellopement, ce serait de palier l enorme carrence en eau a laquelle la ville fait face depuis qu elle a gonfle de plusieurs millions d habitants, ou mettre a la retraite les chefs de guerre demi-dieux qui gangrenent le pays... mais c est trop difficile, alors "on" se contente de brasser de l air, de la paperasse, des projets " de reconstruction" bidons, et "on" va ramasser l argent de Bruxelles et New-York pour le depenser dans les Mall de shahr-e-nau.

Qnad je dis "on", je pense en particulier au "Monde des expat'".A Kaboul il y a deux monde parralelles, qui se cotoient toujours, parfois avec des frottements, mais jamais ne se voient.
Le monde des Afghans, d abord, essentiellement des ruraux urbanises.
Le monde des expat' ensuite, ONU, ISAF, O.N.G.(il y en a environ 3000), entreprises etrangeres...

Un mur opaque les separent, pourtant ils vivent l un a cote de l autre.L avantage, lorsqu on est voyageur comme moi, c est qu on peut passer de l un a l autre a son gre. ...meme si on finit toujours par etre degoute du monde des expat'.

Je suis monte dans une jeep d Oxfam(ong us)-comment j en suis arrive la serait long a expliquer-,voila le topo:Une 4x4 blanche avec une antenne de 3 metres de long, des que l on est a l interieur les portes sont cadenasse automatiquement et le chauffeur bloque les vitres.Si un membre de l ONG veut aller au resto ou meme simplement acheter des cigarettes au coin de la rue, il doit demander la permission a trois types differents, et ca n est pas sur qu il recoive l autorisation!D ailleurs,dans la plupart des 3000 ONG, ainsi qu a l ONU etcaetera, il est formellement interdit de parler avec un Afghan.On m en dira des nouvelles, de l amitie entre les peuples par l humanitaire et blablablabla.ONG,ou comment creer des murs:en beton,psychologiques,ethniques et entre classes!!!!

Heureusement il y a quelques exceptions,expres pour confirmer la regle.Comme MADERA, cree par un Pyreneen genial qui a passe ces 22 dernieres annees en Afghanistan, traverse tous les regimes et toutes les sales annees,et qui plus est dans un coin pas facile:La province de Kunar et du Nouristan( entre autre), d ou le djihad est parti et ou la guerre depuis lors ne s est jamais terminee.Il connait pas mal de commandants moudjahidin, de tous bords et finalement peu importe le parti ou la fraction, pour lui se sont des hommes, des chefs de tribu accessoirement, et ce sont ceux avec qui il doit travailler(ameliorer l elevage des chevres, la culture du topinambour ou la sauvegarde des dernieres forets de cedres du pays, par ex.) Mais ce qui m attache a lui, ce sont surtout les geniales digressions dans lesquelles il s emporte volontiers, sur le traffic des arbabs de Djibouti ou les origines sogdiennes de la Bactrianne, la colonisation du Khwarezm ou les razias turkmenes sur les campements de Kurdes nomades du Khorassan.


2.Ghazni-Paktya

Ghazni, c est deja le Sud... sur la route Kaboul-Kandahar, celle qui mord soi-disant!Elle ne mord pas mais c est vrai que ca n'est pas la plus sure du monde.il n empeche que cette route est belle, et la prochaine fois je la ferai en entier(et celle du Dasht-e-margo aussi).

Apres avoir soupese ma vie dans la balance du risque, j ai estime que j avais assez de chance pour y aller sans casse(et en revenir) pour tenter l aventure.
Dans le minibus, j etais a l aise, le passager a cote de moi etait bavard mais monologuait surtout,je me contentais de repondre en parlant un minimum(en farsi).de toute facon toute l attention des gens etait accaparee par un groupe de tribaux de je-ne-sais-quel bled du Pashtunistan qui rechignaient a payer...ils en jetaient plein la vue avec leur barbes immenses et leur gros turbans noir et or, leur patun(couverture-chale) en plein ete!

A Ghazni je me suis pointe directement chez Haji Sher Alam, le gouverneur... qui n etait pas la.Alors les bidasses m ont dument controle et fouille, offert un peu de leur gruau, amene au chef de la police, et la rebelote controle-questions.Puis une grosse legume de l administration m a prete, comme ca, parce qu il est Afghan, une jeep avec chauffeur,deux gardes en civil et un militaire.C est bien pratique, parfois:j ai pu voir les deux minarets neuf-centenaires sous toutes les coutures(ils etaient un peu reticent a ce que je photographie le cimetiere des chars sovietiques,mais tout autour des minarets il y en a tant que j en avais forcement dans mon objectif), monter dans la citadelle qui est bien minee(eux connaissent), et rendre hommage a Mahmud-Khan-e-Ghaznevi,le Turco-mongol qui poussa ses conquetes de l'Indu Kush a la plaine du Dekkan(en pleine Inde), avant que son empire se fasse devaster par le Ghoride Ala-ud-din Jahansuz.Il a un modeste ziarat(tombeau-lieu de pelerinage), rien de mirobolant sauf quand un souffi qui fait son zikr depuis Kaboul vient s y ecrouler, completement parti, encore secoue de spasmes:"Allah HHou,Allah HHou!", comme c est arrive au moment ou je sortais.
Les flics m ont case dans un hotel bien situe, proche du bazar et de la vieille ville qui est une des plus passionante que j ai vu.Ghazni, je m en souviendrai longtemps!

Ensuite, histoire de ne pas reprendre la meme route qu a l aller, j ai fait un grand detour par Paktya et Logar.
La route Ghazni-Gardez, c est quelque chose: Des paysages volcaniques, des fortins pashtun comme on en fait qu au Waziristan, et pas une SEULE burqa!!!On est pourtant en plein fief taliban, mais c est aussi le coeur du Pashtunistan, et ici il n y que verts suaves, rouges carmins, oranges subtils et violets capiteux,et a peine un voile lache sur la tete.


