Merci à tous d'être venus si nombreux mercredi dernier!!
Je vous tiendrai au courant des prochains événements via ce blog. Voici déjà un petit aperçu:
-L'exposition de photos accrochée au Collège Claparède va s'étoffer et migrer vers d'autres horizons.
Le programme est en cours d'élaboration.
-Pendant la première semaine de décembre (normalement), une série de 5 carnets de route japonais que j'ai réalisé cet été sera diffusée dans le cadre d'"Un dromadaire sur l'épaule", émission de la Radio Suisse Romande-La 1ère.
-Une parution est en gestation. Elle verra le jour d'ici la prochaine révolution de Saturne.
-D'autres reportages, expéditions, expos, seront dévoilés prochainement.
Que votre ombre grandisse,
Adrien
12 octobre 2008
À la prochaine fois!
19 septembre 2008
Partager la saveur du voyage
Je me réjouis de tous vous (re)voir à cette occasion!
Pour le plan, cliquez ici!
Les places sont limitées, reservez-en en m'envoyant un email blanc à conference@treenations.org avec le nombre de personnes comme sujet.
Que votre ombre grandisse,
Adrien
13 septembre 2008
marcher pour devenir meilleur
Je ne cesse de nourrir un sentiment de gratitude a l'egard des habitants de Shikoku. Je leur dois beaucoup plus que de belles rencontres, un voyage frugal et agreable, et la saveur retrouvee de l'odyssee eurasiatique.
Je leur dois cette fabuleuse densification de la vie. Cette sensation que chaque jour se suffit a lui-meme, plus encore, qu'il est une epopee a lui tout seul.
Finalement, c'est toujours en menant des voyages aux accents ascetiques que j'ai pu etre le plus hedoniste. A vivre chichement, a faire ces quelques privations de confort, sentiment de securite, planification, entre autres, on laisse une porte ouverte aux autres. On sollicite leur bonte et immanquablement on est etonne d'a quel point elle est profonde.
Je n'ai pas eu besoin de dormir dans une crique du cap Ashizuri. Une voiture m'a tres vite prise, et le chauffeur, de conducteur est devenu une personne avec un nom et une histoire, et de personne est devenu un ami. Uwajima, petite ville de l'ouest de Shikoku, c'est la province. La campagne, meme, comparee a Tokyo. Calme, bon marche, exposee au embruns. Mais pas morne pour un sou: Izakaya(restaurants ou on sert beaucoup de petits plats et pas mal d'alcool), snaku(bar,bar a hotesse et karaoke tout a la fois), ryokan(auberge traditionnel, dont les manieres et le style n'a presqu epas change depuis l'epoque d'Edo-il y a 3-4 siecles), le tout dans une ambiance autrement plus conviviale que dans les grandes villes. Bref, je me suis amuse!
Quelques jours apres le cap Ashizuri, j'etais a Matsuyama, de retour sur la cote de la mer interieure. La, j'ai decide de suivre pour de bon le chemin des pelerins. Si la plupart de ceux qui vont de temples en temples sur les pas de Kukai le font par bus en voyage organise, beaucoup le font encore a pied.
J'ai marche jusqu'au temple le plus proche, fait les ablutions rituels, prie devant l'autel principal... transpire sous le soleil de midi, marche, marche encore jusqu'au temple suivant.
Au bout de quelques heures et de trois temples, je suis arrive pres d'une colline boisee au pied de laquelle le Ishite-ji, un temple qui m'etonna par son etendue. J'engageai la converstaion avec un jeune pelerin deja croise juste avant, qui me montra une grotte sacre et des chapelles... en fait il les decouvrait en meme temps que moi.
Il faisait faim, dans un abri de bois ou nous nous arretames pour manger nous trouvames un pelerin qui faisait le tour de l'ile pour la troisieme fois. Lui continuait jusqu'au temple suivant en auto-stop(tiens donc!). Nous deciadames de faire route ensemble.
Pas si facile, l'auto-stop de temple a temple. Tant bien que mal, on arriva au temple suivant. Le jour etait sur sa fin. Apres avoir gravi les inombrables marches sous la voute de micocouliers geants, Koichi, mon compagnon de route, et moi-meme fimes le tour des chapelles. A chaque fois il annaonait des mantras, tandis que je me contentais d'ecouter cette musique totalement nouvelle. Il fit calligraphier son parchemin par un moine avec qui je discutai ensuite.
Dans le vacarme des grillons, a la nuit tombante, nous arrivames au temple suivant. Numero 55 sur la route de Kukai. Mais on ne visite pas un temple de nuit.On se mit donc a la recherche d'un endroit ou dormir.Dans ce bled, pas d'auberge. Pas plus que d'hotel, rien! Mais debut septembre il ne fait pas encore trop froid. On s'installa dans un parc. Avec toilettes publiques et lavabo, le grand luxe! Je m'installai sur une sorte de plateforme, Koichi dans le toboggan pour enfants. Lui dans un sac de couchage, moi avec le plus de couches d'habit possible. La nuit fut fraiche et piquante de moustiques. Pas trop difficile dans ces conditions de se reveiller a 4 heures du matin pour voir le lever de soleil.
Nous fumes les premiers au temple. Le soleil nous succeda de peu, puis le moine principal qui sonna l'enorme cloche , et vers 5h30 les vieux commencerent a arriver, pour leur priere du matin et pour se retrouver. Premiers ragots de la journee. Surement pas les derniers. Et un calme a fendre les pierres, comme disait Bassho.
Que votre ombre grandisse,
Adrien
11 septembre 2008
Le grand retour
Depuis l'interieur de l'ile, je revins sur les rivages du Pacifique.Une voiture me deposa dans un village du bord de mer.
Devant moi s'etendait une immense plage blanche dans la brume du matin. J'apercevais des surfeurs. Mais je voulais poursuivre, aller jusqu'au cap Ashizuri.
A nouveau, je me plantai au bord de la route et le temps me paru long. J'ai pourtant ameilore ma technique par rapport a l'annee derniere. J'ai les cheveux courts, suis glabre, et je parle beaucoup mieux japonais. Mais je reste un gaijin et cela retient plus d'un Japonais de s'arreter, par peur de ne pas pouvoir communiquer adequatement, voire par honte de ne pas parler anglais. Le temps qu'ils hesitent, ils sont deja loin et se disent que quelqu'un d'autre qu'eux s'arretera. Certains pourtant font demi-tour.
C'est ce qui arriva. Une voiture qui allait dans l'autre sens me cria "we're coming back, wait for us!!!". あれ?英語だろう...? C'etait un couple de Japonais, qui parlaient anglais courrament.Et pour cause, lui avait passe la moitie de sa vie(c'est-a-dire 20ans) a New-York. Il revenait s'installer au Japon, en compagnie de sa fiancee. Elle venait de ce coin perdu et magnifique de Shikoku, qu'elle avait quitte tres jeune pour Tokyo puis les USA ou elle est devenue une photographe connue.
C'est pour rencontrer les parents de sa copine qu'ils etaient venu la.
Les vagues, je m'y enveloppai le lendemain, avec le couple qui m'emmenait en direction du cap Ashizuri. Magnifique plage et temperature ideale. Un pur plaisir.
La route du cap est tortillarde, dans une jungle tropicale preservee. A se demander pourquoi le couple ne s'installe pas la. C'est que lui est osteopathe, revenu au Japon avec l'ambition de faire
Ils me deposerent peu apres le cap, non sans avoir marche au-dessus des falaises, parmi les chaumes des bambous et les crabes ecarlates, dans la moiteur saline.
Le soleil commencait deja a rougeoyer.
l'ecole des fermiers
A Kochi, la principale ville du sud de l'ile( d'une grande importance historique mais une des
Je pris le lendemain la route qui longe la mer(l'ocean pacifique en fait) vers l'ouest. Campagne profonde comme on n'en fait plus beaucoup au Japon. Il faisait une cuite a ne pas attendre sur le bord de la route le pouce leve, mais je perseverai et on me laissa monter. C'etait un ex-pelerin Tokyoite, Nakaji, qui avait elu domicile dans l'ile. Macon pendant 20 ans, il etait venu cette anne faire le fameux pelerinage qui fait le tour de l'ile. 42 jours a pied sur les traces de Kukai, moine qui fonda l'ecole bouddhiste Shingon au 8e siecle.
