13 septembre 2008

marcher pour devenir meilleur

Je ne cesse de nourrir un sentiment de gratitude a l'egard des habitants de Shikoku. Je leur dois beaucoup plus que de belles rencontres, un voyage frugal et agreable, et la saveur retrouvee de l'odyssee eurasiatique.
Je leur dois cette fabuleuse densification de la vie. Cette sensation que chaque jour se suffit a lui-meme, plus encore, qu'il est une epopee a lui tout seul.

Finalement, c'est toujours en menant des voyages aux accents ascetiques que j'ai pu etre le plus hedoniste. A vivre chichement, a faire ces quelques privations de confort, sentiment de securite, planification, entre autres, on laisse une porte ouverte aux autres. On sollicite leur bonte et immanquablement on est etonne d'a quel point elle est profonde.


Je n'ai pas eu besoin de dormir dans une crique du cap Ashizuri. Une voiture m'a tres vite prise, et le chauffeur, de conducteur est devenu une personne avec un nom et une histoire, et de personne est devenu un ami. Uwajima, petite ville de l'ouest de Shikoku, c'est la province. La campagne, meme, comparee a Tokyo. Calme, bon marche, exposee au embruns. Mais pas morne pour un sou: Izakaya(restaurants ou on sert beaucoup de petits plats et pas mal d'alcool), snaku(bar,bar a hotesse et karaoke tout a la fois), ryokan(auberge traditionnel, dont les manieres et le style n'a presqu epas change depuis l'epoque d'Edo-il y a 3-4 siecles), le tout dans une ambiance autrement plus conviviale que dans les grandes villes. Bref, je me suis amuse!

Quelques jours apres le cap Ashizuri, j'etais a Matsuyama, de retour sur la cote de la mer interieure. La, j'ai decide de suivre pour de bon le chemin des pelerins. Si la plupart de ceux qui vont de temples en temples sur les pas de Kukai le font par bus en voyage organise, beaucoup le font encore a pied.

J'ai marche jusqu'au temple le plus proche, fait les ablutions rituels, prie devant l'autel principal... transpire sous le soleil de midi, marche, marche encore jusqu'au temple suivant.

Au bout de quelques heures et de trois temples, je suis arrive pres d'une colline boisee au pied de laquelle le Ishite-ji, un temple qui m'etonna par son etendue. J'engageai la converstaion avec un jeune pelerin deja croise juste avant, qui me montra une grotte sacre et des chapelles... en fait il les decouvrait en meme temps que moi.

Il faisait faim, dans un abri de bois ou nous nous arretames pour manger nous trouvames un pelerin qui faisait le tour de l'ile pour la troisieme fois. Lui continuait jusqu'au temple suivant en auto-stop(tiens donc!). Nous deciadames de faire route ensemble.

Pas si facile, l'auto-stop de temple a temple. Tant bien que mal, on arriva au temple suivant. Le jour etait sur sa fin. Apres avoir gravi les inombrables marches sous la voute de micocouliers geants, Koichi, mon compagnon de route, et moi-meme fimes le tour des chapelles. A chaque fois il annaonait des mantras, tandis que je me contentais d'ecouter cette musique totalement nouvelle. Il fit calligraphier son parchemin par un moine avec qui je discutai ensuite.
Dans le vacarme des grillons, a la nuit tombante, nous arrivames au temple suivant. Numero 55 sur la route de Kukai. Mais on ne visite pas un temple de nuit.On se mit donc a la recherche d'un endroit ou dormir.

Dans ce bled, pas d'auberge. Pas plus que d'hotel, rien! Mais debut septembre il ne fait pas encore trop froid. On s'installa dans un parc. Avec toilettes publiques et lavabo, le grand luxe! Je m'installai sur une sorte de plateforme, Koichi dans le toboggan pour enfants. Lui dans un sac de couchage, moi avec le plus de couches d'habit possible. La nuit fut fraiche et piquante de moustiques. Pas trop difficile dans ces conditions de se reveiller a 4 heures du matin pour voir le lever de soleil.

Nous fumes les premiers au temple. Le soleil nous succeda de peu, puis le moine principal qui sonna l'enorme cloche , et vers 5h30 les vieux commencerent a arriver, pour leur priere du matin et pour se retrouver. Premiers ragots de la journee. Surement pas les derniers. Et un calme a fendre les pierres, comme disait Bassho.


Que votre ombre grandisse,
Adrien

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