Pour aller a Gardez:une seule solution,des vieilles Toyota qui partent des qu'elles sont pleines-suffit de quattre ou cinq passagers.Ma place etait dans le coffre,la barbe contre la vitre.Je n'ai pourtant pas echappe aux questions,et avec les trois heures de route cahoteuse, il n'y a que trop de temps pour que les quattres tribaux en posent.je declarai que j'etais Chitrali,pratique comme les Chitralis ont la peau claire comme moi mais en plus sont musulmans sunnites.

Le but etait qu'ils ne me decelent pas comme un etranger, car etranger ici signifie argent et que ces collines volcaniques etaient l'endroit reve pour se debarasser de moi sans que personne ne sache.Telle etait ma crainte, la leur etait tout autre:c'etait que je soit candidat a l'attentat-suicide.Nous etions a peine parti que deux des barbus a pakol se mirent a paniquer, avertissant le chauffeur que leur familles et leurs surement tres nombreux enfants avaient besoin d'eux pour un temps encore,que je ne pouvait pas rester.Se tournant vers moi ils me demanderent encore une fois si j'etais arabe, et ce que j'avais dans mon petit sac noir... situation completement inimaginee:je me retrouvai a tenter de rassurer des vigoureux partisans des taleban...qu'ils n'allaient pas mourir aujourd'hui au nom de l'Islam-pas par ma faute en tout cas.

Cette eventualite macabre ne derangeait manifestement pas un pashtun de Khost,visiblement honore de ma presence.Il me demanda de nombreuses fois pendant le voyage,dans un sourire qu'il peinait a cacher, si je n'etais vraiment pas venu pour le djihad.Je dementis a chaque fois.


Si je n'etais pas un endoctrine,alors je devais etre un etranger,espion peut-etre, penserent-ils alors.Aie!mauvais pour moi...Mais avec ma barbe folle, mon teint de talib qui a passe sa vie en madrassa,mon shalwar-kamiz blanc,mon keffieh,mon sac mysterieux et ma connaissance du farsi,il ne pouvaient s'y resoudre.Je devais etre un djihadiste!Je soutenai mordicus ma version:Chitrali,musulman mais pas talib,venu pour voir du pays,un seyyah(voyageur) quoi!Difficile a avaler pour eux, mais j'affichais un sang-froid(contrastant avec les battements de mon coeur,parce que j'avais vraiment peur)qui les desorientait.


Pour les rassurer, je sortai mon rollei et fixais sur pellicule le paysage et eux-meme.Ca detendit legerement l'atmosphere,pas plus.

Je senti le souffle de tous s'arreter lorsqu'un convoi de l'armee americaine nous croisa,et des prieres-exaucees, s'envoler furtivement!

Je vis aussi des taleban a velo, un maitre et un disciple,leurs turbans blancs claquant dans l'air epais.

Singulieres apparitions,ici quotidiennes.


Gardez... le gout des melons ne change pas beaucoup,et ils ne valent pas ceux de Samangan.Poussiere omnipresente, environ 40 degres.Un gros bourg aux rues riches de detritus cuisants au soleil,les memes helements de bazar qu'ailleurs...

Mais a bien y regarder,il est evident que l'on a change de contree:Il y a ces pakols en forme de cone ecrase,larges et rigides comme ceux du Waziristan qui n'est plus tres loin.Et surtout ces tas immmenses de bois de Chilghoza(Pinus gerardiana) et de gnevrier,parfois meme de cedre odorifere, arraches a la montagne et qu attendent d'etre envoyes vers Ghazni et Kaboul.Reliques des sublimes et rares forets afghanes, presque reduites a neant.

Le Paktya.

28 juillet 2006

Un mois d Afghanistan,un an de voyage!

Bonjour!

Le titre est explicite...Me voila de retour a Kaboul apres une courte mais passionante odyssee afghane(qui continue).Notamment:

Ghazni et ses deux minarets neuf-centenaires plantes au milieu d un desert de chars d assauts rouilles,

Paktia l irreductible,

Bamian,entre Bouddhas et les plus beaux lacs du monde,

Afghanistan central jusqu'a Herat la ville timouride,

De la Mazar-e-Sharif a travers les collines pomelees de Badghis et Faryab,

Et enfin Samangan...

Des details...tres prochainement.

Et encore:aujourd'hui 28 juillet,c est un an de voyage qui me toise.Deja!

A tres bientot
Adrien

30 juin 2006

Encore le Nord...

Ishpaata!

Desole pour ce long blanc.Ces deux derniers mois j ai sillone le Nord du Pakistan,region superbe mais peu connectee.Il y a bien quelques echoppes qui se pretendent "internet cafe" mais lla lenteur est telle qu on lit au maximum un mail en une heure.Et entre les deconnexions subites,les virus bizarres et les coupures de courant,on peut oublier...

Il y a deux voies qui menent au Nord:La Karakoram Highway,depuis Islamabad-Rawalpindi,qui atteint Gilgit(ex-royaume du Cachemire) apres 700 kil.,la plupart de la route dans la haute vallee de l Indus qui est alors une gorge etroite ,Hunza 80 kil plus loin et la frontiere chinoise 200 kil.apres Gilgit. D autre part,depuis Peshawar,en longeant la frontiere afghane et passant le col du Lowari,on arrive dans la legendaire vallee de Chitral.Une route longue et mauvaise relie Gilgit a Chitral en un axe Est-Ouest. Mais ce qui est passionant ce sont les "side-valleys",un peu plus isolees,etonnament diversifiees,tant pour les gens que pour les panorama.