Ceci accomplit, Nakaji avait commence de prendre des cours dans une ecole destinee a former... des fermiers! Ex-employes d'entreprises, voire businessmen, hommes de toutes extractions et de differentes regions du pays y apprennent a mettre la main a la pate, ou plutot a la terre. Avec un grand serieux, une discipline rigoureuse et souvent une profonde motivation. Certain pousses par une quete spirituelle, d'autre parce que leur parents fermiers sont trop vieux pour continuer leur exploitation, d'autres enfin parce qu'ils ne supportent plus l'asphyxie des villes.
L'ecole est a deux heures de route du premier bourg, autant dire en pleine cambrousse. Je passai l
10 septembre 2008
Petite, petite ile
Takamatsu, la ville ou mon voyage autoroutier s'est acheve, n'est pas une megapole, loin de la. Presque un village a l'echelle de Tokyo.Et pourtant, je n'avais pas envie d'y rester. A peine debarque, j'ai marche jusqu'au port, et j'ai demande a un guichet, sur laquelle des nombreuses iles des environs je pouvais trouver des pecheurs. On m'a repondu "Megi jima, la juste en face" 20 minutes de ferry plus tard j'etais. Un village d'une centaine d'habitants, des maisons traditionnelles(a un etage) entourees d'epais murs de pierres a peine taillees, le port a moitie vide d'un cote et une plage de sable borde de 2-3 minshuku(auberges familiales) flanquees de terrasses de l'autre cote.
J'ai longe la plage, et comme il faisait faim j'y ai demande un bol de nouilles. Pas d'hotes dans l'auberge.Jour de pluie signifie jour de conge sur l'ile.Pour les pecheurs aussi, tous dans leurs masures.
C'est le surlendemain que je rencontrai vraiment les pecheurs de l'ile. L'un d'eux me prit sur son bateau, nous partimes a 4 heures du matin, pour la peche au crabe. Entre la ville de Takamatsu et l'ile Megi... a l'image des insulaires, tous passionnes de leur ile mais souvent contraint de chercher l'avenir ailleurs. Mon pecheur etait un employe de poste retraite, qui avait decide de devenir ce qu'il aimait vraiment, le metier qu'il avait appris enfant par son oncle.
Ses enfants et petits-enfants sont dans les villes, travaillent dans des entreprises, des bureaux, et c'est la vie qu'il le leur a souhaite. Mais lui ne quitterait son ile pour rien au monde.
On ne prit pas grand-chose, mais il m'offrit un tourteau que j'amenai a l'auberge pour le petit-dejeuner. La grand-mere de l'auberge me le cuisina. Je faisait presque partie de la famille(tant et si bien qu'elle refusa l'argent pour les deuxieme et troisime nuits!), que j'avais vu au grand complet la veille. Les deux dernieres generations ont leur coeur sur l'ile et leur moyen de subsistance dans la ville.Ils n'en sont pas malheureux, mais ils ne s'y feront jamais vraiment.
O que je les comprends! Apres trois jours sur cette ile, je n'avais deja plus envie de la quitter!
3 septembre 2008
Faut que j'vous avoue...
Ciao!
Ca fait un bail, hein!
Voila pourquoi, en deux mots...
Juin: Examens universitaires, stress a son comble. Tiens, le stress, je ne connaissais plus, ca! Je m'en serais bien passe, c'etait pas drole. (J'ai reussi, c'est l'esentiel.)
Juillet: Deux semaines en Corse, mon deuxieme chez-soi. Un rituel familial, comme une purification annuelle par le vent iode et le bouquet capiteux du maquis.
Puis quelques semaines a Geneve, qu'est-ce-que ma ville est bonnard en ete, de bleu! Tous les soirs l'embarras du choix pour sortir, le lac gorge de soleil, les cafes sur la terrasse de la Clemence...
Aout: Ah bon, j'ai un blog, moi?
Mais venons-en au fait, voulez-vous! Je dois vous avouer que... -noooon! -siiii! Je suis de retour au JAPON!
Je suis parti le 18 aout, et pour un mois(seulement). En avion cette fois-ci. 12 heures, c'est tellement rapide! La premiere fois ca m'a pris un an et demi.
Arrive a Tokyo avec une valise a plus de moitie remplie de cadeaux a distribuer a mes amis et connaissances. Au bout d'une semaine, je n'avais toujours pas fini la distribution... mais quand meme revu tous mes amis les plus chers, dont mon ex-copine, encore plus belle qu'avant si mes yeux ne me trompent pas... Pas facile de refermer le livre du passe, on a toujours envie d'ecrire encore une page, mais ce ne sera pas ensemble.
Pour fuir ma propre nostalgie des souvenirs de l'annee passee, j'ai quitte Tokyo ou mes reperes affectifs sont tout chamboules, et j'ai attaque le plat de resistance du voyage:
Le Japon en auto-stop! Cette fois-ci, direction Shikoku, la seule region du Japon(avec Okinawa, ou je ne pourrai jamais aller en auto-stop ^^ ) que je n'avais encore jamais foulee.
C'est cent fois plus difficile de sortir de Tokyo que d'y entrer, par ce moyen de transport. J'ai attendu 2 heures sous la pluie, j'ai meme chope une crampe a la main a force de tendre la pancarte ou j'avais inscrit ma destination! Pourtant, j'avais prit soin de m'eloigner de plusieurs dizaines de kilometres du centres et j'attendais pile devant l'entree de l'autoroute.
C'est donc la premiere voiture qui est la plus difficile. Passer ce cap, c'est entrer dans une autre dimension. D'aires de service en stations-essence, j'enchaine les voitures et les camions en restant dans l'univers ferme de l'autoroute, dont la seule maniere de sortir est d'etre pris par un vehicule qui sorte a la bonne sortie. En l'occurence, Takamatsu sur l'ile de Shikoku, a environ 900 kil de Tokyo.
Deux jours de route (une courte nuit dans une voiture qui m'avais prise en stop, sur une aire de service, chacun sur son siege incline) avant de sortir de cette univers.
Je voulais aller voir les irreductibles pecheurs de la "mer interieure". J'ai donc pris le ferry pour un ilot a 20 minutes de la ville. 20 minutes qui separe deux epoques, deux rythmes radicalement differents.
suite...bientot!
A tantot
Adrien
6 mai 2008
Où l'on reparle du barrage d'Ilisu
Il existe sur la Terre des endroits qui sont tellement chargés d'Histoire que les pierre des maisons sont des vestiges archéologiques, qu'un quart des civilisations de la planète y ont laissé leur empreinte, et que la même poussière aété foulée par des hommes des cavernes et par les habitants actuels.
L'un de ces endroits, c'est le village d'Hassankeyf au Sud-est de la Turquie. Lorsque j'y suis passé, en novembre 2005, c'était déjà un lieu condamné, promis à un gâchis certain. Voué à être sacrifié par les promoteurs et politiciens turcs sur l'autel du capitalisme aveugle.
Il s'agit de construction d'un énorme barrage sur le Tigre, un des deux grands fleuves (avec l'Euphrate) de la région. Avant tout pour déloger plusieurs dizaines de milliers de Kurdes en engloutissant leurs villages et les pousser à grossir les bidonvilles des villes de l'Est anatolien.
Ensuite pour capter l'eau des fleuve en amont de la frontière syrienne. Le Kurdistan est le château d'eau du Proche-Orient et la bataille pour le contrôle de l'eau a déjà commencé. Quant à la production d'éléctricité, est-ce vraiment une motivation suffisante pour un pays qui est déjà saturé de mega-barrages, notamment ceux sur l'Euphrate? Une chose est sûr: le projet n'est pas destiné à profiter aux populations locales.
