11 septembre 2008

l'ecole des fermiers



Depuis Takamatsu, re-auto-stop. En une journee j'ai traverse l'ile du nord au sud. Fraichement retraite, le chauffeur de la voiture qui me prit allait avec voir un barrage dans les montagnes du centre de Shikoku. Pas n'importe lequel, le plus grand de l'ile mais presque completement a sec car l'eau est vendue aux prefectures voisines, plus industrielles et plus gourmande en eau. Ce qui met a jour des batiments engloutis il y a presque cinquante ans. Assez photogenique...

A Kochi, la principale ville du sud de l'ile( d'une grande importance historique mais une des regions les plus idolees du Japon), je dormis dans un cafe internet. Dans les villes japonaises, c'est souvent la solution la meilleure marche. Certains jeunes japonais ont quasiment elu domicile dans ces box etroit mais bourres d'electronique.

Je pris le lendemain la route qui longe la mer(l'ocean pacifique en fait) vers l'ouest. Campagne profonde comme on n'en fait plus beaucoup au Japon. Il faisait une cuite a ne pas attendre sur le bord de la route le pouce leve, mais je perseverai et on me laissa monter. C'etait un ex-pelerin Tokyoite, Nakaji, qui avait elu domicile dans l'ile. Macon pendant 20 ans, il etait venu cette anne faire le fameux pelerinage qui fait le tour de l'ile. 42 jours a pied sur les traces de Kukai, moine qui fonda l'ecole bouddhiste Shingon au 8e siecle.
Ceci accomplit, Nakaji avait commence de prendre des cours dans une ecole destinee a former... des fermiers! Ex-employes d'entreprises, voire businessmen, hommes de toutes extractions et de differentes regions du pays y apprennent a mettre la main a la pate, ou plutot a la terre. Avec un grand serieux, une discipline rigoureuse et souvent une profonde motivation. Certain pousses par une quete spirituelle, d'autre parce que leur parents fermiers sont trop vieux pour continuer leur exploitation, d'autres enfin parce qu'ils ne supportent plus l'asphyxie des villes.

L'ecole est a deux heures de route du premier bourg, autant dire en pleine cambrousse. Je passai la nuit dans le dortoir de Nakaji, sur un tatami(sans futon, c'est rude mais au moins ca maintient droit). Avant ca, nous avions rendu visite a un vieux fermier, professeur a l'ecole de Nakaji, et dont la femme nous avait prepare a manger pour dix. Avec le crissement des grillons qui couvrait le son de la tele, mais pas le rire du grand-pere. Je ne comprenais presque rien a son dialecte, mais il etait assez communicatif pour que ce soit sans importance. La nuit rentrait par les fenetres ouvertes avec tous ses bruitages d'elytres et ses odeurs de verdure, et moi je me regalais de ce moment delectable avec mes deux bavards, prenant des forces pour affronter le lendemain la route qui m'attendait.

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