Gojal

Il est difficile de quitter Hunza,qui malgre la manifeste determination de la population de suicider leur culture au tourisme,reste une ile de tolerance au Pakistan et probablement le plus beau paysage que j ai vu d aussi loin que je m en rappelle. Plus au Nord,en direction de la Chine,cette longue vallee prend le nom de Gojal et la langue locale change egalement.Jusqu a la Chine et meme au-dela de la frontiere,on parle Wakhi,et l etnie est la meme que dans le corridor du Wakhan(logique non?).

(N.B.linguistique:Je pense que Wakhi(le nom du peuple et de la langue),ne vient pas de Wakhan(le nom de la vallee Afghane),ce serait plutot le contraire,Wakhan qui vient de Wakhi.Sinon,le peuple se serait probablement appele Wakhani.Un exemple:Roma ne vient pas de Romulus,etant donne la presence du suffixe -ulus qui trahit le fait que Romulus derive de Roma.Ainsi,ce serait plutot d autres peuples d Afghanistan qui aurait donne le nom de Wakhan au corridor comme les habitants de cette vallee d Afghanistan s appelaient Wakhi.Le nom du peuple,"Wakhi",serait anterieure-pour moi- a celui du corridor afghan,"Wakhan".Mais tout le monde s en fout,donc je ferme la parenthese.)

A Passu comme dans le reste de la chaine du Karakoram,le paysage est brut et sec,des montagnes de 7000m. sont composees d ardoise et de gravats.La pluie(rare)pele la montagne et cree des amoncelements de millions de tonne de sable en forme de deltas,ce qui oblige la riviere a se faire un lit tout en meandres.C est que se nichent les villages,dans un dense ecrin de peupliers d Asie,de Muriers noirs et d Abricotiers.

Autour de Hunza et passu,j ai fait de longues balades,de vrais petits treks en fait,avec Federico,un Italien.A chaque fois que je lui disais adieu,comme a beaucoup de voyageur que je croise quelques jours,je le retrouvais ailleurs deux ou trois jours plus tard.Finalemenet j aurai crapahute en sa compagnie plus d un mois et demi en cumulant.Il voyage depuis six ans neuf mois par annee,bossant comme chef cuisinier les trois mois restant.Au bout de qulques temps nous avons commence a cuisiner notre tambouille nous-meme,avec un petit rechaud a gaz.C est fou ce qu on economise avec ca, et avec son savoir-faire on mangeait BIEN!Je me souviens de ces gnochi frais qu on s etait mitonne au milieu de nul part,Mmmm!On aurait bien voulu esayer la version alla romana,mais pour ca il faut un four a pizza et nous n avons pas eu le courage de realiser l installation d un foyer avec trois pierres plates que nous avions imagine.

Autour de Passu,belles marches le long de glaciers qui craquent comme une enorme machine en mouvement,longs ponts suspendus a la Indiana Jones,et delicieuse soupe d abricot.


Shimshal

De mon cote je suis ensuite alle dans une vallee auxiliaire vraiment paumee,accessible en Jeep depuis Passu.Tout les tres rares touristes qui vont la-bas viennent treckker,avec matos et porteurs,avec la vallee comme camp de base.J avais l air un rien stupide,a ne pas pouvoir faire de marches autres qu autour des villages.Mais j ai finalement trouve une bonne marche:simplement,revenir a Passu a pied.Ca m a pris toute la journee et quarante kilometres,et a croiser des orpailleurs ou des chevres sauvages.
Un peu peine de quitter le Chalpindok,un vrai plat de bourru:un nan,badigeonne de beurre de yak,puis de fromage de yak(encore plus fort),la-dessus un autre nan,et on recommence jusqu a faire une belle pile bien imbibee.Les Fisherman's friend ne font definitivement pas le poid!!!C est excellent mais ca fait pleurer tant c est fort.


Chapursan

Nous sommes alle a Sost,la derniere bourgade avant la frontiere chinoise,et de la dans la vallee de Chapursan,dont le nom signifierait "Que demander de plus"(Chize purson?)en Wakhi,et qui mene justement au confins du Wakhan Afghan.Federico m accompagna dans mon idee de faire cette vallee a pied.

Et ce fut l occasion de certaines des plus belles rencontres de ce voyage,allant de village en village dans un paysage d une brutalite merveilleuse,canyon jaunes sur fonds de sept-mille entierement blancs de neigeLes habitants sont ismaeliens,la branche la plus tolerante de l Islam.De nombreuses fois des bergeres a tresses noires tenues par du fil de fer nous ont invite dans leur famille pour passer la nuit ou simplement prendre le the sale et le potok(le pain local,pas plat pour une fois,tres nourrissant voire bourratif...du pain elfique en quelque sorte).Pendant une semaine nous avons ainsi ete au regime the-potok.

Apres trois jours de marche nous atteignions le dernier village de la vallee,un jour supplementaire et nous arrivions dans le dernier endroit habite,trois masure autour de la tombe d un saint homme mythique.Le vieux Hadji Mohammed,80ans passes-un age cannonique pour la-bas-,nous accueille parmi ses yaks et ses chevres qui approchent si on crie "Brrra,Brra!".

Le lendemain nous poussons encore plus loin,au milieu des montagnes rouges qui annoncent l Afghanistan.Mais une tempete de neige nous oblige a rebrousser chemin a quelques heures des cols qui marquent la frontiere(que nous n aurions de toute facon pas pu franchir).

Revenu a Sost avec 140 kil dans les jambes et une bonne base de la langue Wakhi(assez simple,et proche du persan).