Mais pourquoi parler de ce barrage, un parmi tant d'autres projets destructeurs sur la Terre? D'abord parce que ces sont des multinationales suisses, ainsi qu'autrichiennes et allemandes, qui vont realiser le projet. Et ensuite parce que celles-ci ainsi que la confédération se sont récemment dites outrés de la gestion par les autorités turques en matière d'expropriation des villageois, d'environnement et de présérvation du patrimoine culturel.
Si ces entreprises d'ordinaire assez peu regardante sur les droits de l'homme et sur l'environnement (Le barrage des Trois-gorge n'est qu'un parmi les nombreux projets dans lesquels nos ogres (multi)nationaux se sont deshonorés) s'inquiète aujourd'hui, c'est qu'elles ont fourni des garanties quant aux risques à l'exportation du projet. Autrement dit, elles pourraient faire les frais- au sens littéral-du désastre environmental et social causé par la construction du barrage.
Un rapport paru le mois dernier met en lumière des lacunes énormes dans les mesures "compensatoires" des dégats humains et naturels. La Turquie n'a pour ainsi pas encore fait un seul geste envers les populations, ni aucun effort pour s'ajuster aux normes requises par la Banque mondiale et les industries.
Selon le rapport, il faudrait repousser la construction de plusieurs années. Les centaines de villages promis à l'anéantissement, eux, espèrent son annulation pure et simple. Pour que ce fleuve qui a vu naître la civilisation continue à couler et à fertiliser la pensée des hommes.
Que votre ombre etcaetera
Adrien
1 avril 2008
Giboulées
31 mars 2008
Il pleut aujourd'hui, et c'est vraiment étrange: le 31 mars, ç'est mon anniversaire, et depuis que je suis né il n'a fait mauvais temps que deux fois ce jour-ci. A mon avis, c'est la preuve définitive du déreglement climatique! ;)
21 ans... je commence déjà un peu à sentir les années comme un poids. 20 ans, ç'était rond, ç'était symbolique, c'était l'âge rêvé... il y a même un mot spécial en japonais pour le dire ( hatachi). 21, ca le fait beaucoup moins. Mais trêve de plaintes, car je ne regrette pas du tout la façon dont j'ai employé ces années, et je compte bien poursuivre sur la même trajectoire!
J'ai fêté en famille,comité restreint et à la maison, sans faste. Comme dans la tradition chinoise, j'ai remercié mes parents pour m'avoir donné la vie. La reconnaissance, voilà une des leçons de mon voyage. Et reconnaissant, je le suis sincérement, envers eux et envers tout ce qui, hommes, hasard ou chance, a façonné mon voyage. Avec cette anniversaire, ç'est aussi cette grande aventure que je sens s'éloigner un peu plus.
Que votre ombre grandisse,
Adrien
16 mars 2008
Le sang coule sur le haut-plateau
A cinq mois des jeux olympiques, des soubresauts agitent le Tibet. En ce moment même se trame la représsion la plus sanglante de ces 20 dernières années.
Tout a commencé avec les célébrations du 49ème anniversaire de l'exil du Dalaï-lama, le 10 mars. Une manifestation pacifique fut durement reprimée à Katmandhou, créant la surprise autant que l'indignation. Le Népal qui est une terre d'accueil de nombreux réfugiés tibétains avait jusque là toujours adopté une attitude bienveillante envers les éxilés.
Ce fut ensuite au tour de l'Inde, autre soi-disant protecteur des Tibétains (mais en fait uniquement pour des raisons de stratégie politique) de mater les participants d'une marche tout aussi pacifique à 50 km de Dharamsala. Plusieurs fois ces derniers jours des moines et civils tibétains ont tenté de rejoindre symboliquement la frontière mais ils systématiquement arrêtés par la police indienne.
Et puis, vendredi, la contestation a jailli du coeur même du Tibet. Des manifestants, qu'on dit indépendantistes mais qui pour la plupart voudraient seulement que leurs libertés les plus fondamentales ne soient plus bafouées quotidiennement, se sont rassemblés à Lhassa. Ni une ni deux, la police chinoise a ouvert le feu. Ce seul jour une centaine de personne ont probablement été tuées. Depuis, le voile est tombé et peu d'informations filtrent. Mais assez pour savoir que les manifestations spontanées ont fleuri dans les principales villes du Tibet et qu'en parallèle la répression s'est intensifiée. Les quelques images qui parviennent montre le Barkhor, le centre historique de Lhassa que j'ai arpenté des dizaines de fois il y a un an, jonché de voiture retournée, ses magasins en flamme, tandis que l'envahisseur fait déjà du porte à porte pour punir arbitrairement.
Photos: Le temple du Jokhang il y a un an et cette semaine.
Même le Tibet « hors province autonome » (plus de la moitié du territoire tibétain historique, partagé en différentes provinces chinoises) où l' oppression quotidienne est moins violente, s'embrase. Au Sichuan, au Gansu, près des grands monastères on a tué aujourd'hui même.
« Le Tibet meurt de nos silences » dit un slogan. Les massacres qui sont pérpétrés en ce moment doivent nous rappeler pour de bon que le pire ca n'est pas les morts de ces derniers jours. Le pire, c'est l' oppression latente, continue, quotidienne. La violence de chaque instant, rarement visible mais toujours devastatrice. Tous les petits actes et les plus grands qui rabaissent les Tibétains à un statut de sous-hommes, qui entretient leur misère et leur humiliation.
Je ne crois pas au « grand soir » du Tibet. La question n'est pas l'indépendance, même si elle cristallise le rêve de millions de Tibétains, mais bien celle de droits fondamentaux qui leur sont refusés depuis plus d'un demi-siècle.
Pö rangzen!
Que les dieux vous protègent,
Adrien
18 février 2008
Encore plus de frontières sur la Terre...
Bonjour!
Il fait beau à Genève aujourd'hui, un jour de plus de ce chaleureux "hiver indien". Mais pas un jour comme les autres: Vous vous êtes réveillé ce matin sur une planète qui compte 184 états, un de plus que hier matin. Le Kosovo s'est autoproclamé indépendant et les Balkans poursuivent leur atomisation. Encore un peu plus de frontières sur la Terre, mais en avait-elle vraiment besoin?
Lorsqu'au début de mon odyssé, j'ai traversé deux mois durant les ex-républiques yougoslaves, je n'aurais jamais cru que la prédiction du jeune Petar, 14 ans, Bosno-serbe de Banja Luka, se réaliserait. Il m'avait dit: "Tout est déjà décidé. Le Monténégro deviendra indépendant, le Kosovo aussi, tandis que les Européens et Américains empêcheront La Republika Srpska [république autonome des Serbes de Bosnie] de fusionner avec la Serbie."
C'est exactement la situation actuelle. La prophétie de Petar s'est réalisée.
La revanche d'un peuple
Qu'un peuple longtemps pérsécuté, massacré, bafoué proclame sa liberté est plus que légitime, c'est un événement réjouissant. Nettement moins louable est la facon dont l'UE et les USA ont arbitré. Ils ont poussé à un acte qui malheureusement est illégitime sur le plan du droit. Mais surtout, ils ont été partiaux. Ô combien il est regrettable que les diplomaties censées être les plus rôdées du globe, s'enlisent dans des schémas de "gentils" et de "méchants"! Pour reprendre les mots de Gibran, toute victime porte une part de responsabilité, et tout coupable une part d'innocence. Les meurtris d'hier peuvent être les bourreaux de demain, et la paix à venir ne pourra pas se faire sans les ex-assassins. L' UE et les USA auraient du prendre assez de recul pour discerner les conséquences et se comporter avec assez de neutralité pour jouer les vrais intermediaires. Ils n'ont fait aucun des deux.
A la non-diplomatie européenne, va suivre bientôt des réactions divergentes voire contradictoires: Alors que certains pays parmi les 27 vont rapidement reconnaître le dernier-né des états, certains comme la Belgique, Chypre, la Roumanie ou l'Espagne, risquent fort de manifester leur désaccord, craignant de donner du crédit aux luttes séparatistes (flamande, turque, hongroise, basque, catalane) qui agitent leurs propres nations.