Kalasha

La premiere fois qu une femme,non accompagnee en plus m a salue,a Hunza ou commencent les zones ismaeliennes,j etais estomaque.Ca ne m etais pas arrive au Pakistan. Pour entrer et sortir des vallees Kalasha nous dumes passer par Chitral ou la longue barbe,crane rase et calot sont de rigueur pour etre conforme a la sunnat(l orthodoxie).Le retour en zone sunnite fut un choc:je revenais de vallees ou la tolerance et la liberte depassent de tres loin n importe quel autre endroit du Pakistan:Les vallees Kalasha.

Les Kalasha ne sont plus que 3000,coinces entre la vallee de Chitral,le Pakhtunkhwa(zones pashtuns) et l Afghanistan.Ils pratiquent leur religion polytheiste unique au monde,au milieu d un ocean de Musulmans qui setend de la Mauritanie au Turkestan chinois. Jusqu a present, c est je crois la societe la plus egalitaire(particulierment entre les sexes)que j ai vu.Les femmes en particulier ont une tres grande liberte.Un exemple parmi des centaines,les mariages ne sont jamais arranges,et une femme peut quittter son mari si elle veut pour sortir avec un autre...personne ne peut l en empecher.(Et en plus,si elle se remarie,la dot versee a ses parents sera le double de celle du premier mariage.) Elles portent des habits tres colores,bourres de coquillages et de perles rouges ou oranges(autrefois,des coraux),et pas de voile mais une coiffe particuliere.

Les Kalasha ont un type physique tres europeen,peau et yeux clairs tres souvent.Ce qui a inspire l idee fausse qu ils descendent des generaux d Alexandre le Grand.En realite c est une branche a part de la grande famille des peuples Indo-europeens. Jadis ils occupaient un territoire qui s etendait sur la majeur partie du district de Chitral,mais au court des derniers siecles les Kho("Chitralis") ont supplantes graduellement les Kalasha jusqu a les acculer a trois petites vallees isolees pres de ce qui est maintenant la frontiere afghane.

Aujourd'hui,ils sont en minorite meme dans ces vallees,et parfois dans leur propres villages(qui ne sont deja pas nombreux)supplantes(envahis,dirais-je meme)par des Chitralis,des Pashtouns,voire meme des Pendjabis...tous sunnites. Cote afghan,c est le Nouristan.Les Nuristanis sont des cousins des Kalasha,qui pratiquaient une religion similaire jusqu a ce qu ils soient convertis de force il y a a peine plus d un siecle.Et comme tous les fraichement convertis,ce sont les plus extremistes. Des Nuristanis s etaient refugie de l autre cote de la frontiere,i.e. dans les vallees Kalasha,afin de fuir les persecutions et de garder leur culture.Ironie du sort,ils se sont peu a peu convertis eux aussi,et ils occupent desormais la partie superieur(la meilleure) de 2 des trois vallees,dont la plus importante,Mamuret(Bomburet).C est ainsi qu a dix minutes a pied des couleurs flamboyantes des Kalasha,on voit des burqa completes,dont les burqa noires,les plus terrifiantes!!! Il y a regulierement des problemes entre Nuristanis et Kalsha,notamment les premiers qui volent des chevres au seconds,ou meme des Nuristanis qui assassinent des Kalasha.

Mais pour moi,le plus insupportable c est la pression etouffante qui pese en continu sur les Kalasha.Dans un pays ou l islam est religion d etat("Republique islamique du Pakistan" est-ce ecrit sur mon visa),ou l Islamiat est une des branches les plus essentielle a l ecole,et ou les professeurs font du proselytisme a des gamins de 4 ans("Tu vois,ton camarade musulman,lui ira au ciel,mais pas toi,toi tu sera mange par les vers..."et autres menaces degoutantes),comment garder ses traditions? Les Kalasha sont cernes de Musulmans sunnites illetres qui chaque jours tentent de les flechir.
Le vendredi,loesque les musulmans sortent du sermon,je voyais la mine desabusee des Kalasha fatigues d avoir encore a subir l instistance des tenants de la "verite" apres le lavage de cerveau hebdomadaire. Car les Kalsha ne sont pas de naifs sauvages qui se "laissent avoir".Ils sont conscients encore plus que moi de la situation qui est la leur,et pour la plupart gardent fierement leur culture.Ils sont loin d etre betes.Pour parler d une autre menace,lors du festival de printemps qui a eu lieu lorsque j etais la,les groupes de femmes qui dansaient en se tenant par l epaule n hesitaient pas a bousculer et a faire voler (en eclats,parfois) les appareils photo des Pendjabis pervers qui venaient prendre des photos a deux centimetres d elles.

Seulement,il y a des failles:On converti de preference les enfants,mais aussi les viellards lorsqu ils tombent malades en les harassant a longueur de journee(en leur disant qu ils gueriraient)... Deja il n y a plus de famille qui n aie de membres musulmans;la vallees de Biriu(Birir),par exemple,n est peuplee que de Kalasha,mais la majorite est deja convertie a l Islam. Le plus triste,c est que l islam que j'ai vu la-bas est d une pauvrete affligeante.Il semble ne garder que les cotes superficiels et/ou negatifs.Cela se borne a se laisser pousser une longue barbe,se raser le crane,aller a la mosquee cinq fois par jours reciter un texte dont on ne connait pas la signification,... et convertir les Kalasha qui restent.


Yarkhun.

Chitral est une vallee qui est entierement fermee par les hautes montagnes de l Indu kush,avec une seule entrée naturelle au Sud, avec l Afghanistan.C est tres artificiellement que le district est rattache au Pakistan, car pour y acceder on doit passer un des nombreux cols de plus de 3000m, comme le Lowari pass en venant de Peshawar, ou le Shandur pass en direction de Gilgit. Cet isolement geographique a contribue a preserver le district de Chitral, mais le Pakistan est en train de creuser un tunnel sous le Lowari pass, ce qui rendra Chitral accessible toute l annee et a quelques heures de Peshawar et Islamabad.Pas besoin d avoir un doctorat en geopolitique pour en deviner les consequences: peu de progres pour la population locale, Chitrali et Kalasha, mais la fin de la quietude: Exploitation massive du bois au profit du Pendjab(L extreme Sud du district de Chitral et les vallees Kalasha sont parmi les seules regions boisees du Pakistan), afflux de Pashtun et surtout de Pendjabi, comme touristes ou installant leur residence secondaire, dont une bonne partie au coeur meme des vallees Kalasha...

La vallee superieure de Chitral est appelee Yarkhun, et sur 150 kilometres au moins, le long de la riviere eponyme, se succedent des villages, taches vert eclatant dans un paysage d une brutale mineralite.Comme a Hunza,Gojal,Chapursan… c est un ingenieux systeme de cannaux d irrigation(grace a l eau de fonte) qui permet de transformer des bouts de montagnes en fabuleux jardins en terasses. La vallee s acheve sur une serie de cols dont certains relient Chapursan, d autres le Wakhan.Le toit du Pakistan! la-bas d autres vallees encore prennent source; l Indu Kush, l Indu Raj, le Pamir, le Karakoram et l Himalaya se rejoignent, et le legendaire Mont Meru, l axe du monde pour 4 religions d Asie, n est surement pas loin!

Avec Federico nous entreprimes de refaire le coup de Chapursan: explorer a pied la vallee de Yarkhun, allant de village en comptant sur l hospitalite des locaux. Ceux-ci sont egalement ismaeliens, mais n etaient pas pour autant aussi chaleureux que Chapursan.En fait,ils avaient l air d avoir tres peur de nous…probablement a cause de nos tetes de talibans.Du coup,a la fin de la premiere journee de marche,nous n avions rien dans le ventre et desesperions de trouver une ame charitable qui nous offrirait le gite et le couvert.Par chance cette ame se manifesta…en la presence d un professeur de l ecole primaire de Khrusg.

Et cahin-caha, nous continuiions notre bonhome de chemin, essayant de trouver des profs lorsqu il etait temps de trouver de la nourriture et un abri, qui etaient toujours ravis de rencontrer de “vrais etrangers”. Il faisait chaud,nous nous retrouvions souvent a marcher lorsque le soleil etait comme un fil a plomb,et l eau de source ne suffisait pas a compenser la deshydratation ,en plus de nous rendre regulierement malade.Pas toujours facile dans ces conditions de profiter du paysage epoustouflant et des gens(qui etaient adorables a partir du moment ou ils comprennaient qui nous etions). Au bout de quelques jours et d une centaine de kilometres, nous etions vraiment lessives.
Encore un dernier jour de marche,mais pas suffisament pour arriver au bout de la vallee,et nous entamions le retour. Comme les autres d habitude nous prenions regulierement le bruit de la riviere pour un bruit de jeep. Plus que jamais auparavant,nous avions cette hallucination auditive, tournions la tete,pour ne decouvrir qu un environnement immobile, et repartir encore un peu plus diminue.C etait mon jour d etre assaili de crampes et de nausees, et un peu de fievre pour couronner le tout(nos metabolismes s etaient apparement concerte pour alterner les jours de maladie -chacun son tour).Nous etions entre les villages de Bang et Power(sic!) lorsque mes jambes ne me soutinrent plus.Tordu de fatigue et de douleur, je me tenais le ventre sur le bord de la piste.Et encore cette impression insupportable d entendre un vehicule arriver… Le bruit de la riviere se faisait de plus en plus oppressant. Jusqu a ce qu on s appercoivent qu une jeep arrivait vraiment!! Elle accepta de nous prendre et de nous ramener jusqu a Mastuj(la ou la vallee de Chitral devient Yarkhun) ou nous avions laisse quelques affaires dans la guesthouse du village.C etait un Australien qui avait loue la jeep (avec chauffeur) pour aller controller des projets d ecoles qu il financait.Tres enthousiaste quant a nos peregrinations,il nous offrit du chocolat que je vomis avec plusieurs litres d eau(profitant d une crevaison).

Apres deux ou trois jours de repos(mais il nous fallut une semaine pour que nous puissions de nouveau appeler “pieds” ce que nous avions au bout des jambes) a Mastuj, nous primes un bus bringuebalant pour Sor Laspur, le dernier village avant le Shandur Pass.Chanceux, on nous invita une fois de plus(le danger dans ces cas-la, c est de devenir blasé),et nous nous rendimes au sommet du col ou se trouve un lac magnifique(refuge a des milliards de moustiques) et des troupeaux de yaks,avant de revenir a Sor Laspur.
Le lendemain nous repassames le col, en bus cette-fois,et en fin d après-midi arrivames a Gilgit.


Gilgit&Naltar

Tandis que Federico monta,en repassant par Hunza,jusqu en Chine,je continuai a voyager un peu dans la region. Gilgit, comme Quetta, est une ville qui ne repose sur rien d autre que des echoppes de bazaar, du commerce assez obscur et beaucoup d illusions.Comme Quetta elle a son caractere mais pas de fond. C est un melting-pot de tous les petits peuples du Nord: Shina et Kohistani aux longues barbes, Gujar nomades, Khowar au nez camu, Burusho qui viennent de Hunza, Wakhi calmes et arrangeants, Balti-pa qui parlent un dialecte tibetain, fiers Pashtun et stupides flics Pendjabi. Le probleme,c est que ce petit monde ne vit pas en paix,les Sunnites zigouillent des Shiites,qui se vengent sur les Ismaeliens ou les Nurbashki,etc.Pour y remedier l etat a installe des bunkers avec un soldat en joue litteralement a chaque coin de rues,et des check-post tous les kilometres.Evidemment ca ne remedie a rien,car c est bien connu plus il y a d armes moins il y a de securite!