A la lisière de l'Union, des états déjà indépendants de facto voudraient en profiter pour s'émanciper davantage: L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, et encore plus proche de nous mais dont on ne parle presque jamais, la Transnistrie (cap.Tiraspol), séparée de la Moldavie depuis 15 ans. Le président s'appelle Smirnov, comme la vodka, et est un grand ami de Poutine qui pourrait reconnaître officiellement la petite république en signe de mécontentement (Mon pronostic cependant est qu'il ne le fera pas).
Aucun changement de fond...
L'indépendance du Kosovo est-elle si diabolique? Bien sûr que non. En fait, elle va probablement changer très peu de choses à la vie de ses habitants. Et c'est bien là le problème. Avec leur non-diplomatie et leurs préjugés, les 27 sont passés à côté d'une occasion. Une occasion de casser les frontières qui sont dans la tête des gens et entre les peuples, plutôt que de renforcer celle qui existent déjà non officiellement.
Je m'explique. Le Kosovo est de facto indépendant depuis plusieurs année. Depuis les bombardements de l'Otan sur la Serbie en 1999, celle-ci a perdu le contrôle sur cette province qui dès lors survit sous perfusion de l'Union européenne et est gardée par la Kfor. La proclamation n'a rien changé à cela. Le nom de la force armée (le Kosovo n'a pas d'armée) dirigée par l'UE va être modifié, mais l'aide économique sera toujours aussi indispensable qu'avant. Avec 2 millions d'habitants, une économie au point mort et au moins 60% de chômage, le Kosovo n'est pas un état viable en lui-même. J'espère pourtant, avec peu de conviction, que la proclamation va imprimer un nouveau dynamisme économique. Mais je doute que ce pays n'ait de perspective hors d'une profonde intégration à l'Europe du Sud-Est.
...Mais des barrières entre les peuples durablement inscrites
Le Nord du Kosovo est coupé du reste du pays. Personne ne franchit le pont de Mitrovica. Personne,sauf quelques soldats de la Kfor et ces jours-ci des journalistes. Au Nord, on parle serbe, on paye en dinar serbe, et on vit avec les aides économiques serbes. L'integrité territoriale du Kosovo est mal partie. Mais ce n'est pas mon principal souci. Pour moi, le désastre, c'est que les perspectives de rapprochement entre les deux peuples est maintenant nulle pour longtemps. La porte n'était que très faiblement entrouverte, elle semble désormais fermée à double tour.
Dans les petites enclaves serbes du centre et de l'est du Kosovo, on vit littéralement dans des ghetto. Quelques villages sont regroupés autour de monastères orthodoxes du XIVe siècle, les plus anciens de la Slavie du Sud. L'horizon de ses habitants s'arrête souvent à quelques kilomètres des monastères. Albanophone et slavophones vivent ensembles depuis plus d'un millénaire, mais ils ne se parlent plus.
La politique européo-américaine dans les Balkans est une catastrophe depuis le début. En enterinant un découpage géographique en fonction de l'appartenance ethnique- chose impossible dans les faits-, elle cristallise des rivalités qui ont toujours varié en intensité dans l'histoire, mais qui peuvent diminuer drastiquement à force d'effort. La solution de facilité et de reponsabilité minimum de l'UE et des USA est le gage que la crise va durer.
Pour conclure.
Au-delà de la question des Balkans, on pourrait pousser une refléxion globale. Quelle est la priorité? La paix, la préservation de l'identité culturelle, l'indépendance formelle?
Au fil de mon expérience et de mes voyages, j'ai compris que si ces trois revendications se complètent parfois, elles peuvent aussi se contrarier. Des pays ex-colonisés ont graduellement perdu de leur spécifité culturelle en acquierant l'indépendance. La moitié du Tadjikistan vit et travaille à l'étranger pour nourrir leur famille. Ceux-là doivent parler russe ( au moins 95% d'entre eux travaillent en Russie ou dans des pays d'ex-URSS), tandis que les aides à la culture locale et l'éducation sont êxtremement défavorisées.L'un dans l'autre, les Tadjiks semble être plus rapidement russifié et arrive moins à défendre sa culture qu'à l'époque soviétique ou tous l'excellente éducation se faisait aussi en tadjik et la littérature, le théâtre en langue tadjik étaient encouragés.
A l'opposé, certaines minorités ont plus de libertés dans le cadre d'une plus grande nation que seules. En Suisse par exemple, les Italophones des Grisons ont de très nombreux droits et bénéficie de nombreuses subventions pour l'entretien de médias et d'une culture en langue italienne. Globalement, ils sont mieux lotis que s'ils faisaient partie du Tessin (et je ne parle même pas de s'ils faisaient partie de l'Italie!)
Finalement, l'indépendance se fait parfois au détriment de la paix, comme dans les Balkans. Alors qu'une culture particulière ne s'affirme pleinement que dans un environnement stable. Le premier souci des hommes est de ne pas avoir le ventre vide. La préservation d'une culture, d'une langue, d'une identité particulière est une préoccupation de gens déjà rassasié!!!
Si vous avez eu le courage de me lire jusque là, je vous signale que j'ai rétabli l'option commentaire et que si vous voulez me laisser votre avis sur le thème que j'ai évoqué, j'en serais ravi.
Que votre ombre grandisse,
Adrien
7 février 2008
Le cycle du rat
Ciao à tous!
En ce jour de nouvel an chinois (Guonian), tibétain(Losar), vietnamien(Têt) et anciennement japonais(Shogatsu), je vous souhaite amour, sérénité et longévité! Que vos souhaits se réalisent, pourvu qu'ils soient sincères!
C'est le nouvel an tibétain que je vais fêter( avec des amis de la communauté tibétaine de Genève), tout commme il y a un an à Litang( voir post à ce sujet). Ce sera certes moins "exotique" qu'à Litang mais sûrement pas moins authentique et je retrouverai de vieux amis!
Mais là-bas à Litang où le vent des hautes steppes siffle entre les rameaux de genièvre accrochés aux maisons, la répression s'est de nouveau abattue. La pire dit-on de ces vingt dernières années. La fierté des Litang-pa est légendaire et leur renommée dépasse les frontières, et pourtant... l'"exception" du Kham oriental n'est peut-être pas si inébranlable. Ils étaient les rares Tibétains à encadrer des photos du 14e Dalaï-Lama sans avoir à craindre la pire. A vrai dire ce sont eux qui ont toujours été craints par l'occupant!
Mais un moine aurait poussé le bouchon de la liberté trop loin au goût des autorités, et le fragile équilibre qui perdurait s'est rompu: arrestations, tortures, puis manifestations, nouvelles arrestations, réduction des quotas de moines autorisés, manifestations et protestations,
fermetures de monastères, prisons qui se remplissent, prisons surpeuplées... Pour combien de temps la spirale s'est-elle enclenchée? Je prie pour que malgré tout les Litang-pa et tous les Tibétains passent un bon Losar!
En Chine comme au Tibet on entre dans l'année du rat. Il a l'honneur d'ouvrir un nouveau cycle de douze ans, qu'on espère faste. Le cycle qui s'achève a été synoyme de profonds changements, sur fond de tension sociale exponentielle. Tandis que la Chine est devenu la 4e puissance économique mondiale (derrière les USA, le Japon et l'Allemagne), qu'elle s'apprète entre autres à accueillir les jeux olympiques et à inaugurer le barrage des trois gorges, la répression contre les paysans migrants, fuyants les campagne ravagées par les disparités économiques, est de plus en plus violente, et les désastres environnementaux de plus en plus accablants.
Le rat symbolise l'intelligence, l'ingéniosité, l'esprit entrepreneur. C'est aussi un animal qui trouve toujours sa pitance et souffre rarement de la famine. ...Et du froid? voudrais-je demander. Car ce nouvel an et ce nouveau cycle, pour des millions de chinois, commence très mal, les régions du centre étant touché par une vague de froid extrêmement destructrice. Vague de froid qui fait également de nombreux morts au Kurdistan turc, en Iran, en Afghanistan ,au Tadjikistan, au Cachemire,... Autant de pays que j'ai traversé et où se trouve des gens qui me sont chers.