Pour retrouver un peu de fraicheur, car Gilgit etait deja trop chaude en ces premiers jours de Juin, j allai a Naltar, une vallee tres proche mais beaucoup plus fraiche.D ailleurs il a plu des cordes en continu lorsque j y etais,et il semblerait que ce climat dure toute l annee.La vegetation,une fois n est pas coutume au Pakistan, est luxuriante.Mais le clou, c est le lac qui se trouve a quelques heures de marche du dernier village:une eau crystalline qui revele un fond aux couleurs psychedeliques: roses,vert fluos… Quant aux gens, ce sont des Shina et des nomades Gujar assez recemment convertis(il y a deux ou trois siecles peut-etre) a un sunnisme stricte,mais heureusement ils ont oublie d etre antipathique!


Swat

En redescendant sur Islamabad-Rawalpindi, j ai bifurque a Besham et entre dans la vallee de Swat, assez fameuse puisque c est un des seuls endroits boises du Pakistan, ou les Cedres de l Himalaya et les Pins pleureurs atteignent jusqu a 50 metres de haut. En ete, des hordes de touristes Pendjabi et de Karachi viennent ici fuir la chaleur qui assome le centre et le Sud du Pakistan.C est une vallee longue et assez densement peuplee de Pashtun (la plupart de la tribu Yusufzai),ce peuple jamais domine, a la structure clanique extremement forte, et tres fier d etre musulman.Ils me font souvent penser aux Corses, notamment de par leur code de l honneur et de l hospitalite(le pakhtunwali), qui se traduit souvent en de sanglantes vendetta, mais qui pour moi presente surtout les avantages de l hospitalite et de leur grande generosite. Les Pashtun sont un peuple que j admire.

La basse vallee de Swat est totalement deforestee, mais la moitie Nord, en amont, est encore tres verte et fraiche. J ai passé plusieurs jours a Madyan, la ou commence la foret. On impose a tous les etrangers une escorte armee pour n importe quel deplacement dans ou autour du village, ce qui ne se justifie absolument pas. J avais echappe a cette compagnie encombrante plusieurs fois en Iran et au Baloutchistan, mais la , je pensais que je n y couperais pas. He bien non, la police a juge que j etais assez “pashtun” pour me laisser vaquer tout seul.

Un important pourcentage de la population de Swat est d origine afghane, refugie du temps de l intervention sovietique; certains ont fait fortune au Pakistan, et maintenant, ils sont parmi les hommes les plus riches de Swat.Alors evidemment…ils restent!

A trois heures en vehicule en amont de Madyan, se trouve Kalam, ou la riviere Swat se forme par la junction de plusieurs petits affluents. La, les Pashtun laissent place aux Kohistani, une denomination qui designe des dizaines de petits clans anarichiques qui parlent chacun un patois different et sont tous tres armes. Mais les Kohistani de Kalam sont plutot calmes. Ce fut encore une occasion de marcher, dans des forets et pres de lacs magnifique. Et quand j etais trop fatigue, il y avait souvent des possibilite d avoir un lift sur un pick-up en se serrant parmi quelques chevres, des sacs de farine et une dizaines de passagers en equilibre instable, tous de tribus differentes(ce qui fait qu ils ne me detectaient pas toujours comme etranger).En cette periode de l annee il y a aussi des touristes Pendjabi qui m ont parfois avance un peu(mais ils sont nettement moins marrants).


Pindi

Pindi(Rawalpindi/Islamabad)… 50 degres.C etait inhumain,et pour rendre la chose encore plus insupportable, l administration pakistanaise atteignait des sommets d inefficacite.

Il me fallait prolonger mon visa, ce que j avais deja fait une fois a Lahore, gratuitement et en une heure a peine.A Pindi,on a commenca par m envoyer de batiment en batiment, de bureau en bureau, ce qui me pris quelques heures, mais personne n etait capable d etendre mon visa ni meme de m indiquer le veritable bureau…jusqu a ce qu ils m annoncent qu il n etait pas possible de le faire a Rawalpindi, il fallait aller a la ville jumelle(et capitale) Islamabad.Le trajet me pris une heure,pour arriver une demi-heure après la fermeture du bureau qui ouvrait de 10h a 11h!Je revins le lendemain,remplis une feuille pour laquelle on me demanda de l argent, attendis…verdict:Allez a Lahore(200kil.)!Impossible, ca n etait pas du tout sur ma route,le climat y etait invivable et c etait le dernier jour de mon visa.-Alors allez au bureau tel-et-tel,dans tel quartier d Islamabad.Ce que je fis,non sans peine pour le trouver, remplis un feuille qui me couta, pour n avoir au final qu un:”revenez dans trois jours”… Finalement on me dit d attendre deux heures et on me le donna le jour meme comme la fievre et le mal de ventre me tirait des larmes(j etais retombe malade,ca arrive une fois par semaine au moins, au Pakistan, et dure quelques jours a chaque fois). Mais les tracas administratifs n etaient pas fini,et j en aurais encore de bonnes a raconter(comme un paquet que la poste accepta d envoyer grace a une autorisation de faire le pelerinage de la mecque…n essayez pas de comprendre) mais ce post va etre trop long.


Peshawar

Apres quelques jours harassant je vins a Peshawar ou je suis encore(mais c est mon dernier jour),afin de profiter de l hospitalite fabuleuse d amis de ma famille…pashtun evidemment. Ici aussi il fait trop chaud, dans les cinquante degres. Mais au moins c est une chaleur seche, pas le sauna de Pindi.Les bazaar de Peshawar sont excellent, le plus fou etant le Karkhano bazaar (smuggler’s bazaar),ou on trouve tout des equipements de l armee americaine au discs de musique pashtun, du toc chinois a la limonade “mega-pack” US, en passant par les couteaux de toutes tailles et meme la “crème a faire gonfler les seins”(sic!).Tout cela dans une mare de barbus,de concasseurs de canne a sucre, de vendeurs de lassi,de mendiants jeunes ou vieux,etc…

Voila, j espere que vous etes rassasie ( mais qu on a evite l indigestion), Je ne vous promet pas un post de suite vu les conditions internetiques,mais je ferai de mon mieux.

Je vais entamer sous peu ma montee vers l Asie centrale,que j espere plus fraiche mais tout aussi passionante. Quattre mois au Pakistan, c etait long quand meme,mais c est le pays le plus fou dans lequel j ai voyage jusqu a present! Quelques mysteres subsistent,le plus grand etant:Pourquoi le vieux papier (par exemple utilise pour emballer) au Pakistan provient-il toujours de journeaux grecques????J ai renonce a comprendre...

Bonnes vacances d ete, et si vous voulez des idees de destinations… !

Bises

Adrien... toujours sur la route apres onze mois de voyage.

16 avril 2006

PHOTOS 2-Turquie

Allez,vous l avez bien merite!

http://www.pinetum.org/voyagegolinelli.htm

(les pages en liens sont des photos d arbres...)

Les huit premieres sont de Grece,le reste de Turquie.Une selection.
Je n ai pas encore pu mettre de commentaire...
A+
Adrien

P.S.Merci pour vos commentaires sur ce blog,dont j ai eu vent mais que je ne peux visualiser car blogspot a ete interdit par le gouvernement paki(un blogger avait eu la bonne idee de mettre les caricatures Mohammad sur son blog.).C est pas grave,continuez...

Vallees (plus tres) oubliees

Salami au loukoums !
Un petit post en direct de la vallee de Hunza !
Mais d abord,un resume de ce qui a precede :

Multan
J ai quitte Lahore trois jours pour Multan et le Sud de la province du Penjab.En trois jours j ai fait essentielement des heures de bus tape-cul,mais le petit detour valait le coup.Multan est la ville reputee la plus chaude du Pakistan,dans une continuation du desert du Rajasthan.La temperature depassait allegrement les 40 degres,ce qui me donnait encore plus de determination a ne plus attendre pour prendre un bon bol d air frais dans les montagnes du Nord du Paki, ce que je fais en ce moment(d ailleurs c est presque un peu trop frais...il gele la nuit.Mais on attend le soleil !!).
La vieille ville de Multan est construite sur une colline que le bazar enrobe en colimacon.J ai marche des heures dans les rues etroites,populeuses,envahies de tissus eclatants,ou la lumiere filtre a travers la protection de fortune,cependant je n ai jamais eu l impression d etre passe deux fois au meme endroit.Soit le bazar etait immense,soit il etait tellement riche que mes sens n arrivaient pas a tout attraper.
C est une ville apparement religieuse,et on voit tout depuis les voiles tenus jusqu a la burka a l afghane.Beaucoup de mosquees assez minables :au Pakistan,mis a part les oeuvres des Mughals(empire musulman d origine mongol qui regna sur les Indes il y a quelques siecles) et les sortes de soucoupes spatiales extra-futuristes de l apres-partition,les mosquees(anciennes ou nouvelles) sont vraiment insipides,des blocs de betons peints en blancs flanques d avortons de minarets(une serie de petits cacas de 50 centimetres de hauts).Rien a voir avec le style ottoman si ideal,precis,et geometrique.Ni avec le bleu et le turquoise perse qui couvre les domes immenses des mosquees Iraniennes.Heureusement a Multan il y a d immenses mausolees souffis que je ne pourrais que mal decrire(donc je m abstiens),dont celui de Shams de Tabriz.Marrant,j ai deja vu son mausolee a Konya.Il est partout lui !
Voyant une belle facade a vieux balcons en bois sculptes,je suis entre et j ai trouve une madrassah ou des gamins annonaient le quran et des femmes dessinaient les arches du batiment.J ai du expliquer a trois barbus plutot sympas que j etais juste venu jeter un coup d oeil,et il m ont carrement fait la visite integral des lieux.Et ca en valait la peine, c etait un ancien temple hindou,vraiment croulant,avec des peintures murales d Anuman le dieu-singe,entre autre.


Uch Sharif
Entre ce village et sa datteraie,trois tombes imposantes,en ruines mais d autant plus belles,avec des ceramiques bleues entres les fines briques.C est un parcours du comabattants pour y arriver,depuis Bahawalpur,puis a pied et auto-stop jusqu a ces mausolees assez caches.

Retour a Lahore
La temperature a grimpe d un coup ici.On vegete la journee en attendant la nuit(qui reste encore trop elevees).Trois nuits,trois nuits souffies ,dont deux ou les musiciens jouerent sur le toit de la guesthouse,rien que pour les voyageurs de passage et pour pas un rond.
La troisieme nuit,je pars derechef pour Islamabad-Rawalpindi,une fois les musiciens partis.J arrive la bas vers 6h du mat.Je pensais pouvoir prendre le bus direct pour Hunza,six ou sept cent kilometres sur la Karakoram Highway,la KKH,qui va jusqu en Chine.Mais pas de chance ,il pleut des cordes et la-bas cela signifie coulees de boues et torrents qui emporte la route.Il faut dire que la KKH,proclamee »huitieme merveille du monde » par ses constructeurs,est une route ou deux vehicules se croisent tout juste,goudronnee certes... la ou la pluis ne l a pas arrachee ou recouverte de gravat.Je tente quand meme d y aller,et avec un Japonais a mourir de rire et francais,on se met en route pour Abbotabad,qui devait se trouver avant la premiere coulee.J en ai assez des grandes villes grises et je veux voir la montagne.Abbotabad est une ville pashtoun et comme partout au Pakistan,on croit que j en suis un.C est vrai que j ai le meme accoutrement et la meme barbe.Quant a Jonathan le Francais,ils sont persuade qu il est Syrien ou Palestinen.C est mieux ca plutot qu ils nous prennent pour des Yankees !