Ces premières catastrophes( je pense également à la chute des bourses) qui ouvrent ce nouveau cycle sont peut-être un signe: qu'il faut calmer le jeu. Faire descendre les tours (économiques), et garder... son sang-froid!
Allez, bonne année à tous!
Adrien
31 janvier 2008
23 décembre 2007
Le ressac
Bonjour, fidèles parmi les fidèles, qui venez encore vous enquerir de moi sur ce blog!
J'espere que vous ne vous vous etes pas trop langui.
J'avoue qu'une fois revenu, il est difficile de tenir un blog de la meme maniere qu'en voyage. Non pas qu'il n'y ait plus a dire: Ma vie ne s'est pas aplanie. Ce n'est même pas une carence d'"exotisme": Rappelez-vous, au Japon je vous ai aussi laissé sans nouvelles pendant longtemps.Non, je crois plutôt que c'est lié au sédentarisme.Ce blog répond d'une pulsion nomade qui me pousse a vous avertir lorsque je change de region, de culture, de province, de langue...
Je suis en vacances depuis aujourd'hui, juste un peu plus de trois mois apres mon retour.Trois jour après être descendu sur le quai de la gare Cornavin et avoir été accueilli par ma famille et quelques amis proches, j'ai commencé l'université, et j'ai vite atteint le niveau de croisière des études en lettres. A Geneve il faut choisir deux disciplines, et pour moi c'était déja trop peu. Dans ces cas-là, avoir le choix c'est être obligé de restreindre sa liberté. C'est peut-etre un lieu commun mais au moment d'etre confronté a ces froids dilemnes, on le sens cruellement.
Le choix fut dur mais je n'en suis pas decu. J'etudie le japonais et la linguistique générale, avec une touche de philosophie et de grec ancien (je me suis finalement arrangé pour faire un peu plus que deux branches).Je viens de finir une batterie d'examens pré-vacances et je me rejouis d'une chose, pouvoir dormir. ...et skier, aussi.
L' adaptation nécéssaire après une si longue absence, s'est faite plus facilement que je ne m'attendais. Les premiers jours ne sont jamais très durs, car on est grisé par le tourbillon des retrouvailles.Le vrai spleen peut venir lorsque cette étape est passée et surtout que l'on sent la routine mecanique resserer son etreinte. Mais j'ai une vision à long terme de ce que je fait et j'arrive sûrement mieux qu'avant à me décoller de la linéarité apparente de la vie d'ici.
Et revenir, c'est souvent pour mieux repartir.Il n'est pas encore temps pour un voyage de la même envergure, mais cela viendra.
Le retour, a vrai dire, j'y avais beaucoup pensé avant qu'il ne se realise.Je m'en rejouissais (sans impatience), je le craignais aussi car je m'imaginais qu'il serait une étape douloureuse, peut-etre une nouvelle grande phase de désillusions. Je parlerais de ressac: Après la vague qui a gonflé, s'est hissé le plus loin possible et a mis toutes ses forces dans une final éclatant, il y a ce ressac qui essore la plage avec un bruit rêche. Il siphone la grève en reprenant au loin nombres de belles images.
Il laisse le squelette du voyage, pur, essentiel.
Après tout grand voyage il y a un ressac, celui-ci n'y échappe pas.Seulement, il se fait plus doucement que je ne pensais et j'arrive bien a l'encaisser. Mieux: j'ai découvert dans le sable des coquillages et des pierres qui commencent seulement à reveler leur valeur.
Genève est fort heureusement une ville métissée et j'ai à qui parler dari, turc, kazakh, bosniaque, russe ou farsi... et retrouver un peu de ces pays qui m'ont habité.
Il me faudra des années pour digérer cette odyssée. D'ici là, il y a plusieurs manières de le rendre. Ce blog pourrait servir de base a un résumé. La crème des ~3000 photos de voyage parlent d'elles-même.Quant à rassembler les anecdotes les plus captivantes, c'est une possibilité non moins valable. Cependant j'ai l'intuition que ce voyage ne s'achevera qu'avec un livre. Une oeuvre dont chaque couche se dépose lentement, imperceptiblement, produit de la "deuxième distillation". Un travail d'une vie.
Ca n'est que le début du voyage. Il reste encore tellement a découvrir sur la grève d' Ulysse.
Que votre ombre grandisse
Adrien
17 septembre 2007
Les 777
Adrien, de retour a la maison apres 777 jours de voyage.
L'Odyssee Eurasiatique aura duré plus de deux ans, du 28 juillet 2005 au 13 septembre 2007.
Apres 12'000 kilometres de train a travers la Russie, l'Ukraine, la Pologne et l'Allemagne, je suis arrive jeudi soir au coucher du soleil a la gare de Cornavin ou m'attendais ma famille et certains de mes amis.
J'ai pose mes bagages pour de bon et ai retroussé mes manches pour construire ma vie ici.C'est ce matin que je commence l'Université, dare-dare.
Ce blog va continuer, pas en tant qu'informateur en temps reel, mais comme resumé de voyage: Je vais ajouter de nombreuses photos, corriger les textes (que j'ai pas relu en regle generale), et certains post inedits pourraient meme apparaitre parmi les autres!
Alors a bientot, sans faute!
Adrien
10 septembre 2007
Derniere ligne droite
Bonjour!
Moscou, fin de l'ete, 8 degres.
C'est long, la Russie!Grand,oui, mais surtout long,long, long.Comme si on avait etire ce pays indefiniment.La Siberie, ce sont des villes en ligne droite espacees par des centaines de kilometres, eparpillees sur la mince frange de terre vivable entre Les steppes mongoles et kazakhes et le permafrost.Passe l"Oural, on revient dans la troisieme dimension.Villages, forets et champ a la terre tres noire ondulent sur les collines pre-ouraliennes.Je me suis arrete dans la campagne de Mordovie, une des republiques de cette region, dire bonjour a une amie de la-bas et gouter-quoique brievement- a l'hospitalite russe.
Il me reste encore un petit bout jusqu'a la maison mais j'ai deja fait le gros du chemin depuis le Japon!En train, en platzkart plus exactement.C'est la troisieme classe, des wagons-lits sans compartiments."une grande famille" disent les Russes eux-memes.Il faut bien passer le temps et ils banquettent comme au reveillon!Sortent de leurs bagages des poissons fumes, des litres de bieres, du pain, des saucisses, du fromage, des crepes, et festoient en s'invitant parmi jusqu'a la nuit et la distribution de draps propres et de couvertures.
Les Russes voyagent enormement en platzkart mais les tourites etrangers assez peu.Pour ma part, a chaque voyage c'est pareil.La moitie du wagon me torpille de questions. ...et l'autre moitie ecoute. Et a la fin du voyage tout le monde connait ce Suisse un peu fou qui voyage depuis deux ans...
Moscou ne parait pas tres conviviale apres des jours de platzkart.Du beton partout.Les magnats font construire des tours au milieu des deja omnipresents batiements stalinistes, monstres qui semblent melanger neo-gothique et style victorien, emblemes communistes geants en plus.Les voitures, chars a boeufs americains a cote de jiguli sovietiques roulent comme sur un rally partout dans la ville. Mais bien que la ville ait l'air d'une piece trop grande et difficile a chauffer, les Moscovites la rende eminement vivante!
J'embarquerai tres bientot pour la derniere ligne droite, en train toujours.arrivee a Geneve prevue le 13 au soir... Je me rejouis de tous vous revoir!
Adrien
4 septembre 2007
Le train sans fin
Bonjour!
Entre deux correspondances, juste un mot pour vous dire que je suis a Irkustk en Siberie orientale.
Il fait beau et je me suis baigne dans le Baikal, plus profond lac du monde(1600m) et pas le plus chaud.Pour tout dire ce fut... vivifiant!
Depuis Sakhalin (5h.de bateau depuis Hokkaido), ou j ai passe ma premiere nuit en Russie - ce qui fut un petit choc car je n'avais encore jamais connu deux endroits si proche(Hokkaido et Sakhalin) et si differends, tant au niveau des gens , des coutumes, des manieres, que des infrastructures et du mode de vie - , je pris un ferry pour rallier le continent(16heures cette fois-ci), en compagnie du Slovaque Peter, puis pris le transsiberien jusqu'ici.
Dans moins d'une heure je prends le train qui me fera passer de l'autre cote de l'Oural dans 4 jours.
A bientot, j'ai envie de dire, "de plus en plus"!
Bisous
Adrien
27 août 2007
Confins
Wakkanai, 27 aout
La nuit est deja tombee et je suis dans un cafe internet-manga-karaoke pour vous ecrire une derniere fois depuis le Japon.C'est dans ce genre d'etablissement que vit la "generation perdue".Les enfants de la recession economique japonaise, passant d'un petit boulot mal paye a un autre, gagnant juste assez pour manger dans des fast-food et dormir dans ces cafes internet qui fournissent meme des petites chambres avec futon, ordinateur et lecteur DVD, pour moins cher que n'importe quel hotel, meme les "capsules".Mais c'est d'autre chose que je voudrais parler.
Depuis Asahikawa nous avons eu la chance d'etre rapidement pris en stop par un Japonais qui allait jusqu'a notre destination, Wakkanai, la ville la plus au nord du Japon dont le nom signifie "je ne sais pas".
Apres quatre heures de route nous avons dormi une nuit dans une modeste guesthouse pour bikers tenu par une grand-mere energique, et le lendemain avons pris le ferry pour la fabuleuse ile de Rishiri, a mon gout le pendant septentrional de la non moins fabuleuse Yakushima.C'est aussi une ile-montagne, cree par un volcan qui pointe encore a 1721m. et s'evase largement a la facon d'un petit Fuji.Pour la drniere nuit ensemble nous avons pris une chambre dans un ryokan(hotels traditionnels japonais).Nous avons marche sans rencontrer personne (mais en croisant des papillons geants-on dirait des oiseaux) pendant trois heures dans la dense foret semi-boreale, avant de se baigner dans la mer, puis de se rechauffer dans l'onsen.
Un endroit magique que nous avons quitte ce matin,sous un soleil resplendissant aujourd'hui encore(mais avec des temperatures bien plus agreables que les 35 degres de Tokyo).
Elle est rentre a Tokyo. Mon bateau, lui, partira demain.
C'est ma derniere nuit au Japon ou j'ai passe un demi-annee passionante, ai beaucoup appris et je l'espere suis devenu encore plus humble.Je reviendrai ici, je le sais, comme je retournerai en Afghanistan (Le Japon risque fort de passer avant d'ailleurs).Je cherchais tout a l'heure un endroit ou manger mon dernier repas au Japon: "Pourquoi pas de consistants ramen de Hokkaido? ...Ou alors des sashimis, que je ne trouverai plus avant un temps certain.Oh et puis finalement, des soba ne me feraient pas de mal!" Mais dans une ville de province japonaise, on ferme tot!Je n'etais donc plus en quete que de nourriture lorsque je questionnai un groupe d'autochtones qui profitai de ce soir d'ete dans la rue animee de Wakkanai (cent metres de gargottes aux signalement obscur).Ils connaissaient bien un endroit ou manger: c'etait là, devant moi,devant eux - si j'etais mystique j'aurais appele ca une metaphore du zen.
C'etaient des grillades de poissons et coques pechees du jour qu'ils preparaient devant leur maison.Ils eurent ce style sans ambage du Japonais qui tout en gardant la distance requise par la politesse, ne laisse pas le choix a l'invite.Et puisque je devais manger, je le fis et de bon coeur.En retour je leur devoilai un peu la maniere dont moi, le Suisu-jin, j'etais arrive jusqu'a ce bout du monde du bout de l'Asie.Entre une gorgee de biere et une bouchee de poisson, entre une question et un eclat de rire, bribes de vie, tranches d'un periple qui va bientot s'achever.
Demain je quitterai l'archipel en ferry pour debarquer sur l'ile russe de Sakhalin.Je releve le defi de rentrer a Geneve sans avion,faisant en moins de deux semaines la distance que j'ai mis un an et demi a parcourir!
A tres bientot donc.
Bien a vous tous,
Adrien
24 août 2007
Hokkaido
M'y volia enfin, a Hokkaido, deuxieme plus grande ile de l'archipel et vraiment unique: On ne s'y trompe pas, a ecouter les gens comme a admirer le paysage, c'est un autre Japon-pas completement japonais,ou plutot pas depuis longtemps-, que voila.
Pour gagner du temps car il commence a se reduire, j'ai pris le shinkansen jusqu'au bout de Honshu.,traversant en deux heures quarante le Tohoku que j'avais mis deux semaines a parcourir au debut de ce mois.
Pour atteindre Hokkaido j'ai pris un train qui passe dans un tunnel sous la mer(ce serait plus interessant si on pouvait voir au travers mais la technologie n'en est pas encore la), et suis arrive a Hakodate en fin de journee.La, une amie japonaise m'a emmene chez elle, un peu dans la cambrousse(Hokkaido est heureusement tres peu urbanisee, ce qui est unique au japon).C7est la-bas que j'ai goute l'umeshu le plus fort qui m'ait ete donne de boire au Japon.Le lendemain matin nous sommes parti faire le tour du magnifique lac d'Onuma (je vous promet des photos des que je pourrai) pres duquel se dresse un jeune volcan pas tout-a-fait eteint.
Le meme jour j'ai avale des kilometres en train puis me suis decide a essayer l'auto-stop au Hokkaido, le but etant le mythique cap Erimo.Une premiere voiture me prit pour quelque kilometres, puis je recommencai a poireauter au bord de la route.Comme personne ne s'arretait, je mis mon chapeau de moine errant, me disant pouvoir toucher la corde bouddhique qui subsiste chez beaucoup de japonais.
Ca ne rata pas, une voiture s'arreta.C'etait une grand-mere foldingue qui apparement m'avait choisi pour soulager son imminent besoin de parler et dare-dare deversa sur moi un flot ininterrompu de paroles dont je ne compris presque rien,sauf qu'elle se plaignait,plutot grossierement,que sa destination etait trop lointaine.J'acquiescais docilement, etant redevable.A la tombee de la nuit nous arrivames a Shizunai, ancien village ainou devenu en ce XXIeme siecle un ville de pachinko et station-services.J'etais plutot content de debarquer car l'ancetre conduisait comme une deratee et avait deja rogne la carrosserie plusieurs fois contre le trotoire.
Je me trouvai une minshuku (pension de famille) bon marche et jugeant que le futon n'avait apparement pas ete lave depuis sa confection, sorti mon sac a viande(= fin sac de couchage en coton) pour la premiere fois depuis la Chine.Ca n'arrangea pas l'odeur de la piece mais au moins j'avais la satisfaction de dormir dans ma propre crasse, ce qui est toujours mieux que celle des autres.
Il plut le lendemain et je pris le train et le bus pour atteindre le cap Erimo et rendre un derniere hommage a Bouvier qui passa par la il y a un demi-siecle.Erimo: "cap" en langue ainou(en fait "Eirunmo", japonise).Je ne connais aucun endroit au monde qui ne soit ausi parfaitement un cap.Une pique aiguise qui file dans la mer, prolongement de deux cotes d'une centaine de kilometres de long, soulevees par la chaine des Mts Hidaka.
Pas plus d'ainous la-bas que dans le reste de Hokkaido.Ils n'ont pas completement disparu, mais leur heritage est disperse: le sang ainou, melange au nippon, coule dans les veines d'un million de Japonais, la riche culture ainoue est releguee dans les musees, et la langue, que seuls 20 personnes connaissaient encore en 1990, se retrouve dans 95% des toponymes de Hokkaido.
De reour du cap, je retrouvai en fin de soiree a Obihiro ma copine qui elle avait pris l'avion pour me rejoindre.Mais fini le temps des escapades de deux-trois jours depuis Tokyo, en voiture(la sienne) ou shinkansen et dormant dans des ryokan.Je ne travaille plus et suis de nouveau un miserable vaguant, pour mon plus grand bonheur.Nous menons donc ensemble notre route de "bimbo ryokosha"("voyageur pauvre").