Abbotabad.
Trouve la-bas la guesthouse la meilleur marche de mon voyage :20 roupies(30 centimes d Euro)le lit.Mais a y regarder de plus pres,j atteins la vraiment la limite du supportable :Les draps puent la pissent, la chambre est froide, la porte ne femre pas de l interieur.Avec Kei et Jo,on on se trouve autre chose de plus humain.Le lendemain matin on fait un rapide tour du village puis on repart pour des heures de bus jusqu a Mansehra puis Besham ou on arrive pour la nuit.Toute la journee nous avons vu defiler les forets de pins et les terasses cultivees,mais aussi des villages rases par le tremblemnt de terre.Sur ou dans les restes des maisons,dews tentes bleues flashy a caracteres japonais ponctuent le paysage.Cependanrt les gens vivent,cultivent et reconstruisent deja.Comme a Bam,le traumatisme degoutent les gens de construir en pierre de taille et bois,ils refoulent ces methodes ancestrales dans leur inconscient collectif,et erigent des blocs criards en ciments... (non,plus rien ne sera jamais comme avant ...)

Kohistan
Le paysage change a mesure que l on monte.On prend peu d altitude entre (Rawal)Pindi et Gilgit(qui est cent kilometres avant Hunza),mais la gorge se fait plus profonde,et la foret laisse place a des pentes tres raides,glissantes,vert algue.Des villages nichent sur les alluvions laisses par les affluents de l Indus,qui ici est tout petit.Dans des conditions assez eprouvantes,on atteints Chilas le lendemain.Entre Besham et Chilas,c est le Kuhistan,repute pour l antipathie de ses habitants.Les farouches Kohistani sont de fervents sunnites,et les Bouddhas bi-millenaires tailles dans des rochers a Chilas ont ete vandalises par des Chilasi justement un peu trop fervents...Hem hem.La plaque explicative a carrement ete explosee a la dynamite.
Les regards des Chilasi en disent long sur leur aversion envers tout etrangers.Nous avons quand meme trouve quelques exceptions a la regle,comme ce type qui nous a invite a prendre un chai,et qui a presente quelques membres de sa p’tite famille :il avait 4 femmes,20 garcons et 11 filles.(Il va sans dire que nous n avons vu que des hommes.)

Vallees (plus tres) oubliees
Le lendemain,encore des heures de bus-mixer,entre les eboulements,les camions sur-tunnes qui se doublent a flan de falaise,le chauffeur abruti de Haschish et un paysage lunaire.Peu avant Hunza,je retrouve un bon vieux pote,Arnaud(dit Rahan le chainon manquant).Il a suisvi la meme route depuis Geneve,mais en deux fois moins de temps(4 mois).On pensait se retrouver en Inde ou a Pindi,on craignai meme de se rater.Et voila que je la i retrouve dans un des endroits les plus paume du monde,la on nos bus respectifs s etaient arrete pour une pause casse-croute.Guro Jaglot,que ca s appelait!
On a passe trois jours a marcher autour de Hunza,avant qu il parte pour l Inde et les temperatures infernales.C est qu il est presse,Arnaud! Sympa de s etre retrouve!Bon vent,mec!

Je connaissais la Hunza avant de partir et j etais impatient de la decouvrir :
C est epoustouflant,bien sur.Une vallee large qui monte des deux cotes jusqu a des hauteurs imposantes.On voit certains des plus hauts sommets du monde.De chaque cote de la riviere,des terasses montes graduellement,sur lesquelles s encastre perpendiculairement des centaines de peupliers tres sveltes d un vert tendre.J ai de la chance :Nombre d abricotiers sont encore en fleur.Sur un promontoire,le fort multicentenaire de Baltit,montrant d evidentes influences tibetaines. Il doit y avoir peu de vallees, dans l Himalaya et dans le monde, au tel cachet.
Mais il ya un Mais.Je m imaginais un endroit coupe du monde,un paradis oublie... Mais j ai trouve le pivot de (la modeste,mais existante) industrie touristique Pakistanaise.Et je ne compte pas le nombre d hotel et de guesthouse.Des gamins de six ans me parlent en anglais et comprennent ce que je dis,tandis qu ailleurs des hordes de leurs camarades crient »one picture ! » ou »one rupee !».La moitie des Hunzakut font a la fois du business touristique et cultivent les terasses.Mais lorsque le boom touristique reprendra,nul doute qu ils choisiront le premier !Ils construisent des maisons en ciments,la ou il y avait des habitations de pierre et et de bois,la ou il y avait des champs,ce meme qui faisait la beaute de la Hunza.
J en vient a souhaiter que ces touristes cessent de venir dans la Hunza.Mais c est inexorable.Et le plus tordu,c est que suis aussi responsable,en venant ici,de l agonie de leur cultureLes Burushos sont un reliquat de couches de population d avnt les Indo-europeens, d avant les turcs,les Mongols,une dernier reste des premiers peuples de l Eurasie,dont ne subsite a l Ouest que les Basques. ...Pour combien de temps encore ?
Et je pense au Kohistani qui jettent des pierres aux etrangers...Finalement,qui a raison ??

A bientot.
Bonne vacances de Paques
Et que votre ombre grandisse.

Goli Khan habib-el-donya