Le lendemain apres etre sorti de la ville en bus, nous commencames a faire de l'auto-stop en direction du massif montagneux des Daisetzuzan.Je pensais qu'en couple ca marcherait mieux, mais personne ne s'arreta avant une bonne heure.C'etait un groupe de jeunes qui allait jusqu'a Asahikawa et nous deposa dans le bled alpin de Nukabira.La pluie nous accueilla.Nous entrames dans une pension qui etait ouverte mais deserte, s'affalant sur les canapes en attendant que quelqu'un vienne, ce qui n'arriva pas .J'aurais pu dormir gratos dans cet hotel desert mais merveilleusement propre, mais pas assez filou pour ca, nous trouvames ailleurs a manger et un toit: dans une "rider's house", guesthouse bon marche specialement pour motocyclistes, qui sont tres nombreux a Hokkaido puisque c'est le seul endroit au Japon ou il y a de longues routes sans peages ni traffic.
Le lendemain, re-auto-stop et un camionneur tres sympa nous emmena jusqu'a Sounkyo, toujours dans les montagnes.Nous attendimes le lendemain(aujourd'hui) pour gravir la montagne,un vrai paradis sauvage avec une vue a couper le souffle.
C'est la directrice de l'ecole primaire de Sounkyo qui nous a prit jusqu'a Asahikawa, a trois heures de la.Comme elle s'arretait a Kamikawa, nous en profitames pour gouter ses ramen (nouilles d'"inspiration" chinoise avec une rondelle de porc et des pousses de soja, le tout baignant dans une soupe miso) fameux dans tout le Japon.On tombait bien, arrivant a dix minutes de l'ouverture du festival annuel des restaurants de ramen de kamikawa(sic), qui pour l'occasion avait plante leur tente dans un parc du village.En habit medieval, les tenanciers improviserent une chanson avant de distribuer des bols de ramen pour un franc.S'ensuivit des degustations de sake et des varietes locales de tomates... un petit air de Suisse!
Etonnant Hokkaido!
A bientot
Adrien
18 août 2007
Auto-stop au pays Nambu
9 août 2007
Le fond de la route
Il n'y a pas si longtemps, cette endroit au denses forets peuplees d'ours, loups et animaux endemiques de l'archipel, etait considere comme une extremite lointaine, fraichement conquise aux "barbares"(Ainous en l'occurence, et pas barbare pour un sou,mais qui eurent le malheur de ne pas etre japonais) et ou des Shogun rivaux guerroyaient.
Je me suis aussi essaye aux percussions...
31 juillet 2007
pendant ce temps-là...
Pendant qu'ici je me prepare a quitter Tokyo (des que j'aurai recu ce +%&/=*+% de visa russe), je garde un oeil sur les pays par lesquels je suis passe.J'aurais voulu dresser un apercu de quelques uns de ceux-ci en ce moment...
Le Pakistan semble etre devenu plus dangereux depuis la fin du printemps.Avec l'eviction du president de la cour supreme par le general Musharaff (qui est a la fois chef de l'etat et chef des armees), et plus recemment le combat pour le controle de la Mosquée rouge (fief des talibans pakistanais, au coeur de la capitale), les tensions latente entre Islamistes, opposition et gouvernement, ont dégénéré en violences.
Traditionnelement le Pakistan est un pays ingouvernable et ingouverné.Même des régimes a poigne comme ceux de Zia ul-Haq ou Bhutto n'ont jamais eu qu'un pouvoir superficiel sur cette société fractionnée en ethnies rivales (Pendjabi, Pashtouns, Baloutches, Sindhi,etc.) et confessions divergentes(Chiites,Sunnites,Ismaeliens), differences exacerbées par une structure tribale.
Apres la Somalie et l'Afghanistan, c'est probablement le pays au monde ou l'etat a le moins de pouvoir.Mais les Pakistanais se gouvernent bien eux-meme, d'ailleurs ce ne sont pas les lois qui manque, entre le code tribal et les regles religieuses.Si Musharaff est plus faible que jamais, aucune des nombreuses oppositions n'a la capacite de le renverser ni le soutien de toute la population.Depuis presque quarante ans une alliance tacite entre islamistes et armée constituait le veritable 'etat' pakistanais.Musharaff vient de tenter de divorcer des Islamistes et ces derniers montrent qu'ont ne peut se separer d'eux si facilement.
Des attentats, il y a toujours eu.Generalement aux memes endroits:Quetta et le Baloutchistan, Karachi, Peshawar, Gilgit... Ils sont plutôt sporadiques et généralement de faible ampleur.Il y en a simplement plus maintenant, qui tuent plus de gens.
Ce n'est ni le debut d'une guerre civile, ni l'aube d'une revolution islamique.La population reste extremement accueillante, a l'hospitalité inégalée, calme et tolérante envers l'étranger.Le seul risque qui existe pour un voyageur au Pakistan est la deveine d'être au mauvais endroit au mauvais moment(i.e.sur touche par un attentat) et ce risque vient d'augmenter legerement... Sans changer tellement la vie des gens.
Je retournerai toujours aussi volontiers dans ce pays passionant!
Afghanistan
Le seul pays de mon voyage que je considere comme dangereux.Le risque est reel,puisque celui d'un pays en guerre.La mobilite dont jouit le voyageur l'aide grandement.Surtout, un voyageur a l'avantage de ne servir les interets d'aucune partie.Encore faut-il faire comprendre aux Afghans que l'on est ni un espion, ni un volontaire d'ONG, ni un combattant islamiste(ni un soldat de la coalition), car comme 99% des etrangers en Afghanistan rentrent dans ces categories, il en est plus d'un Afghan qui est sceptique face a quelqu'un qui se pretend voyageur.
Une fois ce cap passe, il sont magnifiques, donnent tout alors qu'ils manquent et font honneur au pashtunwali(code moral et tribal) et au dicton:"la premiere fois,[tu es] un ami, la seconde un frere" illustration de l'hospitalite afghane.
La vrai menace qui pese sur un voyageur -comme sur n'importe qui,afghan ou etranger- est l'instabilite d'un pays quasi-sans etat agite par la guerilla.Concretement, cela signifie bandits de grands chemins, voleurs, kidnappeurs mafieux[sans motivations religieuses],etc.Ce sont eux qui presente un danger, car prets a tuer pour un peu d'argent.
L'avenir de l'Afghanistan n'a pas l'air de s'eclaircir tellement.Il semble que les seigneurs de la guerre, les politiciens corrompus(a un point affolant!!) et les talibans soutenus par le Pakistan ont encore de beaux jours devant eux.Et donc que le peuple va encore ramer un moment.
C'est le 9 aout que s'ouvre la jirga(conseil tribal) de la paix (peace jirga) a Kaboul. 700 chefs tribaux et clercs de deux cotes de la frontiere afghano-pakistanaise vont se rencontrer pour discuter de la lutte contre les talibans et des perspectives de paix.Il y a peu de chance que cela fasse changer la situation,vu la mauvaise fois du gouvernement pakistanais(Musharraf boude la jirga) et le niveau de delabrement de l'etat afghan du a la corruption.
Tant qu'il n'y aura pas une volonte reelle des pays alentours et des grandes puissances de changer la donne, l'equilibre instable et plutot malsain qui prevaut actuellement en Afghanistan et au Pakistan perdurera.
Turquie
L'AKP, parti "islamiste modere", opportuniste comme tous,a recemment rafle la majorite au elections legislatives anticipees.L'elite laique craint pour le statut de pays musulman moderne/europeanise de la Turquie, mais la majeur partie de la classe moyenne, qui se reislamise depuis quelques annees, soutient toujours autant Erdogan, actuel premier ministre qui pourrait briguerla presidence.Et c'est la la crainte de ceux attaches a la laicite et aux valeurs kemalistes: Si la presidence est une fonction essentiellement symbolique, elle permet le veto contre les decisions du parlement.Nombre de lois "delaicisantes" ont ete empechees par le president,un kemaliste convaincu.Son mandat est arrive a terme et l'AKP tente de faire passer Erdogan ou son bras droit, Gul.Cela avait cree une crise politique de grande ampleur, manifestations monstres pour defendre la laicite et menaces d'interventions de la part de l'armee.Raison de ces elections.Il a reussi son pari de garder(et meme consolider) sa majorite:47%, cela a de quoi refroidir les militaires.mais il ne faut pas se leurrer: l'AKP qui a gagne, ca n'est pas le parti islamiste que l'on croit, mais un parti devenu de centre-droite pragmatique et affairiste.
16 juillet 2007
Typhons etcaetera
Bonjour!
Apres une periode de lethargie qui j'espere ne vous a pas desespere, le blog du voyage de Goli continue!
Ici toujours le pays du soleil levant,ou j'arreterai bientot d'enseigner pour profiter du delai que me laisse mon visa et voir du pays.Debut aout je quitterai Tokyo et remonterai petit a petit le Nord de l'archipel.Depuis l'extremite septentrionale de Hokkaido(la grande ile duNord du Japon),j'espere attraper un ferry pour l'ile russe de Sakhaline,juste en face.Depuis la il s'agira de rallier un arret du Tanssiberien pour traverser les immensites de la taiga en train jusqu'au continent europeen et la Suisse,ou il faudra que je sois de retour a la rentree universitaire(mi-septembre).
Avec beaucoup de retard, la saison des pluies est enfin arrivee.Ces deux dernieres semaines il a plu presque tous les jours.Une pluie tenace,drue,obstinee.Une pluie faite de petites gouttes raides et groupees serrees, martelant sans relache des heures, des jours durant.Autant j'aime une grosse averse dans la campagne,qui gorge la terre et remplume la verdure,autant la pluie dans la ville me laisse un sentiment de gaspillage, un choc entre deux mondes incompatibles, puisque la ville est trop rigide et lisse pour acepter que l'eau du ciel la feconde.
Mais a Tokyo la pluie est quand meme salutaire,car elle tasse le smog permanent.Il arrive alors que l'on apercoive,pendant une des precieuses accalmies,un coin de ciel coeruleen,vision si rare au Japon ou il tous les jours il est blanc et opaque.
Avant-hier le typhon Man-yi a racle l'archipel du Sud au Nord.Blessant quelques personnes a Okinawa,tuant un enfant sur l'ile de Kyushu,et progressant sa course a plus de 216km/h. vers les 30 millions d'habitants de l'aglomeration de Tokyo.Ce fut d'abord une pluie plus intense que jamais, a un point qui m'etait inconnu jusque la.En fin de journee elle cessa en laissant quelques nuages eparpiles.Bientot un vent horizontal les souffla puissament.Il semble que le typhon avait pourtant perdu de sa puissance et il ne provoqua pas grand-chose de plus que de nombreuses coupures d'electricite dans toute la ville,notamment dans mon quartier ou les sirenes des reparateurs de lignes retentirent jusque tard.
Le soleil est de retour aujourd'hui mais ce matin je fus reveille secoue comme un poirier.C'etait un tremblement de terre.J'en ai deja senti plusieurs legers au Japon, ou on enregistre des centaines de seismes de faible intensite chaque annee.Mais cette fois-ci ce fut presque inquietant.L'epicentre a beau avoir ete a 250km au Nord de Tokyo, 6,8 sur l'echelle de Richter ca n'est tout de meme pas rien(bilan:sept morts et 700 blesses dans les prefectures de Niigata et Nagano).Plus embetant, ce fut proche de la plus grande centrale nucleaire du Japon(Kashiwazaki-kariwa), dans laquelle un incendie s'est declare,liberant des substances radiactives dans la riviere, danger mimimise par les autorites dans un prompt communique.
Quelques photos:
http://www.lemonde.fr/web/portfolio/0,12-0@2-3216,31-936047@51-935738,0.html
C'est ca aussi, le Japon.Une nature qui sans cesse rappelle qu'elle est indomptable, malgre l'obstination des Japonais a la recouvrir et a l'etouffer sous le beton.Ca fait peur mais parfois ca fait du bien aussi.Comme un sentiment d'etre sur une terre vivante,pas dans un monde hermetique de beton et d'acier.
A bientot,
Adrien
14 mai 2007
Omatsuri
Je me suis dit,"pourquoi pas",et a 9h30(du matin),nous arrivions a l'un des petits stands d'ou partirait une proccession.Je fis connaissance avec des amis de ma copine prenant part au festival.Dix minutes plus tard, nous nous etions nous aussi en costume d'omatsuri!Les idees encore dans le vague et le ventre presque vide,il me fallut un temps pour saisir que nous n'etions pas venu en simple spectateur(Elle,le savait bien).Ce qui rendait la chose beaucoup plus excitante.
Rejoignant le reste du chome,dans la rue ou les joueurs de percussion se syncronisaient sur leurs chariots,les "maitres" de quartier lancaient leur derniere harangue et les hommes en pagne buvaient deja,on me distilla quelques informations. ....
Le dai-ji de Kanda est comme son nom l'indique l'un plus grands sanctuaires de Tokyo.Son festival a lieu une fois tous les trois ans,remplissant tout une partie de Tokyo d'une foule effervescente.
D'abord tirant avec d'autres la longue corde d'un chariot(exercise peu fatiguant auquel des enfants participent souvent),je changeai bientot d'habit pour rejoindre le groupe des porteurs d'autel.C'est tres lourd et en plus il faut le faire balancer.Tout est une question de rythme:plier le genou tous en meme temps,faire les pas
A bientot...
Adrien
11 mai 2007
Au sud du printemps
Ici Tokyo.Sous les bourrasques,le soleil... ou les averses.Difficile a dire parfois si c'est l'hiver qui se rappelle a mon souvenir ou la mousson qui donne un avant-gout de ce qu'elle réserve.Pourtant il y a eu un printemps,furtif et délectable.J'ai tardé a vous le conter.
J'étais alors pour quelques jours dans le Kansai,région historique du japon s'il en est.A Kyoto,l'ancienne capitale,les sakura insufflaient un gout d'ether au travers des charpentes massives des temples.Fragiles pétales pastels coté du brun doré de futs patinés.Du hinoki de Nikko,du sugi de Mie...
A arpenter Gion,le quartier des geiko(geisha diriez-vous) parseme d'immenses pagodes et de temples bruts et raffines a la fois, on est transporte dans une autre epoque.Mais comme,disons Khiva,c'est surfait.Trop lisse pour etre vrai.J'exagère peut-etre car les japonais ont toujours eu(ou depuis quelques siècles au moins) une passion maniaque pour la perfection,pour le détail...Les batiments étaient surement pareils il y a un siecle.Seulement,les bruits d'appareils photo ont remplacé ceux des cloches des moines mendiants et les rabatteurs pour restaurants chics se sont subtitués aux vendeurs a la criée.
Kyoto n'en reste pas moins la ville la plus passionante du Japon,et le Kyomizu-dera sous une pluie de sakura,on s'en souvient toute sa vie!
A Nara,plus au Sud,qui fut aussi capitale(au 8eme siecle),ambiance plus posee.C'est peut-etre la proximite de la montagne(ou la pluie,ce jour-la) qui attenue la frenesie touristique.J'ai trouve le tampon du temple todai-ji tellement beau que je l'ai plante dans mon passeport,entre visa afghan et japonais.On verra bien ce qu'ils disent a la douane... Dans la forêt primitive de la montagne, les chemins se croisent qui mènent a des sanctuaires ermites aux torii rouges laqués,parfois gardés par un gingko seculaire.
Si les retraités aventureux ne sont jamais tres loin sur le chemin de l'arbre géant, les animaux sauvages sont omniprésents.On dit dit de Yakushima qu'il y vit 30000 humains,30000 daims et 30000 singes!Mais aussi pleins de tortues sur les plages, des pintades sur les sommets, de grands rapaces, et des poissons en abondance grâce à la position unique de Yakushima, à la comissure des deux courants majeurs du Japon(celui dela mer du japon et celui de l'Ocean pacifique).